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Quand l’Egypte s’inspirait de l’Italie

Doaa Elhami, Mardi, 22 mai 2018

Le livre L’Architecture italienne et le patrimoine artistique en Egypte, documentation et sauvegarde montre l’influence de l’architecture italienne sur plusieurs palais, églises et édifices construits en Egypte au XIXe et au début du XXe siècles. Passage en revue.

Quand l’Egypte s’inspirait de l’Italie

Durant le XIXe et le début du XXe siècle, l’Egypte a vécu une période florissante dans tous les domaines, notamment dans l’architecture. Elle était un chantier fertile pour tous les architectes et décorateurs européens, surtout les Italiens parmi eux. C’est là le thème du livre Italian Achitectural and Artistic Heritage in Egypt, Documentation & Safegard (l’architecture italienne et le patrimoine artistique en Egypte, documentation et sauvegarde), paru fin 2017 aux éditions Effigi. L’ouvrage regroupe les articles des professeurs et architectes italiens et égyptiens qui ont participé au 1er séminaire international portant le même titre et qui s’est tenu en 2015 à l’Institut culturel italien du Caire.

La couverture montre le palais royal de Montazah à Alexandrie, qui a été réalisé par l’architecte italien Ernesto Verrucci Bey, alors qu’au dos du livre, le lecteur trouve la mosquée de Zamalek, qui revient à l’architecte italien renommé Mario Rossi. Un choix de photos qui illustre bien la diversité des travaux effectués par les Italiens en Egypte. L’ouvrage est composé de 17 articles et exposés, rédigés en anglais par 13 experts italiens et 4 spécialistes égyptiens. Chacun met l’accent soit sur la vie d’un architecte italien et ses oeuvres, soit sur l’état actuel d’un certain édifice.

L’un des articles parle du rôle du Comité de conservation des monuments de l’art arabe, travaillant en coopération avec les architectes, contracteurs, dessinateurs et décorateurs italiens, et montre comment le Comité émettait des critères de construction en insistant sur l’inspiration de l’architecture islamique dans les édifices érigés au Caire. Parmi les contributions italiennes les plus importantes en Egypte figurent celles de l’architecte Antonio Battigelli, qui a réalisé la tombe du khédive Ismaïl pacha à la mosquée Réfaï en 1896, et la villa du consul danois Antoine de Zogheib réalisée par les deux frères Battigelli (fils d’Antoine Battigelli) en collaboration avec l’architecte hongrois Max Herz. « L’importance de cette villa tient de l’utilisation de certains éléments de l’architecture mamelouke, fatimide et ayyoubide », souligne l’architecte italien Ezio Godoli dans sa contribution.

Sur le modèle de Ravenne

En fait, les articles choisis mettent en évidence les constructions considérées comme étant les joyaux des architectes italiens en Egypte, à l’exemple de l’église Al-Boutrossiya au Caire et de celle du Sacré-Coeur à Alexandrie. La première est l’un des chefs-d’oeuvre de l’architecte Antonio Lasciac. Sous la demande de la famille Boutros Ghali, propriétaire du terrain puis de l’église, Antonio Lasciac l’a réalisée avec un intérieur conçu sur le modèle de la basilique chrétienne primitive de Ravenne en Italie. Des scènes religieuses couvrent les murs ainsi que les mosaïques des semi-dômes du presbytère.

Quand l’Egypte s’inspirait de l’Italie

Lasciac était l’un des grands architectes italiens et a contribué à la construction de plusieurs édifices en Egypte, puisqu’il était le directeur des palais khédiviaux sous le règne du khédive Abbas Helmi. De même, il était l’architecte de plusieurs palais de Saïd Halim pacha, dont l’un à la rue Champollion et l’autre, le palais Al-Tahra, à Kobri Al-Qobba, ainsi que de l’immeuble de Groppi à la place Talaat Harb et de l’édifice de la Banque Misr à la place Moustapha Kamel.

Quant à la seconde église, celle du Sacré-Coeur d’Alexandrie, elle est « une icône italienne dans l’inventaire alexandrin », selon le titre de l’article de la professeure des beaux-arts Zeinab Nour. L’église du Sacré-Coeur, dressée dans le quartier alexandrin Ibrahimiya, était le joyau de la communauté latine en Egypte. Elle a été construite par le contracteur italien Ugo Dessberg et planifiée et dessinée par l’architecte italien Domenico Limongelli. La façade de l’église est influencée par le style néobaroque, qui était en vogue à Alexandrie à cette époque. Les scènes religieuses des murs et des vitraux sont « élégantes », d’après les termes de l’experte Zeinab Nour.

Enfin, le livre renferme des photos inédites qui accompagnent et enrichissent chaque article, ce qui augmente les valeurs esthétique et scientifique de l’ouvrage.

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