La rue Mar Guirguis, à elle seule, comprend 3 sites du circuit de la Sainte Famille en Egypte. (Photo : Al-Ahram)
50 pèlerins italiens sont venus la semaine dernière en Egypte, afin de visiter les sites du trajet de la Sainte Famille. Cette visite est la première en provenance d’Italie après la bénédiction du pape François du Vatican, en octobre dernier, de l’icône représentant le passage de la Sainte Famille en Egypte. Cette bénédiction était en fait une sorte d’accréditation du voyage de la Sainte Famille en Egypte par le monde catholique, afin de l’inclure dans les programmes de pèlerinage du Vatican. « Juste après cette bénédiction significative, le ministère du Tourisme a établi des contacts avec l’OEuvre Romaine des Pèlerinages (ORP) en vue de promouvoir l’Egypte comme une destination pour des itinéraires spirituels à proposer aux chrétiens du monde entier. Après plusieurs visites de la part des responsables de l’ORP en Egypte, celle-ci a approuvé le fait d’inclure le trajet de la Sainte Famille dans le programme des pèlerinages chrétiens », explique Nader Guirguis, expert du tourisme religieux et coordinateur des visites de pèlerinage du circuit de la Sainte Famille. A noter que le ministère du Tourisme s’efforce depuis près de 20 ans de revivifier le chemin parcouru par la Sainte Famille en Egypte, un itinéraire qui relie les lieux traversés par la sainte Vierge Marie, saint Joseph et l’Enfant Jésus, lorsqu’ils trouvèrent refuge en Egypte pour fuir la violence du roi Hérode.
L’icône de la fuite de la Vierge Marie et Jésus. (Photo : Al-Ahram)
Au cours de ce voyage, la Sainte Famille a résidé dans plus de 25 endroits, dont 8 ont été aménagés par le gouvernement pour faire partie du programme de pèlerinage. « Ce circuit spirituel a été élaboré en étroite collaboration avec l’Eglise copte, sur la base d’hypothèses historiques se fondant sur le récit des Evangiles et selon lesquelles le séjour en Egypte de la Sainte Famille aurait duré plusieurs années », reprend Guirguis.
Les pèlerins chrétiens en Egypte peuvent actuellement visiter 8 sites : l’Arbre de la Vierge à Matariya, l’église Suspendue et celle de Saint-Serge au Vieux Caire, le monastère de la Vierge à Maadi, le monastère de Saint-Bichoï à Wadi Al-Natroune, les lieux saints de Bahnassa et de Gabal Al-Teir dans le gouvernorat de Minya et, enfin, le monastère Al-Moharraq dans le gouvernorat d’Assiout. Mais d’après Nader Guirguis, le groupe italien n’a visité que 5 sites, soit ceux du Vieux Caire, de Maadi et de Wadi Al-Natroune. « Le reste des sites n’est pas encore autorisé par les organismes de sécurité », précise Guirguis.
Pour sa part, Tiritoni Presoz, présidente de l’organisation italienne Unitalsi et organisatrice de ce voyage, explique qu’elle s’est rendue en Egypte en février dernier pour s’assurer de l’aptitude des sites à accueillir les pèlerins. « J’ai été ravie de la sécurité des lieux. C’est la première question que soulèvent les gens en Europe. Cette fois-ci aussi, le niveau de sécurité était bon. Les Egyptiens nous ont accueillis avec une hospitalité qui nous a rappelé leur hospitalité avec la Vierge et Son Fils Jésus. On compte envoyer deux autres groupes de pèlerins prochainement en Egypte », indique-t-elle. L’organisation italienne Unitalsi organise des voyages de pèlerinage pour plus de 100 000 pèlerins par an.
Pour Ihab Moussa, guide touristique, si commencer à accueillir ces pèlerins constitue un pas important, il reste encore beaucoup à faire pour terminer le réaménagement des sites du circuit du point de vu de l’infrastructure nécessaire pour ce genre de tourisme. Des travaux qui ne se limitent pas à concevoir de nouvelles pancartes ou à repeindre les lieux. En effet, la plupart des pèlerins sont âgés ou souffrent d’une mobilité réduite. Il faut donc paver les routes et équiper les lieux, notamment de rampes.
Promouvoir le tourisme religieux
L’Arbre de la Vierge à Matariya n’est pas ouvert à la visite pour des raisons de sécurité. (Photo : Al-Ahram)
Avant de recevoir les premiers groupes de pèlerins chrétiens en Egypte, le ministère du Tourisme avait organisé plusieurs visites de reconnaissance de ce circuit saint pour les organisations proposant des voyages de tourisme religieux, les tour-opérateurs spécialisés ainsi que les médias internationaux, et ce, afin de le promouvoir sur le plan international. « On travaille depuis longtemps sur la promotion du trajet de la Sainte Famille auprès de 18 marchés, dont les plus importants sont l’Italie, la Russie, les Etats-Unis et l’Espagne. C’est vrai que notre point de départ en matière de promotion était l’Italie, mais on a travaillé parallèlement sur d’autres marchés. Ceci dit, on a reçu deux groupes avant celui d’Italie, l’un venant des Philippines et l’autre de Hongrie. Au total, on a reçu 130 pèlerins chrétiens en Egypte jusqu’à présent. On entend attirer 2 millions et demi de pèlerins d’ici trois ans », déclare Nader Guirguis.
La sensibilisation des habitants des quartiers où se trouvent les sites du circuit de la Sainte famille constitue une autre composante importante du projet relatif au tourisme religieux en Egypte. Le ministère du Tourisme avait lancé des campagnes de sensibilisation pour les citoyens de ces quartiers. « Il faut que les citoyens de ces quartiers connaissent l’importance de ces visites non seulement pour l’économie du pays, mais aussi pour leur propre bien. De la sorte, ils sauront comment se comporter avec ces touristes et éviteront de les exploiter ou de les harceler, afin qu’ils reviennent une autre fois pour visiter l’Egypte. Cette campagne doit se poursuivre avec l’aide d’ONG, afin d’arriver à changer la culture de ces citoyens », indique Adel Zaki, tour-opérateur.
Bien que l’Egypte possède un grand potentiel en matière de tourisme religieux, ce dernier en est encore à ses débuts. « On a besoin de déployer un effort sur le plan du réaménagement des sites, du marketing du circuit et de la sensibilisation des habitants pour que l’Egypte puisse concurrencer avec les autres circuits de pèlerinage, comme Lourdes en France, Saint-Jacques de Compostelle ou le Mont Corcovado au Brésil », conclut Zaki.
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