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L’or des Pharaons à Monaco

Nasma Réda, Mardi, 17 juillet 2018

Du 7 juillet au 9 septembre 2018, le Musée Grimaldi Forum de la principauté de Monaco expose des chefs-d’oeuvre du Musée du Caire qui n’avaient jamais quitté l’Egypte, dans sa grande exposition estivale intitulée « L’Or des pharaons ».

L’or des Pharaons à Monaco
Des pièces inédites qui n’ont jamais quitté l’Egypte. (Photos : Musée Grimaldi Forum)

Sur une surface d’exposition de 2 500 m2, le prince Albert II a inauguré, vendredi 6 juillet, la grande exposition estivale du Grimaldi Forum, qui regroupe 149 pièces antiques et présente une série d’objets prestigieux découverts dans les tombes royales et princières de l’Egypte pharaonique. L’exposition est intitulée « L’Or des pharaons, 2500 ans d’orfèvrerie dans l’Egypte Ancienne ». Pendant deux mois, ce thème mettra en évidence la maîtrise d’un artisanat très important, soit le travail de l’or, de l’argent et du cuivre pour produire différentes pièces, comme des bracelets, des bagues, des pendentifs et des parures incrustées de lapis-lazuli, de jaspe rouge ou de turquoise. L’or jouait en effet un rôle très important dans la civilisation pharaonique. Il possédait, dans les croyances égyptiennes, des pouvoirs protecteurs, raison pour laquelle les momies étaient parées d’amulettes et de bijoux en or, et de nombreux joyaux étaient déposés parmi l’équipement funéraire.

La muséologie de l’exposition, réalisée par le Bureau d’Etudes et Design d’Espaces du Grimaldi Forum, retrace l’évolution et l’utilisation de l’or à travers différentes périodes de l’Egypte Ancienne, selon un parcours chronologique. Le binôme de couleurs retenu — bleu et ocre— s’inspire du « lapis-lazuli », couleur des dieux, qui se prête le mieux à la mise en valeur des pièces d’orfèvrerie, tandis que l’ocre évoque les vestiges d’architecture, les piliers, les pyramides, les façades et les entrées des grands sites de la Vallée des rois.

L’ampleur chronologique est inédite, puisque l’exposition couvre la période allant des premières dynasties à la IIIe Période intermédiaire, soit plus de 2000 ans. « L’exposition ne se borne pas à présenter de somptueux ensembles accompagnés de documents retraçant leur découverte. Elle s’intéresse aussi au statut des bijoux, qui sont une des formes d’expression artistique les plus anciennes et les plus universelles. Ce qu’ils nous révèlent sur l’identité, la valeur, le rite, le corps. Sur leur importance sociale et économique », explique Christiane Ziegler, conservatrice de l’exposition dans le dossier de presse.

Les bijoux étaient portés par les hommes comme par les femmes. Ils n’avaient pas seulement un rôle de parures, mais étaient aussi considérés comme des signes extérieurs de richesse, des attributs du pouvoir, parfois un témoignage d’extrême distinction tel « l’or de la récompense » accordé par le pharaon. La valeur symbolique de leurs matériaux et de leurs thèmes décoratifs renforçait la protection du corps.

L’itinéraire de l’exposition commence par une salle nommée « Eldorado », qui présente, dans douze vitrines, des pierres brutes, associées à l’objet travaillé et fini, en plus d’une carte des endroits d’extraction des pierres semi-précieuses. Dans la deuxième section, le visiteur est accueilli par une stèle d’une famille d’orfèvre. Il est emmené dans l’atelier de l’orfèvre pour découvrir les techniques de cette industrie. Puis le visiteur en apprend plus sur le sujet du pillage des tombes, qui a eu lieu dès l’Antiquité, par une expérience immersive. « Les détails des pillages sont connus en particulier par les procès qui eurent lieu sous les derniers Ramsès et auxquels nous consacrons pour la première fois une section », indique la conservatrice de l’exposition, qui est également directrice honoraire du Département des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, directrice de la publication de la Mission archéologique du Musée du Louvre à Saqqara (Egypte) et présidente du centre d’archéologie Memphite.

