Echapper à la canicule estivale au sein de la capitale égyptienne, c’est désormais possible. Il suffit de se promener sur la corniche du Nil au pont Aboul-Ela jusqu'à celui de Qasr Al-Nil, descendre quelques marches d’escaliers pour jouir d’un superbe climat frais et ravivant. Là, sur la rive du Nil, et entre ces deux ponts, une allée d’environ 3 km. Ce passage est réalisé par le gouvernorat du Caire, dans le cadre du développement de la corniche du Nil. Consacré aux piétons, ce chemin est orné de verdure, des bassins tous les 100 m. Depuis sa construction, ce passage est devenu la balade préférée de différents types de promeneurs : amis, familles, couples, cyclistes, amateurs de pêche et de photographie, ou tout simplement des personnes qui cherchent un peu de tranquillité et de calme. « Ici, c’est la sérénité et le plaisir », affirme Fatma, femme au foyer, qui a emmené ses enfants à la recherche d’un peu de repos après une longue journée fatigante. Pour elle, cette allée offre tout ce qu’il faut, loin de la rue principale, du bruit, des klaxons, des voitures, et surtout des dangers, elle est tout à fait apaisante. « Je ne suis pas inquiète. Les enfants peuvent jouer, courir et se divertir sans risque », reprend-t-elle. Parfois, Fatma y reste toute la nuit jusqu’à l’aube et la levée du soleil. « Voir le lever du jour, les premières lueurs de l’aube qui se reflète sur le Nil abonde mon âme d’espérance », continue-t-elle.
Activités multiples
La pêche et la natation sont les activités les plus aimées sur la corniche du Nil.
Si l’allée est attractive dès les premières heures du jour, son charme augmente au crépuscule. Vers 18h, le soleil tend ses rayons, et offre sa teinture dorée à la Tour du Caire, aux bâtiments et hôtels riverains, aux navires et aux felouques, et encore aux arbres et palmiers. Un paysage dont on admire les reflets sur l’eau du Nil. Une ambiance romantique propice aux amoureux en quête de discrétion. Une ambiance également sereine propice aux cyclistes qui viennent pratiquer leur hobby. Il y a même ceux qui font un petit plongeon dans le Nil. Un groupe de jeunes hommes de 16 ans se préparent pour nager. « Je viens ici fréquemment avec mon cousin et mon ami, en quête de l’air pur, loin de la pollution », dit le jeune Youssef, qui habite l’un des villages de Guiza. Pour lui, malgré le charme de la campagne et sa verdure, le Nil a sa particularité. « J’aime m’amuser et jouer avec mes collègues sur la rive du Nil. C’est ma promenade préférée », souligne-t-il. Plus loin, une jeune fille installée sur une chaise, un magnétophone aux oreilles, crée ainsi un monde privé et particulier. Ses yeux sont fixés aux vagues douces du Nil. Personne ne la dérange. A la fin de son excursion, elle jette tous ses malheurs au fond du Nil. Et retourne chez elle apaisée. La nouvelle allée accueille aussi les plus âgés. Des retraités qui profitent de leur temps libre pour accompagner leurs petits-enfants ou venir seuls.
La pêche et la natation sont les activités les plus aimées sur la corniche du Nil.
Mais c’est aussi l’occasion de faire du business. Cette heure est aussi propice pour les vendeurs et vendeuses et leurs fils de la voie. Chacun d’eux, équipements en main, descendent habilement la pente avec bravoure et remontent pour ramener les chaises sur lesquelles les clients vont s’installer. Une parfaite acrobatie effectuée en plein air. « Nous vendons des boissons froides et chaudes, des sodas, du thé, du café, mais aussi le pois chiches aux épices », dit Mohamad. Le jeune vendeur Essam, originaire de Charqiya, sert à ses clients en faisant cette acrobatie. Beaucoup de sa clientèle suit de vue ce jeune homme équilibré malgré la dureté de la pente rocheuse. Un autre vendeur verse de l’eau sur l’allée avant de poser les chaises. On peut aussi acheter des biscuits. Mais jamais de maïs grillé ou de pain et oeuf. Cette nourriture traditionnelle de la corniche égyptienne garde toujours sa place, mais dans le nouveau passage.
Mohamad, ustensiles en mains, acrobatie subtile sur la corniche.
Cette allée attire aussi les touristes. Voilà deux jeunes filles d’Azerbaïdjan assises sur les marches. Plat de poulet en main, elles sont entourées de 5 petits chats qui attendent les os et les miettes. « J’aimerais les emmener chez moi. Hélas ma mère déteste les chats », avoue l’une. Quant à l’autre, elle a préféré continuer son plat silencieusement. Pour elles c’est mieux de prendre le repas tranquillement en plein air au lieu de leur pièce à l’hôtel. L’allée est une promenade convenant à tout le monde. Autrefois, le Nil inspirait poètes et romanciers. Aujourd’hui, c’est le refuge de tout un chacun.
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