La mission égypto-allemande opérant à Matariya et dirigée par l’archéologue allemand Dietrich Raue vient de découvrir plusieurs fragments de différentes tailles du roi Psammétique Ier, une statue remontant à la 26e dynastie de même que des blocs de pierre en granit avec des inscriptions des titres du grand roi Ramsès II en plus de nombreuses pièces d’une statue du dieu soleil, Rê-Horakhty.
« Bien que les découvertes effectuées soient de petits fragments, leur importance historique est d’une grande valeur », souligne Aymane Achmawi, directeur du secteur des antiquités égyptiennes au ministère, soulignant que les pièces trouvées appartiennent à la statue colossale trouvée dans le même endroit il y a presque six mois. A rappeler qu’un buste d’une statue colossale avait été trouvé à Matariya au Caire et avait fait l’objet d’un grand débat autour de l’identification de son propriétaire. « La nouvelle découverte vient trancher l’affaire. La statue appartient définitivement au roi Psammétique Ier et pas à Ramsès II », assure-t-il.
Selon lui, le titre du roi Psammétique Ier est tracé clairement sur une partie du dos de la base découverte. La mission a également découvert 3 doigts magnifiquement sculptés de la même statue. « On compte actuellement 1 920 pièces en quartz de cette statue, et il est probable de découvrir près de 2 000 autres durant les prochaines saisons de fouille », dit-il.
« D’après ces fragments en granit, cette statue fera six mètres de haut, ce qui représente la plus grande découverte jusqu’à aujourd’hui », souligne Achmawi.
Les Lascaux du Nil à Abou-Subeira
Une mission archéologique égyptienne du ministère des Antiquités opérant sur un site de la vallée d’Abou-Subeira, au sud-est d’Assouan, a découvert des gravures prédynastiques remontant à l’époque paléolithique supérieure. « Ces inscriptions sont gravées sur des roches en grès. Elles représentent des scènes d’animaux sauvages : des hippopotames, des taureaux, des ânes et des gazelles », souligne Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA). Dirigée par Adel Kelany, la mission a également mis au jour les vestiges d’ateliers de fabrication d’ustensiles en pierre. Ces inscriptions sont les plus anciennes découvertes non seulement en Egypte, mais dans toute l’Afrique du Nord. Elles sont appelées les Lascaux du Nil, car elles ressemblent beaucoup à celles trouvées au sud de la France, de l’Espagne et de l’Italie. « Ces gravures confirment le déplacement de la civilisation et de l’art de l’Afrique vers l’Europe au cours des époques prédynastiques et vice-versa », renchérit Kelany, estimant que ce site est unique, vu le nombre de gravures qui s’y trouvent. « Cette région n’est pas encore accessible aux visiteurs, mais elle sera un important site archéologique et touristique si les autorités l’ouvrent au public », estime-t-il.
Wadi Abou-Subeira est une vallée sèche située à environ 12 km au nord de la ville d’Assouan. Elle s’étend sur 55 km2 dans le désert et est connectée à la mer Rouge. Elle offre une voie de passage à travers le désert oriental entre la Vallée du Nil et la mer Rouge. « Les découvertes dans la vallée de Subeira incluent dix sites qui remontent tous à la période prédynastique, soit à plus de 15 000 ans », indique Kelany.
Cette région du désert oriental sud comprend plusieurs vallées sèches où des missions archéologiques effectuent des travaux de fouille depuis les années 1930 et ont fait plusieurs découvertes. Les plus importantes ont été faites dans les années 1980. Il s’agit notamment de vestiges rupestres qui datent de la période prédynastique, la période pharaonique, puis de la période romaine. Depuis 2012, les missions archéologiques ont découvert d’anciennes carrières de même que d’autres scènes d’art rupestre et des ateliers qui datent de l’époque paléolithique.
Deux découvertes à Saqqara
La mission Archéologique Franco-Suisse (MAFS), dirigée depuis 2008 par Philippe Colombert de l’Université de Genève, vient de découvrir un obélisque et un pyramidion remontant à la VIe dynastie de l’Ancien Empire (2575-2134 av. J.-C.). Ils sont dédiés à la reine Ankhnes-Méri-Rê II, appelée aussi Ankhnes-Pépi II, et ont été découverts à l’est du complexe funéraire de celle-ci à Saqqara. « Cette découverte est importante, car elle concerne l’épouse du roi Pépi Ier, la reine Ankhnes-Méri-Rê II, qui a dirigé le pays à la place de son fils Pépi II (2265-2195 av. J.-C.), celui-ci ayant pris le pouvoir après son frère Merenrê II quand il n’avait que six ans », explique Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA). L’obélisque a été bâti en granit rose extrait des carrières de la ville d’Assouan et mesure plus de 2,5 m de haut. Sa partie supérieure fait 1 m et demi de haut. Ce dernier était recouvert d’une plaque de cuivre ainsi que d’une couche d’un autre métal précieux — probablement de l’or — dont le système de fixation se voit encore. Quant au pyramidion, construit en granit, il mesure 1,3 m de hauteur et 1,10 de largeur. « Le pyramidion est relativement grand par rapport à d’autres datant de la même époque. Il constitue le fragment d’obélisque en granit le plus grand remontant à l’Ancien Empire connu à ce jour. On estime sa hauteur originelle à 5 ou 6 m », indique Colombert.
