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Lumière sur le centre d'études alexandrines

Doaa Elhami, Mardi, 30 mai 2017

L'Egypte célèbre cette semaine la Journée de l’archéologie française. A cette occasion, l'Institut français du Caire organise une exposition retraçant l'histoire du Centre d'études alexandrines. Tour d'horizon.

Lumière sur le centre d
Fouilles, exposition et autres différentes activités du CEAlex. Ici l'exposition Tramways d’Alexandrie, devant la gare.

Pour célébrer la Journée de l’archéologie française en Egypte, l’Institut français du Caire accueille une exposition de photographies retraçant l’histoire des travaux du Centre des études alexandrines.

Environ 30 panneaux bilingues (français-arabe), comprenant une centaine de photographies, retracent les différentes activités du Centre d’Etudes Alexandrines (CEAlex) depuis son installation à Alexandrie en 1990 par Jean-Yves Empereur, directeur de recherche au CNRS. Le CEAlex « a pour mission d’étudier l’histoire d’Alexandrie à travers tous les documents qui illustrent son destin exceptionnel », lit-on sur le panneau qui ouvre l’exposition. Afin d’atteindre cet objectif, le centre développe trois points : les fouilles préventives, la mise en valeur du patrimoine et l’étude de l’histoire de la ville. A son arrivée, le visiteur découvre sur de grands panneaux didactiques les travaux effectués par le centre à Kom Al-Choqafa, dans le Phare d’Alexandrie, à Anfouchi, et dernièrement, sur les sites Académia et Kom Al-Bahig.

Voyage à travers les âges

Lumière sur le centre d
Fouilles, exposition et autres différentes activités du CEAlex. Ici l'exposition Tramways d’Alexandrie, devant la gare.

« Les fouilles préventives, qui servent à protéger le patrimoine, commencent à la surface, traversent les strates sédimentaires datant de Mohamad Ali, des trois siècles de pouvoir ottoman, des dynasties médiévales, des Mamelouks et des Omeyyades, jusqu’à atteindre les strates byzantines, romaines et enfin grecques », explique Marie-Dominique Nenna, directrice du CEAlex et spécialiste de la période gréco-romaine. Pour elle, les chantiers de fouilles sont vraiment compliqués, « puisque l’on peut rencontrer sur la même couche des vestiges datant de l’époque médiévale et grecque, par exemple ». Parmi les campagnes de fouilles préventives, se trouve celle du quartier de Smouha représentée sur l’un des panneaux de l’exposition. Le CEAlex y avait dégagé un sanctuaire. Sur le même panneau, on découvre les photos de la salle à manger d’une maison alexandrine datant du IVe siècle av. J.-C. Et sur un autre panneau, une très belle carte de l’antique cité d’Alexandrie, réalisée par Mahmoud pacha Al-Falaki en 1872, indique les zones d’activités du CEAlex.

A travers ces photographies, le visiteur peut avoir une idée des fouilles sous-marines effectuées par le centre à la recherche du Phare d’Alexandrie, l’une des 7 merveilles du monde. En 1994, l’équipe du CEAlex avait commencé à étudier les blocs de pierre du phare, détruit en 1303, puis remplacé par la Citadelle de Qaïtbay. Depuis le début des travaux, « les archéologues ont documenté environ 3 500 éléments de décor et d’architecture, en granit, en quartzite, en marbre, en grawacke, ou encore en plomb ou en bronze », précise le panneau d’information. Les photographies montrent le déplacement des blocs, leur nettoyage ou encore leur relevé topographique. « Les études menées par le centre ont répondu aux nombreuses questions qui entouraient ce site exceptionnel », commente la directrice Nenna. Les ancres et les épaves découvertes témoignent par exemple de la prospérité du commerce maritime à ces époques lointaines.

Des sites surprenants

Lumière sur le centre d
Le site sous-marin de Qaïtbay, à la recherche de l'ancien Phare d'Alexandrie.

Les rives du lac Mariout sont également mises en avant dans cette exposition, qui présentent la presqu’île de Marea, l’Académia, et le dernier chantier de fouilles de Kom Al-Bahig. La région entourant le lac est une région agricole qui intéresse spécialement l’équipe du CEAlex. En 2016, les fouilles opérées dans cette zone ont donné de très bons résultats. Sur la presqu’île de Marea, les chercheurs ont découvert trois maisons-tours hellénistiques et à Académia, des vestiges d’une villa agricole du Ier et IIe siècles de notre ère où des pressoirs et de très grands fours attestent « d’une importance de l'industrie vinicole dans la région », reprend la directrice. Un complexe d’irrigation constitué d’une saqia et d’un aqueduc datant de l’époque romaine tardive a également été découvert.

Quant à Kom Al-Bahig, l’équipe d’archéologues a mis au jour des habitations appartenant à une période comprise entre les IVe et IIe siècles avant notre ère. « Ces installations ont été construites avant même la fondation de la ville par Alexandre le Grand », commente la directrice, passionnée.

Le CEAlex a travaillé sur la ville médiévale qui date de la conquête arabe jusqu’à la fin de la période mamelouke. Un panneau expose une carte du lac Mariout sur laquelle sont indiquées toutes les fortifications qui ont été érigées au fil des siècles, dont la plus importante est la Citadelle de Qaïtbay et sa double muraille flanquée de tours entourant la cité. Les archéologues la nommaient le château-fort.

L’exposition couvre également les travaux de restauration réalisés dans les catacombes de Kom Al-Choqafa, d’Anfouchi et le dépôt de challalate où sont conservés les vestiges découverts lors des fouilles du CEAlex. Ces photographies nous permettent de voir les laboratoires d’analyse, ceux de reconstitution de mosaïques ou d’objets précieux, et nous révèlent le travail minutieux et titanesque de l’équipe du CEAlex.

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