Aux alentours du plateau des pyramides, à quelques mètres du Sphinx, se trouve l’entrée de la nécropole des ouvriers, les constructeurs des pyramides, ouverte au public depuis novembre dernier. De loin, elle apparaît comme une colline à plusieurs degrés. Un trajet bien tracé muni de pancartes explicatives mène les visiteurs au site, encerclé par des fils en fer barbelés pour le protéger. « La région est bien sécurisée », dit l’archéologue Mohamad Kamal, inspecteur du Conseil suprême des antiquités dans la région des pyramides, qui a participé aux travaux de fouille et de restauration de la nécropole. Et d’ajouter : « Bien que nous ayons trouvé les tombeaux de la nécropole quasi vides, ils sont d’une très grande valeur historique et archéologique. Ils nous ont appris de nombreux détails sur la construction des pyramides ».
Allant à l’encontre de toute idée d’esclavage, la nécropole apporte des éléments de preuve qui indiquent que les constructeurs étaient issus de familles vivant dans le Delta et en Haute-Egypte. « L’ADN des squelettes découverts vient confirmer que les défunts vivaient en groupes familiaux et les études permettent d’estimer leur nombre entre 20 000 et 30 000. Les bâtisseurs changeaient tous les trois mois ou plus, et ceux enterrés dans la nécropole sont ceux qui sont décédés au cours du processus de construction », explique Achraf Mohei, directeur du plateau des pyramides. Les analyses ont aussi révélé des traces de fractures qui avaient été correctement soignées. « Visiblement, ces hommes bénéficiaient des mêmes soins médicaux que les nobles », ajoute Mohei. Par ailleurs, les poteries et les différents ustensiles découverts sur le chantier, ou tout prés de la cité des ouvriers, montrent que ces travailleurs consommaient quotidiennement près de 21 buffles et 23 moutons. « Ils étaient bien nourris, bien soignés et vivaient en famille. Ces tombes ont été construites à côté de la pyramide du roi, ce qui indique que ces gens n’étaient pas des esclaves. S’ils l’avaient été, ils n’auraient pas été autorisés à construire leurs tombeaux à côté de leur roi », souligne Mohei. Toutes les découvertes, analyses et études viennent donc écarter la thèse de l’esclavagisme. « Il ne s’agissait pas d’esclaves, mais bien de privilégiés », ajoute le directeur.
A l’intérieur du site, le visiteur trouve des dômes et des puits funéraires de petite taille accolés les uns aux autres et difficiles de les compter. « Presque tous les objets trouvés ont été transférés au Musée du Caire pour être restaurés et étudiés », explique Ahmad Ezz, superviseur de la région, qui se charge d’expliquer aux visiteurs le plan du site. « Les travaux pour ouvrir ce site aux visiteurs n’ont duré que trois mois.
Nous avons fini la restauration des tombeaux, tracé le trajet, placé quelques planches en bois pour protéger certaines tombes, puis installé les pancartes et imprimé les billets. Nous sommes prêts à accueillir les visiteurs », se réjouit Ezz.
Une découverte due au hasard
La nécropole des ouvriers a été découverte par hasard, en 1990, lorsque le chef des surveillants des pyramides a remarqué un mur en brique crue sur lequel un cheval avait trébuché, jetant à terre un touriste. Après quelques jours de fouilles par la mission archéologique du ministère des Antiquités, dirigée en ce temps par Zahi Hawas, il a été constaté que ce mur faisait partie d’un tombeau qui renfermait une chambre voûtée et deux fausses portes, à travers lesquelles le défunt était en contact avec les vivants. Depuis cette découverte, les fouilles, la restaurations et la réhabilitation du site ont eu lieu en continu.
