Hamdi Abdel-Moneim, chef des laboratoires de restauration du Musée d'art islamique.
Al-Ahram Hebdo : Comment se sont organisés les travaux de restauration des pièces endommagées et quels en sont les résultats ?
Hamdi Abdel-Moneim : L’explosion était très forte, mais 95 % des pièces endommagées ont retrouvé leur splendeur, ce qui est excellent. Sur les 179 pièces endommagées, il n’en reste que 10 gravement détériorées. Celles-ci n’ont pas pu être totalement restaurées car certaines de leurs parties ont été perdues. Je me rappelle très bien, le lendemain de l’explosion, je me suis tout de suite engagé, avec une équipe de 25 restaurateurs, afin de regrouper toutes les pièces endommagées et d'emballer celles qui n’ont pas été touchées pour les stocker. On a commencé notre travail de restauration trois jours après l’explosion.
Des pièces en verre et en céramique étaient très endommagées ainsi que quelques monuments en bois comme le mihrab de la mosquée d’Al-Azhar, et celui du mausolée d’Al-Sayeda Roqaya. Avec l’équipe, nous avons alors tout regroupé et numéroté les pièces pour la classification.
— Comment avez-vous sauvé le mihrab du mausolée d’Al-Sayeda Roqaya ?
— Toutes les parties du mihrab étaient démontées. Pour regrouper les différentes parties, nous avons eu besoin de photos du monument sous tous les angles. Heureusement, une professeure de l’Université américaine avait les clichés nécessaires et nous les a fournis. D’autres conservateurs nous ont également aidés avec des photos d’archives de diverses pièces. Et c’est ainsi que nous avons pu reconstruire le mihrab.
— Combien de temps vous a-t-il fallu pour exécuter ce travail ?
— On a réussi à terminer les travaux de restauration en un an seulement avant même d’entamer la restauration du reste du bâtiment.
— Est-ce que des pays étrangers ont participé aux travaux de restauration ?
— Après des mois de travail, nous avons finalement reçu des aides de pays étrangers. Nous avons ainsi fait des échanges avec l’Italie, les Pays-Bas et la France. Par ailleurs, l’Unesco nous a fourni une somme 100 000 dollars afin de développer le laboratoire de restauration, et les Emirats arabes unis nous ont alloué une aide financière de 50 millions de L.E. pour la restauration intérieure du musée. L’USAID et la Suisse ont aussi collaboré financièrement pour la restauration extérieure du bâtiment.
— Des résidus de colle et des fissures apparaissent clairement sur quelques pièces restaurées, est-ce normal ?
— Bien que ces fissures affectent parfois l’aspect esthétique du monument, elles donnent selon moi une valeur supplémentaire à l’objet. L’histoire de ces pièces est longue et ces récents défauts en font partie.
— Au cours de votre travail, quel a été votre plus grand défi ?
— Le plus dur a été l’état psychologique de l’équipe avec laquelle je travaillais. Je devais faire preuve d’un double effort, non seulement travailler sur la restauration des pièces, mais aussi encourager les restaurateurs et leur apporter une énergie positive.
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