La colossale statue découverte la semaine dernière à Matariya, serait-elle celle de Psammétique Ier et non de Ramsès II ? Une question que se posent les archéologues depuis que le ministère des Antiquités a annoncé que la statue pourrait appartenir à Psammétique Ier, lors de la conférence de presse tenue au Musée égyptien du Caire jeudi 16 mars. Lors de sa découverte, les responsables étaient presque certains que la statue appartenait au grand roi Ramsès II, surtout que la trouvaille a eu lieu aux abords de son temple à Matariya.
« Quatre inscriptions en hiéroglyphes gravées sur le dos de la statue de 8 mètres de haut indiquent sans doute que cette statue est celle du roi Psammétique Ier qui a régné entre 664 et 610 av. J.-C. », affirme Khaled Al-Anani, ministre des Antiquités. L’archéologue allemand, Dietrich Raue, chef de la mission, soutient la même théorie. « Après avoir extrait la statue des eaux, l’avoir nettoyée et examinée de près, nous avons constaté, grâce à ces inscriptions, que cette statue appartenait à Psammétique Ier. Le malentendu sur l’origine de la statue est légitime, puisque celle-ci a été découverte près des ruines du temple de Ramsès II, et vu les dimensions colossales de cette statue et l’importance jouée par Ramsès II dans l’histoire du pays, il était logique de croire qu’elle lui appartenait », explique-t-il.
La polémique s’installe
Le ministère des Antiquités a officiellement annoncé l’origine de cette statue, comme étant celle du pharaon Psammétique Ier. Mais cette version ne convainc pas tout le monde. Certains égyptologues s’opposent à cette analyse. Parmi eux se trouve l’égyptologue Zahi Hawas. « C’est à l’époque des Ramessides, surtout sous le règne de Ramsès II, que les statues avaient cette taille et cette forme », souligne Hawas. Une observation partagée par l’égyptologue et directeur du temple de Ramsès II à Abou-Simbel, Ahmad Saleh. « J’ai comparé les premières photos des pièces découvertes aux statues appartenant à Ramsès II et la ressemblance est frappante », souligne-t-il. « La seule forme de cette statue ne peut confirmer ses origines », se défend le ministre. Il a rappelé que la partie supérieure de la couronne était ovale et dépourvue de cobra ou de vautour, éléments récurrents habituellement dans la période des Ramessides. « D’autres indices sont révélateurs. La forme de l’oeil et de l’oreille ne ressemble pas à ceux de Ramsès, l’os reliant l’épaule gauche et le cou est plutôt proéminent, ce qui paraît anormal pour une statue représentant Ramsès II », explique Al-Anani.
Ayman Achmawi, directeur égyptien de la mission opérant sur place, préfère, lui, attendre l’achèvement des fouilles pour se déclarer. « Il est encore trop tôt pour trancher. Dans les prochains jours, lorsque nous aurons extrait le socle ou le reste des parties de cette statue, nous pourrons résoudre cette énigme », dit-il.
Cette polémique rappelle l’importance de cette découverte et la richesse du site dans lequel elle a été faite.
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