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Farida la reine de l’ombre

Doaa Elhami, Lundi, 22 mai 2017

Farida, la couronne et l’art de Loutès Abdel-Karim est un livre qui met en lumière la reine d’Egypte, épouse du roi Farouq. Passionnant et hautement illustré, il ouvre les portes de la vie d’une grande dame.

Farida la reine de l’ombre

« Farida », signifiant l’unique, est le nom attribué à Safinaz Zoulfoqar par le roi d’Egypte et du Soudan Farouq Ier, lorsqu’il avait décidé de l’épouser en 1938.

L’auteure de Farida, la couronne et l’art est Loutès Abdel-Karim, fondatrice du magazine culturel Al-Chomoue (les bougies) et amie intime de la reine.

C’est ainsi que Loutès Abdel-Karim a dévoilé plusieurs moments de la vie de sa majesté, des instants de joie et plusieurs autres de souffrance, de faiblesse et de douleur. Ce livre « éternise ses oeuvres artistiques, leurs diverses phases, accompagnées de textes explicites adéquats sans mentionner sa vie personnelle », écrit l’auteure dans son livre.

Farida la reine de l’ombre

Publié en grand format, le livre se compose de 455 pages et est réparti en trois sections essentielles : Un texte explicatif de la vie de la reine, ses photos, depuis son enfance jusqu’à ses derniers jours, et enfin ses oeuvres artistiques variées entre peintures à l’huile et aquarelles accompagnées de notes explicites.

Safinaz Zoulfoqar, la future reine d’Egypte Farida, appartenait à la noblesse. Elle est la fille de Youssef Zoulfoqar pacha, agent de la Cour d’appel mixte, fils de Ali pacha Zoulfoqar, gouverneur de la capitale égyptienne, Le Caire, et de Zeinab Hanem, fille de Mohamad Sayed qui a occupé le poste de premier ministre à plusieurs reprises. Son oncle maternel est le peintre alexandrin de renommée Mahmoud Sayed. Elle est née le 5 septembre 1921 au palais de son grand-père maternel qui se trouve dans le quartier alexandrin Janaklis. Le lecteur découvre aussi certaines photos qui reflètent la jeune Safinaz pendant son enfance. « Son père, pianiste habile, a transmis ses prouesses à sa fille. Safinaz appartient à une famille artistique par excellence », note l’auteure.

Farida la reine de l’ombre

En 1937, Safinaz fête ses fiançailles avec le roi d’Egypte. Elle avait 17 ans. A partir de cette date, Safinaz est devenue la reine Farida, « l’aimée du peuple ». Les préparatifs du mariage ont duré 6 mois. Ce mariage, qui a duré 10 ans, est marqué, à travers l’ouvrage, par des voyages officiels et touristiques, des cérémonies et des festivités et la naissance de trois filles : Férial, Fawziya et Fadia. Cette période était suffisante pour que la reine devienne « l’aimée du peuple » par excellence. Ses activités sociales étaient innombrables. Ses photos montrent un sourire.

Malgré cette allure joviale, la reine Farida a connu beaucoup de souffrance durant toute sa vie. Son mariage n’était pas au beau fixe : « Nazli me détestait. Farouq ne voulait pas divorcer. Mais il était contraint de signer le contrat de séparation pour qu’il soit dans leurs mains », a avoué la reine à l’auteure. Farida était en fait une reine sans trône. La voilà qui envoie un télégramme de félicitations au roi Farouq à l’occasion de la naissance de son fils Ahmad Fouad de sa seconde épouse, Nariman. En réaction, la reine Farida a reçu un télégramme de remerciement. Malgré cette séparation, l’amour trouvait toujours sa place. Le roi lui offrait beaucoup de domaines, des parures et des palais, et n’a rien restitué après le divorce. D’ailleurs, les dernières semaines de la vie de la reine « je l’accompagnais et l’écoutais longtemps dans son appartement. A ce moment seulement, j’ai su qu’elle était retournée comme épouse à Farouq dans son asile. Information assurée par sa fille Férial qui m’a dit : Toi et moi, nous sommes les seules qui connaissent cette vérité, » retrace l’auteure dans le livre.

Farida la reine de l’ombre

Tous ses biens ont été confisqués après la Révolution du 23 Juillet 1952. « Même le palais que son père lui avait bâti après la séparation conjugale a été confisqué », reprend l’auteure avec amertume. « Farida n’était pas membre de la famille royale pour qu’on lui confisque ses biens ». La reine était aussi interdite de quitter l’Egypte jusqu’en 1963. Elle a alors été obligée de louer un petit appartement et d’installer son atelier à Maadi afin de se consacrer à la peinture. « Le royaume et la couronne disparaissent. Mais l’art est éternel. C’est ce qu’elle disait », écrit encore Loutès Abdel-Karim dans son livre. Farida a réalisé beaucoup d’oeuvres sur le Nil, les ruelles, les paysans et les paysannes. « Elle préférait le calme et le silence. Malgré l’injustice qu’elle éprouvait, elle ne se plaignait jamais », ajoute l’auteure.

Loutès Abdel-Karim a installé un musée temporaire à l’atelier de la reine grâce à l’héritage de la petite-fille de Farida, Yasmine. Ce musée renferme les passeports de la reine et de sa mère, des photos familiales, des médailles, surtout des documents auditifs de ses entretiens à la radio.

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