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Au carrefour des arts islamiques

Doaa Elhami, Mardi, 08 mai 2018

Le musée Gayer Anderson (Beit Al-Kiridliya), dans le quartier de Sayéda Zeinab, au Caire, célèbre son jubilé de diamant avec une exposition tout en finesse, intitulée « Les chefs-d’oeuvre de la Crétoise ». Tournée.

Au carrefour des arts islamiques
Le verre bohémien décoré, finesse d’art.

Il suffit de trouver la mosquée Ahmad Ibn Touloun, avec son exceptionnel minaret en spirale, rue Saliba, dans le quartier de Sayéda Zeinab au Caire, pour atteindre le musée Gayer Anderson qui y est accolé. Connu également sous le nom de Beit Al-Kiridliya (la maison de la Crétoise), ce musée, composé de deux maisons ottomanes, a célébré, le 3 avril, les 75 ans de son inauguration officielle. Les festivités sont marquées par l’exposition « Les chefs-d’oeuvre de la Crétoise », qui continue jusqu’à la fin du mois de juin prochain. « Nous avons sélectionné 25 joyaux du musée et les avons mis en exergue en les présentant dans l’exposition organisée pour cette occasion », indique la directrice du musée, Mervat Ezzat.

Au carrefour des arts islamiques
Boîtes, casiers de poudre et pistolets font la matière de l’exposition.

Ces pièces reflètent la richesse et la variété de la collection islamique du musée. A première vue, l’exposition, qui se trouve dans une étroite pièce au rez-de-chaussée, donne une impression modeste. Néanmoins, elle est très riche, et ce, grâce aux fiches apposées dans les vitrines et aux explications données par les inspecteurs du musée, qui font le tour avec les visiteurs. L’exposition se compose de quatre vitrines, dont chacune est consacrée à des pièces en une matière donnée : métaux, bois, porcelaine et verre.

Au carrefour des arts islamiques
Boîtes, casiers de poudre et pistolets font la matière de l’exposition.

Le visiteur peut ainsi contempler, dans la vitrine des métaux, deux pistolets et un fusil incrustés d’or et d’argent. Il y trouve aussi une épée en fer ayant appartenu au sultan ottoman Bayezid Ier (1389-1402) et dont la manche est incrustée de calligraphies en or et en argent. Son fourreau est en cuivre de crocodile. La directrice précise que ces armes étaient utilisées par les sultans et les rois qui étaient toujours à la tête de leurs armées. « A cette époque, au début de l’Empire ottoman, l’épée, la flèche et le poignard étaient des armes communes et bien connues. Par contre, le fusil et le pistolet étaient encore nouveaux », explique Hicham Naguib, inspecteur archéologique du musée. La même vitrine comprend encore une boîte en cuivre ornée d’une grande croix au style copte et qui, d’après la directrice, date peut-être du XVe siècle.

Au carrefour des arts islamiques
Boîtes, casiers de poudre et pistolets font la matière de l’exposition.

Une autre vitrine renferme un nombre de peignes en bois de divers styles et dimensions. Datant des époques fatimide et ottomane, ces peignes sont ornés de formes géométriques et de motifs botaniques, qui renferment à leur tour des calligraphies kufiques. La vitrine comprend aussi une boîte, toujours en bois, incrustée d’ivoire aux motifs géométriques. « Cette boîte était utilisée pour les cosmétiques », reprend Hicham Naguib. Cette vitrine renferme encore un casier multicolore de fusil en forme de violon, décoré de motifs géométriques qui encadrent des dessins représentant des personnes.

Grande valeur archéologique

Au carrefour des arts islamiques
Boîtes, casiers de poudre et pistolets font la matière de l’exposition.

Les plats en porcelaine occupent aussi une place importante dans l’exposition, qui leur consacre une vitrine. De divers couleurs et volumes, les plats portent des calligraphies et des textes des Séfévides, « dont la civilisation correspond à l’époque ottomane en Iran », commente la directrice Mervat Ezzat. La plupart des textes dorés sont des prières chiites pour l’Imam Ali et son fils Hussein. Les plats sont ornés de motifs botaniques. Certains sont aussi décorés de motifs humains, rarement rencontrés dans l’art islamique. « Ceci redouble leur valeur archéologique et artistique », reprend la directrice.

Quant à la dernière vitrine, elle renferme des vases et de la vaisselle en verre bohémien, un type de verre plein de finesse. On y remarque aussi un chandelier. « Le contenu de cette vitrine remonte au XIXe siècle », explique l’inspecteur archéologique. Les couleurs bleu ciel et orange dominent dans cette vitrine. Les vases et les pièces de vaisselle sont en outre décorées de motifs botaniques, qui forment de belles scènes entourées de ronds dorés.

Au carrefour des arts islamiques
Boîtes, casiers de poudre et pistolets font la matière de l’exposition.

Malgré sa petite taille, l’exposition couvre plusieurs époques de la civilisation islamique avec tous ses aspects. De l’époque fatimide en Egypte, en passant par l’époque ottomane en Turquie, à celle des Séfévides en Iran, sans oublier les variantes calligraphies, tout y est représenté. Ainsi l’exposition reflète-t-elle bel et bien « les chefs-d’oeuvre de la Crétoise », faisant du musée un carrefour des arts islamiques.

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