« Ayez pitié du tourisme », crient les guides touristiques, après la déclaration du ministre de l’Aviation civile, Waël Al-Maadawi, selon laquelle « dès le début du mois de juin prochain, deux des trois pistes de l’aéroport international du Caire seront fermées à partir de 1h30 pendant 4 heures, afin d’économiser de l’énergie ». Seule la piste du Terminal 3 de l’aéroport, l’un des plus importants du Moyen-Orient, restera ouverte 24 heures sur 24. « Ils n’ont pas le choix. C’est une réglementation mondiale qui force les aéroports à faire travailler au moins une piste pendant la nuit », assure Adel Zaki, responsable des affaires étrangères à la Chambre égyptienne des compagnies touristiques. Et d’ajouter : « De telles décisions impliquent de longues études basées sur des recherches scientifiques ». Cette décision affectera-t-elle le tourisme ? Le secteur est fortement affecté surtout après l’accident de la montgolfière à Louqsor et les grèves des travailleurs ayant provoqué la fermeture, il y a 10 jours, du deuxième grand aéroport égyptien à Borg Al-Arab. « Soyons francs. Ce n’est pas la fermeture de l’aéroport la nuit qui va provoquer la chute des revenus du tourisme, mais plutôt les troubles et l’instabilité politique », affirme Magdi Abdel-Hadi, président de la compagnie Holding des aéroports égyptiens.
Le ministre du Tourisme, Hicham Zaazoue, a refusé d’appliquer cette décision dans les aéroports des stations balnéaires de la mer Rouge ainsi qu’en Haute-Egypte. « La plupart des compagnies aériennes ont recours à des vols charters directs pour les villes touristiques en Egypte. La plupart de ces vols sont effectués entre minuit et l’aube », a déclaré Zaazoue. Il a également exprimé son refus d’appliquer cette fermeture dans les aéroports des provinces. « Cela serait nuisible aux entreprises et aurait sans doute un mauvais impact sur le tourisme », dit-il.
Pourtant, les responsables de l’aviation affirment, eux, qu’une fois approuvée par le gouvernement, la décision sera appliquée dans tous les aéroports même si un ou deux avions seulement atterrissent pendant la nuit. « Cette décision n’est pas claire et peut nous coûter cher », affirme Adel Zaki. Et d’ajouter : « Les compagnies touristiques ne vont pas chercher des interprétations et des explications de ce règlement et elles vont tout simplement annuler leurs vols pour l’Egypte ».
Le ministre de l’Aviation avait justifié la décision en affirmant que l’une de ses causes réside dans le fait que « les revenus de l’aéroport ne sont pas suffisants pour couvrir les dépenses engendrées par son ouverture permanente ».
Il est à noter que durant les mois passés, certaines compagnies aériennes opérant à partir des aéroports égyptiens ont réduit leurs vols, tandis que d’autres ont suspendu complètement leurs services à partir de l’Egypte.
« Un nombre limité de vols — pas plus que 7 — sera transféré du Terminal 1 au Terminal 3, lorsque l’ancien aéroport sera fermé la nuit », affirme Abdel-Hadi.

Les responsables des compagnies aériennes à l’aéroport refusent l’idée et se demandent qui va assumer les dépenses liées à la création des nouveaux bureaux. « Qui va payer les frais d’un deuxième bureau de services ? », interroge Ahmad, employé dans une compagnie aérienne à l’aéroport. D’après les autorités de l’aéroport du Caire, d’autres bureaux bien équipés seront créés par la direction de l’aéroport pour accueillir les compagnies. « La décision est ambiguë, on ne sait pas exactement ce qui va être fait », affirment certains employés de compagnies aériennes. Selon le ministre, ce changement n’affectera pas le service surtout que les compagnies aériennes seront averties des changements un mois et demi en avance. Cette mesure ne touche pas toutes les compagnies aériennes. Les lignes royales jordaniennes ont assuré qu’elles ne seraient pas touchées par l’application de ces nouvelles mesures dans les aéroports égyptiens. « Nous n’avons que 4 vols par jour qui sont tous le matin. Alors pas de problème. Les compagnies qui seront le plus touchées sont celles qui ont des vols de grande distance en provenance de l’Afrique, de l’Europe ou des Etats-Unis », déclare Mona, qui travaille au bureau de la Compagnie jordanienne d’aviation.
L’ancien ministre de l’Aviation, Ahmad Chafiq, a critiqué la décision lors d’un entretien télévisé : « Les crises ne sont pas gérées de cette manière, car notre aéroport est une plaque tournante pour le trafic aérien dans la région et un point de liaison entre plusieurs continents ».
Les aéroports ont difficilement échappé aux coupures de courant électrique, car ils ont des générateurs à courant alternatif, mais « on ne pourra pas tenir longtemps », affirment les ouvriers des terminaux. D’après les responsables, cette mesure est nécessaire pour économiser l’énergie à un moment où le pays est affecté par une pénurie de carburant qui s’aggrave de jour en jour.
Magdi Saleh, chef de la Chambre des agences de voyages à la région de la mer Rouge, affirme que le tourisme égyptien souffre et ne supporterait pas d’autres crises. « Ces dernières décisions sont vraiment choquantes et auront un impact négatif sur le tourisme en Egypte », conclut-il.
Les aéroports égyptiens où la décision de fermeture nocturne sera appliquée
Aéroport international :
— Le Caire
— Alexandrie
— Borg Al-Arab, d’Alexandrie
— Charm Al-Cheikh
— Taba
— Hurghada
— Assiout
— Louqsor
— Assouan
Aéroports internationaux et régionaux :
— Al-Arich
— Sainte-Catherine
— Abou-Simbel
— Sohag
Infos en bref
— Egyptair a annulé ses vols vers le Japon.
— 5 compagnies ont arrêté ou modifié leurs vols vers l’Egypte suite à la diminution du nombre de passagers.
— Un plan d’élargissement de l’aéroport de Port-Saïd pour servir la région industrielle est actuellement en cours.
— La compagnie égyptienne Smart (low-coast) commencera en juin prochain ses vols vers Djeddah (Arabie saoudite) et Istanbul (Turquie).
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