Sur l'une des faces de l’obélisque, la mission a découvert une inscription en partie effacée. D’après Colombert, il s’agit d’un cartouche renfermant le nom du roi Néferkarê. « On ne peut pas encore dire avec certitude de quel roi il s’agit, puisqu’il y a eu plusieurs rois du même nom au cours de la VIe dynastie. Néanmoins, l’hypothèse la plus probable est qu’il s’agit du début du règne de Ankhnes Pépi II, qui a appelé son fils Pépi II Néferkarê », dit Colombert. Il souligne que l’obélisque était enfoui sous 3 m de déblais datant de différentes époques. « Nous n’avons pas encore pu déterminer l’emplacement d’origine de l’obélisque, car l’endroit où celui-ci a été mis au jour est très éloigné du complexe funéraire de la reine Ankhnes Méri-Rê II. Il a probablement été déplacé au cours des époques successives et pendant le Nouvel Empire », explique Alaa Al-Chahat, vice-président du secteur des antiquités égyptiennes.
La découverte de l’obélisque est un nouveau succès pour la mission franco-suisse, qui fouille les alentours de la pyramide de Pépi Ier depuis 1987 et a déjà mis au jour le complexe de la reine Ankhnes Méri-Rê II au début de ce siècle. « La mission va faire d’autres recherches sur la nécropole royale d’Ankhnes Méri-Rê pour trouver la partie inférieure de l’obélisque », conclut Aymane Achmawi, directeur du secteur des antiquités.
La tête d’Akhenaton, enfin déterrée
La mission archéologique égypto-britannique, de l’Université de Cambridge, a mis au jour, à la cité de Amarna dans le gouvernorat de Minya, une petite tête en gypse d’une statue du roi Akhenaton (1353-1336 av. J.-C.). « Cette découverte a eu lieu pendant les travaux de fouille et de réaménagement dans la première salle du grand temple d’Aton », déclare Moustapha Waziri, secrétaire général du CSA. « Cette découverte est importante parce qu’elle jette la lumière sur cette ville antique qui était la capitale de l’Egypte sous le règne du roi Akhenaton, dixième pharaon de la XVIIIe dynastie qui représente l'une des périodes les plus controversées de l’histoire de l’Egypte antique », souligne Waziri. Le grand temple ou maison d’Aton était le principal lieu de culte religieux dédié au disque solaire. Akhenaton est devenu pharaon à l’âge de 15 ans, et son règne a duré 19 ans. Il était l’unique fils d’Aménophis III et de Tiy. Il se fait couronner sous le nom d’Aménophis IV (celui qui satisfait Amon) puis, vers la quatrième année de son règne, il commence une période unique de l’histoire de l’Egypte antique en établissant un nouveau culte, et en rompant avec la tradition de la diversité des divinités. Débute alors une nouvelle ère où l’on a imposé Aton comme seul dieu. Aménophis est considéré comme l’inventeur du monothéisme dans le monde. Et depuis, il est devenu Akhenaton (celui qui est bénéfique pour Aton). Il a quitté Thèbes, capitale de l’Empire, a siégé au temple d’Amon à Karnak, et a construit une nouvelle ville, à 320 km au nord, qu’il a appelée Akhet-Aton (horizon d’Aton), appelée aujourd’hui Tell Al-Amarna.
Des palais et des temples
Cette ville comprend des ateliers, des palais, des temples, des tombeaux magnifiques et des banlieues, tout au long de la rive est du Nil. « Tell Al-Amarna, qui est située à 60 km au sud-est de Minya, est un important site archéologique qui renferme encore beaucoup de secrets, surtout qu’il renferme également des sites qui n’ont pas encore été étudiés », explique Mohamad Abdel-Raféi, directeur de l’administration centrale des antiquités au ministère des Antiquités. Construites en brique crue, plusieurs fondations de cette grande cité sont en ruine. L’objectif de la mission britannique est de révéler d’autres secrets de cette cité, et aussi de conserver le site et de bien l’étudier. « Cette mission continuera ses excavations durant les prochaines saisons de fouille sur plusieurs sites, comme le village d’Al-Ahgar, la ville des ouvriers et le palais du nord », affirme Gamal Al-Semestawi, directeur général des antiquités de la Moyenne-Egypte.
Cette mission, présidée par l’égyptologue et l’archéologue Barry Kemp, a effectué des fouilles à Tell Al-Amarna de 1977 jusqu’en 2008. Elle a également mené des travaux de restauration dans le petit temple d’Aton, ainsi qu’au palais du nord. Depuis 2008, Kemp poursuit ses recherches sur la période amarnienne.
Lien court: