Al-darb Al-Ahmar, l’une des plus anciennes régions du Caire historique, compte près de 67 monuments remontant à l’époque islamique. C’est là qu’opère la société
Agha Khan pour les services culturels depuis presque 20 ans. Au cours de cette période, la société a installé le jardin d’Al-Azhar et restauré, en coopération avec le ministère des Antiquités, 10 monuments de diverses époques islamiques, ainsi que le triangle qui se compose de la muraille de Gawhar Al-Séqelli et de celle de Salaheddine Al-Ayoubi. «
Ce nombre considérable de monuments mérite d’être mis sur la carte touristique égyptienne », souligne Chérif Erian, directeur exécutif de la société. Pour ce faire, un protocole, nommé «
protocole de Maridani », a été signé fin mai entre la société et le ministère des Antiquités, dont le but est de restaurer le côté est de la mosquée Al-Tonbogha Al-Maridani et, surtout, de créer un circuit touristique reliant les monuments restaurés par la société et dont le point de départ et de fin se trouvent au jardin d’Al-Azhar. Le projet est financé par l’Union européenne.
La porte nord du jardin d’Al-Azhar est le point de départ de la tournée dans la région d’Al-Darb Al-Ahmar. De là, le visiteur tombe sur la muraille ayyoubide, qui renferme Al-Bab Al-Mahrouq (la porte brûlée), porte incendiée par les Mamelouks en 652 suite à l’assassinat de leur émir Aqtaï. Vu la longueur du circuit de la porte jusqu’au deuxième monument, les responsables ont installé un point de repos pour que les visiteurs puissent siroter une boisson fraîche ou une tasse de café.
En continuant, on arrive au complexe de Khayer bey et à la « mosquée bleue », dénommée ainsi en raison de ses murs recouverts de céramique de couleur bleue, à l’exemple de la Mosquée bleue d’Istanbul. « C’est l’une des rares mosquées bleues au monde », explique Emad Othman, ancien directeur de la région archéologique d’Al-Darb Al-Ahmar auprès du ministère des Antiquités.
Le troisième édifice à visiter est la mosquée et l’école d’Oum Al-Sultan Chaaban de l’époque mamelouke (770 de l’hégire-1368). Elle a été construite par le sultan Al-Achraf Chaaban Ibn Hussein, qui l’a offerte à sa mère, ce qui explique son nom. Le circuit continue en direction du nord pour atteindre la mosquée Al-Tonbogha Al-Maridani (voir encadré). En plus des mosquées, le trajet touristique renferme plusieurs maisons, à l’exemple de celle de Qaïtbay, le sultan qui a laissé au monde un trésor considérable d’architecture islamique.
Ici se trouve un autre point de repos. « Les cafés présentent des produits de bonne qualité et le personnel sera formé pour accueillir les visiteurs », souligne Chérif Erian. Le circuit touristique propose ensuite deux autres mosquées, celle d’Inal Al-Youssofi et celle de Mahmoud Al-Kordi, qui remontent toutes les deux à l’époque mamelouke. Le trajet passe aussi par la fontaine et la zawya (petite mosquée) de Farag Ibn Barqouq, un exemple de monuments déplacés de leur place d’origine. « Cette zawya a été construite à 4 mètres de la porte de Zoweila en 1408, soit en 811 de l’hégire. Mais en 1922, elle a été reculée de 4 mètres pour se trouver actuellement à 8 mètres de la porte de Zoweila. Ce transfert a pris 10 ans de travail », explique Othman.
Les derniers monuments du circuit sont les mosquées d’Abou-Hreiba dans la rue Al-Darb Al-Ahmar et d’Aslam Al-Salahdar à Darb Chaalan. Vu sa beauté, la première est actuellement l’effigie du billet de 50 L.E. Sans oublier les ateliers et les boutiques artisanaux que les visiteurs peuvent admirer tout au long du circuit, qui prend fin à la porte est du jardin d’Al-Azhar.
Centre pour les visiteurs
(Photo : La société Agha Khan)
La réalisation du circuit touristique exige, à part la restauration, la présence de beaucoup d’autres détails. Actuellement, les monuments sont, en effet, privés de panneaux descriptifs, et certaines rues ne sont pas pavées et donc pas aménagées pour les véhicules. Elles ont aussi besoin d’un réseau d’éclairage. « La région en question a besoin d’un réaménagement total », assure Erian. Et d’ajouter : « Nous coopérons avec toutes les directions concernées, notamment les municipalités, le gouvernorat et les ministères concernés, pour pouvoir commencer notre projet ». La longueur du circuit sera de 1,5 km, ce qui exige des moyens de transport. « On compte utiliser des voitures ou des bus électriques, afin de transférer les touristes d’une station à l’autre. C’est une distance qui nécessite des moyens de transport confortables », reprend le directeur.
Pour que le circuit soit le plus riche possible, le visiteur est censé se diriger au Centre des visiteurs avant de commencer sa visite. Il y reçoit des informations sur l’histoire de la région et les monuments qu’il trouvera tout au long de la tournée. Le centre sera constitué de 3 parties, dont des salles d’exposition qui traitent de l’histoire et de l’archéologie de la région d’Al-Darb Al-Ahmar à travers ses monuments fatimides, ayyoubides, mamelouks et ottomans, et leurs différentes formes d’artisanat. La deuxième partie sera une salle de théâtre, alors que la dernière comprendra des salles pour les travaux artisanaux d’enfants, de jeunes et d’autres personnes intéressées.
Le projet a été lancé le 1er juin et prendra 26 mois. Il permettra aussi de créer des emplois et des activités rentables pour la région d’Al-Darb Al-Ahmar, en lien direct avec le développement et l’évolution du circuit touristique.
D’après Chérif Erian, les premières étapes du circuit seront achevées au bout d’un an. Il espère que ce circuit sera placé sur la carte touristique égyptienne.
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