Boiserie, éclairage, colonnes et tapis, tout est renouvelé. (Photo : Ministère des Antiquités)
Située au sud de Rachid (Rosette) dans le gouvernorat de Béheira, la mosquée Zaghloul est considérée comme le joyau architectural de cette ville. Construite sur une superficie de plus de 5 300 m2, cette mosquée, bâtie dans le style architectural mamelouk, est la plus vaste et la plus importante de Rachid, deuxième ville après Le Caire, riche en monuments islamiques. Composée de deux bâtiments liés l’un à l’autre, cette mosquée a été bâtie vers 995 de l’hégire, soit en 1587, par le cheikh Nasreddine Ali Zaghloul, un célèbre commerçant mamelouk du prince Haroun. En fait, la mosquée est connue comme étant la « grande mosquée », à cause de sa forte ressemblance avec la mosquée d’Al-Azhar. Elargie à plusieurs reprises, la mosquée a un plafond formé de petites coupoles construites dans le style ottoman. La mosquée est enrichie de 366 colonnes représentant les jours de l’année. Chacune d’elles est dédiée à un cheikh et porte son nom.
« La mosquée Zaghloul a une grande valeur religieuse et historique pour les citoyens comme celle d’Al-Azhar. C’était non seulement un lieu d’éducation, mais aussi un symbole de la résistance populaire contre l’expédition anglaise de Freizer en 1807 », explique Gamal Moustapha, chef du secteur des monuments islamiques au ministère des Antiquités. Et d’ajouter que la première étincelle de cette résistance est sortie de cette mosquée guidée par son cheikh, Hassan Kérit. Puis le commandant anglais Freizer a ordonné à ses gendarmes de détruire le minaret de la mosquée en guise de vengeance.
Au cours des siècles, la mosquée a continué à jouer son rôle au service des fidèles, mais n’a fait l’objet d’aucune maintenance ni restauration. La mosquée était presque abandonnée. « A travers les siècles, son état s’est dégradé et elle était dans une situation déplorable », explique l’ingénieur Waad Aboul-Ela, chef des secteurs des projets au ministère des Antiquités. « La mosquée souffrait de la remontée des eaux souterraines, ce qui a causé l’effondrement de certains murs et quelques colonnes de la mosquée et bien sûr, il y a des dégâts au niveau des motifs décoratifs », explique-t-il.
Splendeur retrouvée
Boiserie, éclairage, colonnes et tapis, tout est renouvelé. (Photo : Ministère des Antiquités)
Depuis 2005, plusieurs tentatives de sauver la mosquée ont été faites. Une étude approfondie a été effectuée sur l’état de l’architecture. Mais aucune mesure concrète n’a été prise à cause des problèmes financiers. Ce n’est qu’à la fin 2016 que les travaux de restauration ont commencé avec un budget de 25 millions de L.E. fourni par les ministères des Antiquités et des Waqfs ainsi que par le gouvernorat de Béheira. La compagnie Al-Moqaouloun Al- Arab a été chargée des travaux. Ceux-ci ont commencé par l’enlèvement des colonnes et des motifs architecturaux ainsi que toute la boiserie. « Les parties enlevées ont été documentées ensuite restaurées. Le sol a été consolidé après le drainage de l’eau souterraine et l’enlèvement d’un énorme amas d’ordures », explique Aboul-Ela, affirmant qu’un dallage blanc spécial a été placé sur le sol pour conserver la température modérée au sein de l’édifice.
Les travaux de conservation comprennent également la restauration et la remise en place de 118 colonnes en marbre. L’enceinte de la bâtisse a été rénovée et peinte, et les réseaux d’électricité et du son ont tous été remplacés. « Les anciennes mishkawats (lampes) ont retrouvé leurs emplacements d’autrefois. Les lieux d’ablutions, le mihrab, les muqarnas, le mausolée de Zaghloul et son dôme ont également été restaurés. Quant au minaret, il a été rebâti dans le style architectural d’origine et avec des matériaux semblables », explique Aboul-Ela. Le travail le plus dur était celui de la boiserie. De jeunes experts, spécialistes des travaux minutieux, en ont pris la charge. « Les motifs décoratifs, le minbar, la dikka de l’imam (tribune qui existe seulement dans les grandes mosquées), ainsi que les nervures ornées de versets coraniques, qui remplissent les coupoles et le plafond, ont retrouvé leur beauté d’antan », explique Gamal Moustapha, affirmant que ces travaux ont coûté 17 millions de L.E. « Nous avons accéléré les travaux afin d’inaugurer une partie de près de 3 100 m2, pour être prête pour le mois sacré du Ramadan au sein de cette mosquée historique fermée depuis presque 45 ans », a affirmé, lors de l’inauguration, le ministre des Waqfs, Mohamad Mokhtar.
Les travaux de restauration dans le reste de la mosquée ont repris avec la promesse de les terminer dans quelques mois. « Bien que la grande partie du travail soit accomplie, il reste encore beaucoup à faire », a assuré Khaled Al-Anani, ministre des Antiquités, lors de sa dernière visite où il a fait la prière.
Dès les premiers jours du mois du Ramadan, les citoyens se sont rendus à la mosquée Zaghloul, pour célébrer sa réouverture après de longues années de fermeture. « Pour le peuple de Rachid, cette mosquée est un symbole de l’islam modéré et un témoin de sa fidélité et de son amour pour l’Egypte », conclut Moustapha.
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