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Tourneé dans les mosquées du Caire

Doaa Elhami, Mardi, 12 juin 2018

Surnommé « la ville aux mille minarets », Le Caire compte des mosquées d’une grande valeur architecturale et historique, mais dont certaines sont peu connues du grand public. Coup de projecteur sur 5 d’entre elles.

Tourneé dans les mosquées du Caire

La mosquée d’Al-Khazendara

La mosquée d’Al-Khazendara

Connu pour son grand nombre d’églises, le quartier de Choubra abrite aussi l’une des plus belles mosquées du Caire. Peu connue du grand public, la mosquée d’Al-Khazendara se distingue par sa coupole et son minaret. C’est la princesse Khadiga hanem, fille de Mohamad Ragheb Agha, qui a donné l’ordre de la construire en 1927, sous le règne du roi Fouad. La princesse a annexé à la mosquée un hôpital et une école religieuse pour servir les citoyens de Choubra. Vaste, le complexe s’étend sur 600 m2, la mosquée se distinguant par ses 16 colonnes de marbre, dont les chapiteaux ont été importés d’Italie.

Le complexe d’Al-Khazendara a joué un rôle primordial au cours des premières années après l’installation de l’Université d’Al-Azhar en 1911, puisque l’une des facultés de cette dernière se trouvait dans l’école religieuse de la mosquée. La mosquée a été le lieu où de nombreux récitateurs du Coran et de chanteurs religieux ont fait leurs débuts, dont le cheikh égyptien d’origine soudanaise Mohamad Saïd Nour, qui habitait le quartier historique dans les années 1930. Sans oublier le fameux chanteur Nasreddine Toubar, l’une des plus douces voix que l’Egypte ait connues au XXe siècle.

La mosquée de Moäyad Cheikh

La mosquée de Moäyad Cheikh

Il suffit de franchir Bab Zoweila (la porte de Zoweila), au coeur du Caire islamique, pour atteindre la mosquée du sultan Moäyad Cheikh Al-Mahmoudi, sixième sultan des Mamelouks circassiens. « A l’endroit où se dresse cette mosquée se trouvait la prison Chamayel, construite par le prince Alameddine Chamayel », dit Abdel-Monsef Salem, professeur d’archéologie islamique et moderne à l’Université de Hélouan. Il explique que cette prison était l’une des plus terribles du pays. « Les prisonniers y mouraient soit tous seuls, soit ils étaient assassinés ». Et d’ajouter que Moäyad Cheikh, qui était l’un des prisonniers, a fait le voeu de détruire cette prison lorsqu’il en sortirait, voire de devenir sultan d’Egypte pour y construire, à sa place, une mosquée. Pari réussi, puisqu’il en est effectivement sorti vivant, est devenu sultan et a construit la mosquée entre 1415 et 1420. La mosquée d’Al-Moäyad Cheikh est un exemple unique de mosquée de l’époque mamelouke, avec ses deux minarets qui ont été construits au-dessus des deux tours de Bab Zoweila.

La mosquée Youssof Agha L-Hine

La mosquée Youssof Agha L-Hine

Au milieu de la rue Port-Saïd, place Bab Al-Khalq, se dresse majestueusement la mosquée de l’émir mamelouk Youssof Agha L-Hine, érigée en 1525 (1024 de l’hégire). A l’origine, la mosquée a été construite sur les bords du « golfe égyptien » (Al-Khalig Al-Masri), un bras du Nil aujourd’hui disparu, ce qui explique pourquoi son niveau est plus élevé que celui de la rue. La porte d’entrée principale est recouverte de marbre coloré et décorée de calligraphies. Bien qu’elle ait été bâtie au début de l’époque ottomane, cette mosquée suit le style des écoles mameloukes, connu par leurs iwans perpendiculaires par rapport à la cour. Quant au minaret, son style est ottoman.