L’or des Pharaons à Monaco
Des pièces inédites qui n’ont jamais quitté l’Egypte. (Photos : Musée Grimaldi Forum)

La statue de Sésostris Ier, exposée dans une des salles, représente le Moyen Empire, avec la couronne de Sit-Hathor-Lounit, princesse de la XIIe dynastie et fille de Sénousret II. « La collection funéraire dédiée à Touya et Youya et une autre trouvée à Tanis ainsi que les bijoux et les objets du pharaon Psousennes Ier sont les pièces maîtresses de l’exposition de Monaco », a indiqué Khaled Al-Anani, ministre des Antiquités, lors de l’inauguration de l’exposition. Il a ajouté que ces deux collections inédites allaient remplacer celle de Toutankhamon au Musée égyptien du Caire, cette dernière étant transférée au Nouveau Grand Musée surplombant le Plateau des pyramides.

La salle dédiée à la IIIe Période intermédiaire raconte, elle, l’histoire de la découverte du trésor de Tanis par l’égyptologue français Pierre Montet.

Un tri difficile

Le tri des pièces exposées n’a pas été facile, puisqu’il a duré pendant pas moins de deux ans, comme l’assure Sylvie Biancheri, directrice du Grimaldi Forum. Elle a souligné, lors d’une conférence de presse, que les pièces montrées n’étaient jamais sorties d’Egypte. Il s’agit donc d’une collection exceptionnelle, jamais exposée en Europe. « Nous adressons un message au monde entier à travers cette collection, à savoir que le Musée égyptien du Caire possède encore des pièces exceptionnelles. Le déplacement du trésor du jeune roi Toutankhamon au Nouveau Musée n’est pas la fin du musée Tahrir, comme le présument certains », a déclaré Al-Anani, ajoutant que le 116e anniversaire du musée en novembre de cette année sera l’occasion de sa renaissance et de sa seconde grande inauguration avec un nouvel affichage de sa collection.

Pour sa part, Ziegler souligne que « cette exposition est exceptionnelle par la qualité des oeuvres présentées et illustrant l’histoire de l’orfèvrerie, comme la triade Mykérinos, le bracelet au canard de Ramsès II, le masque d’or du pharaon Psousennès, le miroir de la reine Lahhetep — dernier objet à être installé à l’exposition— ainsi que beaucoup d’objets».

Saluant le retour des expositions égyptiennes à l’étranger, Rania Al-Machat, ministre égyptienne du Tourisme, a déclaré durant l’inauguration que pendant les 60 jours de l’exposition, son ministère allait occuper un pavillon à l’entrée des salles dans le but de promouvoir le tourisme non seulement sur les sites culturels égyptiens, mais encore aux stations balnéaires. « Le logo de la campagne internationale du tourisme (This is Egypt, ndlr) figure sur toutes les brochures et les manuels de l’exposition », a-t-elle indiqué.

Enfin, il est à noter que le musée Grimaldi Forum renoue, via « L’Or des pharaons », avec le plus grand succès de ses expositions estivales, « Les Reines d’Egypte », qui a eu lieu en 2008. D’après les organisateurs et les médias européens, « L’Or des pharaons » pourrait bien devenir à son tour le rendez-vous culturel incontournable de la Côte d’Azur cet été.

Informations pratiques

« L’Or des pharaons, 2500 ans d’orfèvrerie dans l’Egypte Ancienne », jusqu’au 9 septembre au Grimaldi Forum. Tous les jours, de 10h à 20h. Les jeudis jusqu’à 22h. Tarif: 11 euros.

Tarifs réduits: Groupes (+ 10 personnes) = 9 euros - Etudiants (-25 ans sur présentation de la carte) = 9 euros - Seniors (+65 ans) = 9 euros - GRATUIT pour les moins de 18 ans.

Visites guidées= 9 euros, tous les jeudis et dimanches à 14h30 et 16h30 dans la limite des places disponibles (maximum 25 personnes)

Audioguides = 5 euros

Accessibilité : Exposition accessible aux personnes handicapées moteur et à mobilité réduite.

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