Le buste de la statue encore plongé dans l'eau. (Photo : Magdi Abdel-Sayed)
Dans le quartier de Matariya au nord-est du Caire, la mission égypto-allemande, opérant sur le site de Souq Al-Khamis (le marché du jeudi) depuis 2012, a sorti de terre, ce jeudi 9 mars, la partie supérieure d’une statue représentant très probablement le pharaon Ramsès II. La pièce découverte représente la couronne royale ainsi que l’oreille, l’oeil droit et une partie d’un visage. «
Cette découverte est l’une des plus importantes jamais faites près des ruines du temple de Ramsès II situé dans la ville antique de Oun, soit l’actuelle Héliopolis », souligne Ayman Achmawi, responsable égyptien opérant avec la mission sur différents sites archéologiques de Matariya depuis 2006.
Opération délicate
L’équipe d’archéologues se prépare maintenant à ressortir la deuxième partie de la colossale statue. « Nous sommes en train de mettre en place le protocole de travail qui nous permettra de soulever la deuxième grande partie de cette statue submergée dans les eaux souterraines », reprend Achmawi. Cette gigantesque statue fait près de 8 m de hauteur et pèse plus de 24 tonnes. Elle fait partie des cinq statues qui se trouvaient à l’entrée du temple que le pharaon avait fait construire à son effigie à Oun. Selon le directeur allemand de la mission, Dietrich Raue, les pièces mises au jour sont en quartz et proviennent de la montagne rouge située non loin du site archéologique. « Ces pièces découvertes sont de nouveaux éléments confirmant la présence d’un temple construit sous le règne du grand pharaon de la XIXe dynastie, Ramsès II (1279-1213 av. J.-C.) », rappelle-t-il. « Cette découverte est la plus importante et la plus belle de ma vie scientifique », précise-t-il, ému.
L’équipe archéologique poursuit ses fouilles à la recherche de la base de la statue ou d’autres fragments. « Nous avons déjà fouillé 95 % du site. Donc nos chances se réduisent. Les pièces découvertes seront transférées au Grand Musée égyptien, où elles seront restaurées, regroupées puis exposées au public lors de l’inauguration de cet important projet, prévue pour 2018 », souligne Raue.
Héliopolis : la cité culte
La couronne de la statue de Ramsès II est découverte à Matariya. (Photo : Magdi Abdel-Sayed)
Outre la statue colossale de Ramsès II, le site de Oun a révélé d’autres trésors dont un buste de 80 cm d’une autre statue appartenant au roi Séthi Ier (1274 à 1279 av. J.-C.), sculpté avec finesse dans une roche de calcaire. Selon Achmawi, cette découverte montre la grandeur du temple solaire qui regroupait des structures gigantesques, des colosses, des obélisques et inscriptions prestigieuses. A noter que la cité d’Héliopolis, dont le nom grec était Oun, soit « la maison du soleil », était la capitale religieuse du pays pendant l’Ancien Empire et le centre du culte du dieu Rê, le dieu égyptien du soleil. « Cette vieille ville, qui remonte à la Ve dynastie, a presque disparu sous la ville moderne. Aujourd’hui, il n’en reste que des traces, à l’exemple de l’obélisque de Sésostris Ier de la XIIe dynastie du Moyen Empire, qui marquait sans doute l’entrée du temple », dit-il.
Le travail sur ce site passionnant n’est pourtant pas facile. Plusieurs obstacles ont mis en péril la mission depuis ses débuts. « Nous avons affronté d’énormes difficultés liées à la surpopulation des lieux, aux eaux souterraines et à l’instabilité des sols sablonneux de cette région. C’est notamment la raison pour laquelle notre équipe archéologique n’a pu fouiller à plus de quatre mètres de profondeur », explique l’archéologue égyptien assurant que la plus ancienne couche découverte sur ce site remonte au célèbre pharaon Akhénaton qui a régné de 1355 à 1337 av. J.-C.
« Il n’y a que Ramsès, le Grand, troisième pharaon de la XIXe dynastie régnant pendant près de 66 ans, qui a pu construire ce temple. Il est presque deux fois plus grand que celui de Karnak à Louqsor », assure Achmawi. Dietrich Raue, quant à lui, rappelle que « le dieu soleil a créé le monde à Héliopolis, et plus particulièrement à Matariya ». Deux points de vue qui soutiennent la thèse que cette statue est bien une représentation du grand pharaon Ramsès II.
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