La découverte des tombeaux des bâtisseurs des pyramides est considérée comme l’une des plus importantes du XXe siècle. « Elle nous a donné beaucoup d’informations sur les différentes classes sociales et le mode de vie des bâtisseurs des pyramides », explique Ayman Achmawi, chef du secteur des monuments et sites antiques. « La taille et la qualité des tombeaux de cette région sont variables. Il y a ceux faits en brique crue, d’autres en calcaire, avec ou sans inscriptions, les uns en bon état et d’autres non. Même l’architecture diffère d’un tombeau à l’autre », indique Ezz, qui explique que cela est dû au fait que les ouvriers des pyramides venaient de tous les coins du pays, chacun construisant son tombeau à sa guise. « La nécropole renfermait de nombreux objets, dont les statues d’Inti Shedu, Neferef NSW et d’autres, conservés au Musée du Caire. Elle comprend jusqu’ici plus de 700 petits tombeaux et près de 120 autres de taille large et moyenne », déclare Ezz, ajoutant que trois tombeaux seulement sont ouverts au public : ceux de Ptah Shepsw, Petety et Nefer Theth.
Tombeau de Ptah Shepsw
Le tombeau de Ptah Shepsw a été le premier à être découvert sur le chantier et remonte à la IVe dynastie (2613-2498 av. J.-C.). « Il est considéré comme le plus grand de toutes les nécropoles », déclare Ezz. Il comporte une cour extérieure et un corridor voûté. Son toit était conçu en 16 troncs de palmiers. En rentrant, le visiteur doit se courber. La chambre est composée de deux fausses portes, dont une ne porte aucune inscription, alors que sur l’autre se trouve le nom du défunt à l’encre noire. « Il apparaît que Ptah Shepsw est mort avant d’achever sa tombe et qu’il était le chef des ouvriers ou une personne importante sur le plateau », souligne Ezz.
Tombeau de Nefer Theth
En haut de la colline se trouve le merveilleux tombeau de Nefer Theth, qui portait les titres de « superviseur du palais royal » et de « purificateur du roi ». D’après les magnifiques inscriptions et gravures trouvées à l’intérieur de la tombe, Nefer Theth a épousé deux femmes. La première, Neferhetepes, a eu 11 enfants, tandis que la deuxième, Neankh Hathor, n’en a eu que 7. « Le nom de chaque épouse est mentionné sur leur fausse porte », explique Mohamad Kamel. Le tombeau a 3 fausses portes : une pour le propriétaire et les 2 autres pour ses épouses. Les murs du tombeau renferment aussi deux scènes d’offrandes dans lesquelles apparaissent pain, bière, huile et habits.
Tombeau de Petety
Le tombeau de Petety est considéré comme l’un des plus importants de tout le cimetière. « A son arrivée, le visiteur peut voir le propriétaire et sa femme, gravés sur les parois de la tombe », explique Ezz, ajoutant que le tombeau renferme plusieurs inscriptions et scènes et qu’il se distingue par un style architectural très différent de celui des autres tombeaux. La chambre funéraire de ce tombeau est incomplète. Une statuette en boue d’un corps humain avec une tête de singe y a été découverte. Elle se trouve actuellement au Musée égyptien du Caire.
Encs services
Horaires du plateau des pyramides :
Ouvert tous les jours de 8h à 17h (le guichet des billets ferme à 16h)
La grande pyramide est fermée de 12h à 13h.
Prix des billets :
Grande pyramide : Chéops
Egyptiens : 60 L.E. (étudiants 30 L.E.)
Etrangers : 300 L.E. (étudiants 150 L.E.)
Pyramide de Mykérinos :
Egyptiens : 10 L.E. (étudiants 5 L.E.)
Etrangers : 60 L.E. (étudiants 30 L.E.)
Tombe de la reine Meresankh III :
Egyptiens : 20 L.E. (étudiants 10 L.E.)
Etrangers : 50 L.E. (étudiants 25 L.E.)
Vallée du roi Chéops et des reines, tombeaux de Seshemnefer IV et de Khoufou-Khâf :
Egyptiens : 10 L.E. (étudiants 5 L.E.).
Etrangers : 120 L.E. (étudiants 60 L.E.)
Nécropole des ouvriers « les bâtisseurs des pyramides » (5 personnes par visite) :
Egyptiens et étrangers : 400 L.E. (étudiants : 200 L.E.)
Vallée de Chéops et sa pyramide, Musée de la barque solaire, tombeaux de Khoufou-Khâf et de Seshemnefer
Egyptiens et étrangers : 400 L.E. (étudiants : 200 L.E.)
Accès pour véhicules :
Voitures : 5 L.E.
Minibus : 10 L.E.
Autobus : 20 L.E.
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