La mosquée se compose d’une cour, couverte d’un plafond en bois dont le centre est occupé par une coupole. Elle compte quatre iwans, dont celui de la qibla (en direction de La Mecque) est le plus vaste et comprend le mihrab et le minbar. On y trouve aussi une fontaine publique et une école. Rectangulaire, la salle de la fontaine comprend une seule fenêtre, avec, à l’extérieur, une mastaba sur laquelle les passants se mettaient pour boire. L’entrée de la fontaine est ornée du verset d’Al-Kursi et de la date de fin de la construction de la fontaine (1625, soit 1035 de l’hégire). Il y a encore deux autres fontaines, plus récentes. La première a été érigée en 1938 à la place de l’ancienne salle d’ablution, détruite pour l’aménagement de la rue Mohamad Ali. Quant à la deuxième, ses façades sont faites de carrelages en granit.

La mosquée de Qaïtbay

La mosquée de Qaïtbay

Erigée en 1472 (877 de l’hégire) par le sultan Aboul-Nasr Qaïtbay Al-Jarkassy, cette mosquée se trouve dans la rue du marché à Monchaät Nasser, dans le cimetière mamelouk. C’est, en fait, plutôt un complexe architectural composé d’une mosquée, d’une tombe, d’une fontaine et d’une école, ainsi que d’annexes pour les employés qui travaillaient dans ces bâtiments. « C’est l’un des plus beaux exemples d’architecture islamique de l’époque mamelouke », assure Ibrahim Abdel-Méguid, expert en archéologie islamique auprès du ministère des Antiquités. Son minaret est considéré comme étant le plus beau de tous les minarets mamelouks en termes de proportions, de splendeur et de décoration. « Parmi les particularités de cette mosquée, on compte les versets coraniques gravés sur les murs par le muezzin de la mosquée, Mohammed Al-Chabini, connu pour sa belle écriture. On y trouve même son nom sous les versets », reprend l’archéologue.

La mosquée renferme une petite coupole au-dessous de la laquelle se trouve une pierre noire portant l’empreinte d’un pied. On racontait qu’il s’agissait du pied du prophète Mohamad. Plusieurs grands voyageurs ont écrit dans leurs récits que le sultan Qaïtbay avait acheté cette pierre à 20 000 dinars et avait demandé qu’elle soit déposée avec lui dans sa tombe en guise de bénédiction. Grâce à ces particularités, la mosquée de Qaïtbay est devenue l’effigie de la livre égyptienne. Sans oublier que le sultan Qaïtbay a laissé au patrimoine islamique égyptien 70 monuments, répartis à travers toute l’Egypte, dont la Citadelle de Qaïtbay dans la ville de Rosette.

La mosquée Gamie Al-Banat (mosquée des filles)

La mosquée Gamie Al-Banat (mosquée des filles)

Se dressant dans l’actuelle rue Port-Saïd dans le quartier de Darb Saada, la mosquée de l’émir Fakhreddine, connue sous le nom de Gamie Al-Banat ou mosquée des filles, a été construite en 1418 (821 de l’hégire) par l’émir Fakhreddine Abdel-Ghani. D’origine arménienne, celui-ci a décidé d’ériger une mosquée et une école pour y enseigner les quatre écoles de pensée islamique : chaféisme, malikisme, hanafisme et hanbalisme. « La dénomination mosquée des filles est due à une ancienne tradition, répandue parmi les familles égyptiennes jusqu’à la moitié du XXe siècle », explique Abdel-Monsef Salem, professeur d’archéologie islamique et moderne à l’Université de Hélouan, précisant que la mosquée était la destination des filles qui connaissaient des difficultés à se marier. « La fille qui voulait se marier se rendait à la mosquée pendant la prière du vendredi et devait passer entre les rangs des prieurs », raconte-t-il. Selon l’archéologue Ibrahim Abdel-Méguid, « les grands voyageurs ont indiqué que cette tradition avait des effets réels et facilitait les procédures de mariage pour celles qui s’y rendaient. Comme un miracle ». Bien que cette tradition ne soit plus pratiquée aujourd’hui, la mosquée est toujours surnommée « la mosquée des filles ».

La mosquée a fait l’objet de travaux de restauration à plusieurs reprises. L’actuel minaret a été construit en 1851 par la mère de Hussein Bey, fils de Mohamad Ali pacha.

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