Les préparatifs de l’exposition Dans les lumières d’Amarna, qui se tiendra en décembre prochain au musée Ägyptisches Museum und Papyrussammlung de Berlin, vont bon train. Prévu pour durer jusqu’au 13 avril 2013, l’événement souhaite célébrer le 100e anniversaire de la découverte du buste de Néfertiti et d’autres joyaux de la période amarnienne. Néfertiti était l’épouse du pharaon Akhenaton.
A travers près de 600 objets, « l’exposition va montrer des objets jamais présentés auparavant provenant des collections du Musée de Berlin, mais aussi du Metropolitande New York, du Louvre et du British Museum », se félicite le musée berlinois.
Parmi les objets figure le buste de la légendaire reine de l’Egypte ancienne, Néfertiti, dont l’Egypte réclame depuis des années la restitution. L’exposition présentera d’autres objets très intéressants, citons, entre autres, les trônes restaurés d’Akhenaton et de Néfertiti. La collection de l’Ägyptisches Museum und Papyrussammlung est considérée comme l’une des collections d’antiquités égyptiennes les plus riches au monde. Le musée possède surtout des pièces trouvées à Amarna.
Les archéologues allemands fouillèrent le site d’Amarna entre 1911 et 1914, en privilégiant les maisons particulières. Ce choix se révéla payant, car de nombreux objets y avaient été oubliés. Les témoignages de l’époque amarnienne sont une composante fondamentale de la collection berlinoise. Cette époque doit son nom à Amarna, nom moderne de la capitale fondée sous Akhenaton en Moyenne-Egypte. La période amarnienne désigne la période de règne d’Akhenaton (lire encadré). Le buste polychrome, en calcaire et en plâtre stuqué de la reine Néfertiti fait partie des œuvres les plus connues au monde.
Datant d’environ 3 400 ans, le buste a été exhumé à Amarna, en 1912, par l’archéologue allemand Ludwig Borchardt, lors d’une campagne de fouilles sous la direction de la Deutsche Orient Gesellschaft. Dans son ouvrage Portrait de la reine Néfertiti, publié en 1923, Ludwig Borchardt décrit avec précision la composition des pigments utilisés pour colorer le buste.
En 1913, l’archéologue allemand obtient l’autorisation de rapporter le buste à Berlin pour l’étudier. Mais, à son arrivée en Allemagne, le buste est remis à Henri James Simon, marchand d’antiquités et commanditaire des fouilles d’Amarna. Le buste n’est définitivement donné au Musée de Berlin qu’en 1920. Enfin, en 1923, le buste est dévoilé au public et exposé l’année suivante au Neues Museum de Berlin.
Goering souhaitait
rendre le buste
Depuis la présentation officielle au public du buste en 1924, les autorités égyptiennes n’ont cessé de demander son retour en Egypte. En 1925, l’Egypte menace d’interdire les fouilles allemandes en Egypte si le buste n’est pas rendu. En 1929, les autorités égyptiennes offrent d’échanger le buste contre d’autres objets, mais l’Allemagne refuse.
En 1933, Hermann Goering, ministre de la Luftwaffe, envisage de restituer le buste à Farouq I, roi d’Egypte, afin de l’inciter à compter parmi les soutiens du régime nazi. Mais cette idée est refusée par Adolf Hitler, qui déclare qu’il souhaite faire construire un musée à Berlin où le buste de Néfertiti deviendrait l’attraction centrale.
Dans les années 1950, l’Egypte renouvelle ses demandes de restitution, toujours sans résultat. En 2005, Zahi Hawas, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités égyptiennes, sollicite l’intervention de l’Unesco. En 2007, il menace de refuser à l’Allemagne le prêt de pièces antiques égyptiennes en vue de l’exposition. Plus tard, il demande à l’Allemagne de prêter le buste pour l’inauguration du Grand Musée égyptien du Caire, mais l’Allemagne refuse arguant que la fragilité du buste empêche tout transport. Mais il est clair que Berlin considère que le prêt du buste à l’Egypte signifierait son départ définitif.
Le buste de Néfertiti compte parmi les 5 pièces majeures que l’Egypte souhaite faire revenir sur son sol. Pour le ministère des Antiquités, le buste serait sorti illégalement du territoire et doit donc être rendu. L’Allemagne estime de son côté que cette œuvre a été achetée légalement par l’Etat prussien, fondant ses déclarations sur des documents de l’époque.
Le buste de la légendaire reine égyptienne a récemment déménagé vers le Nouveau Musée de Berlin. A partir du 17 octobre, la sculpture sera visible dans son nouveau lieu d’exposition, le Neues Museum. Ravagé par les bombardements à la fin de la guerre, le musée rouvre enfin ses portes au public après des décennies d’abandon et 6 ans de travaux de rénovation.
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