Mansourasaurus est la nomination donnée au nouveau dinosaure, découvert depuis quelques jours dans l’oasis de Dakhla dans la Nouvelle Vallée du Désert occidental. Le nouveau dinosaure est mis au jour grâce à une équipe de paléontologues égyptiens des Universités de Mansoura et d’Assiout, dirigée par le professeur Hesham Sallam, fondateur du Centre de paléontologies de vertèbres à l’Université de Mansoura. En fait, c’est le sixième dinosaure trouvé en Egypte. «
Toutes les précédentes trouvailles ont été effectuées par des missions étrangères (voir encadré). C’est la première fois qu’une équipe égyptienne réalise une telle découverte scientifique », affirme Sallam, ajoutant que Mansourasaurus est une nouvelle espèce, qui comble une lacune dans l’histoire de l’évolution des dinosaures sur la terre, ce qui redouble l’importance de cette trouvaille.
L’histoire de cette découverte a commencé en 2008, lorsque le jeune paléontologue Hesham Sallam est parti en quête de dinosaures qui vivaient depuis 70 à 80 millions d’années, d’après la chronologie de leur existence sur terre. Les premières évidences ont apparu quelques années plus tard, à Dakhla en 2010. Une équipe est partie alors à Dakhla en 2013. « Nous sommes restés en plein désert pendant 21 jours. Le travail se prolongeait plus de 12 heures par jour », se souvient Sanaa Al- Sayed, adjointe du directeur. Une quête de titan a délivré le premier fossile en décembre 2013. Etant fragile, il a été fortifié et consolidé avec des matériaux chimiques.

Lors de la découverte en décembre 2013.
En mars 2014, la mission a dégagé d’autres membres fossilisés du dinosaure : Bras, omoplate, mâchoire, vertèbres cervicales et thoraciques, côtelettes, une complète patte, un doigt de main, trois autres de pattes ainsi qu’une partie du crâne. « Tous ces fossiles composent 65 % du dinosaure. La taille de la trouvaille est en bonne proportion par rapport aux dinosaures découverts dans le monde entier », souligne Sallam. « Cette trouvaille n’a été accomplie que cette semaine parce que l’équipe a dû faire des études pendant quatre ans. Et l’on a donné le nom de Mansourasaurus au dinosaure », reprend-il. En fait, au cours de ces années, les fossiles ont été consolidés et transférés au Centre de paléontologies des vertèbres de l’Université de Mansoura afin d’accomplir les études qui ont confirmé que Mansourasaurus est un sauropode qui est un gigantesque reptile herbivore, aux longues nuque et queue. Il pèse environ 5,5 tonnes dont la longueur totale atteint 10 mètres. Son dos était couvert de morceaux de plaques osseuses pour le protéger et consolider sa peau. « On a comparé les fossiles du dinosaure découvert avec ceux de l’Amérique du Sud, de l’Afrique du Sud, de l’Asie et de l’Europe. Les nouveaux fossiles sont uniques. C’est une nouvelle espèce au monde entier », affirme la paléontologue Iman Al- Dawoudi, membre de la l’équipe scientifique qui a effectué les analyses. Raison pour laquelle les paléontologues égyptiens ont eu le droit de le nommer. « On l’a appelé Mansourasaurus en l’honneur de l’équipe qui l’a découvert, provenant de l’Université de Mansoura », commente l’adjointe Sanaa Al-Sayed.
Enigme résolue, d’autres en attente
Mansourasaurus, qui appartient au groupe Titanosauria, vivait à l’ère géologique crétacée supérieure (depuis près de 100 millions d’années à 65 millions d’années). « Mansourasaurus représente l’évolution des derniers dinosaures qui vivaient en Egypte, voire dans tout le continent africain », explique Sallam, ajoutant que des dinosaures similaires se trouvaient en Europe. « A l’âge du crétacé supérieur, après la formation des 6 continents, il y avait une sorte de pont qui reliait l’Afrique à l’Europe, ce qui permettait le déplacement des dinosaures d’un continent à l’autre sans la moindre difficulté », reprend-il. A cette époque lointaine, cette région de l’Egypte comprenait des fleuves et des deltas, ce qui permettait aux plantes tropicales de pousser. Dans cette ambiance vivaient les gigantesques reptiles qui régnaient dans tout le globe terrestre. Si la trouvaille de Mansourasaurus est une clé dans l’évolution des dinosaures égyptiens et africains, il reste encore beaucoup d’étapes à accomplir. L’équipe va remonter le dinosaure et continuer ses études pour répondre à quelques questions encore énigmatiques, comme les moyens de déplacement de Mansourasaurus d’un continent à l’autre et les raisons de la disparition de ces reptiles.
Historique sur les dinosaures égyptiens
D'après Hesham Sallam, la recherche des dinosaures en Egypte remonte au début du XXe siècle.
1915 : Le paléontologue allemand Ernest Stromer Von Reichenbach (1871-1952) a commencé ses quêtes sur les dinosaures en Egypte, notamment dans les oasis de Bahariya, Kharga et Dakhla.
1924 : Stromer a trouvé, dans l’oasis de Bahariya, Bahariyasaurus ou le « reptile effrayant ».
1930 : Le paléontologue allemand a dégagé le Spaniosaurus, avec ses épines au dos. Le Spaniosaurus en est le plus féroce jamais trouvé. Il est le protagoniste du film Jurassic Park.
1931 : Stromer a mis au jour Carcaradontosaurus, dont les dents ressemblent à celles du requin.
1932 : Stromer a trouvé Aegyptosaurus, sauropode. Les fossiles de tous ces dinosaures ont été transférés en Allemagne afin d’être exposés au Musée de Munich. Mais le musée a été frappé et détruit par une bombe en 1942, durant la Deuxième Guerre mondiale et les dinosaures égyptiens ont été perdus pour de bon.
2001 : La mission de l’Université de Pennsylvanie, dirigée par le professeur américain Robert Glegengack, a trouvé, dans l’un des sites de l’oasis de Bahariya, le dinosaure herbivore Paralitan Stromer. Nomination en l’honneur du premier paléontologue qui a travaillé sur site au début du XXe siècle.
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