Dans l’histoire de l’Egypte Ancienne, le concept de défense face aux attaques venues des territoires voisins était très primitif. Petit à petit, les pharaons ont dû se doter d’une armée organisée. Or, les Egyptiens étaient davantage des paysans que des guerriers. Afin d’assurer leur protection, d’élargir leurs territoires ou encore d’assurer le contrôle de lointaines colonies, la formation d’une armée professionnelle devenait indispensable. Au cours des siècles, l’Egypte a également été souvent l’objet de convoitises de la part de différents peuples en raison notamment de la grande fertilité de ses terres.
Avec l’unification du nord et du sud, le roi Narmer, fondateur de la première dynastie et unificateur de l’Egypte en 3000 av. J.-C., crée la première esquisse de ce que allait être la future armée. « A la fin de l’Ancien Empire, l’armée était composée exclusivement de fantassins placés sous la bannière d’un seul souverain. Il n’y avait pas d’équipements lourds. Seulement des arcs ou des flèches », explique l’archéologue Ahmad Saleh.
De la défense à l’attaque
Afin de maintenir la stabilité du gouvernement, de pouvoir lutter contre tout risque d’invasion ou pour organiser des expéditions, le monarque avait besoin d’une armée efficace et bien entraînée. Avec la politique de conquête menée par les pharaons, surtout au Moyen et au Nouvel Empire, l’armée a évolué et la conscription a été introduite, permettant de mobiliser rapidement les troupes nécessaires à l’effort de guerre.
Vers la XVe dynastie, le pays a subi de nombreuses attaques d’un ennemi venu d’Asie : les Hyksos. Le lancement d’une contre-attaque était indispensable. Après plusieurs tentatives de les expulser, Ahmosis premier roi de la XVIIIe dynastie regroupe un grand nombre de soldats. Il utilise des chars semblables à ceux des Hyksos et les poursuit jusqu’aux portes de l’Egypte. Saleh précise : « Le vrai développement militaire a eu lieu pendant la XVIIIe et la XIXe dynasties ». Les récits de combats sont nombreux et documentés. Les plus célèbres sont ceux de Thoutmosis III ou encore les campagnes contre les Hittites de Ramsès II, notamment la fameuse bataille de Qadesh.
Un système militaire très organisé
L’armée égyptienne fut une institution très organisée. « Jusqu’à nos jours, de nombreux experts étudient le système complexe de l’armée égyptienne », assure l’archéologue.
« Au sein de l’armée, la hiérarchie était fortement organisée. Les soldats étaient regroupés en divisions d’environ 5 000 hommes. Puis, ils étaient divisés en quatre groupes, dont chacun portait le nom d’un dieu : Seth, Amon, Rê et Ptah. Le pharaon commandait la division d’Amon », explique Ahmad Saleh. Un chef militaire avait la charge des autres divisions. Il était entouré de sous-chefs qui avaient la responsabilité des sous-unités. Comme à notre époque, un symbole figurant sur l’uniforme indiquait le grade de l’officier.
Il y avait aussi différentes spécialités militaires comme les conducteurs de chars, une discipline apparue pendant la période du Nouvel Empire, inspirée probablement des Hyksos. Les fantassins constituaient le plus gros des troupes pharaoniques, prêts à se battre jusqu’à la mort pour leur dieu. Il y avait ensuite les archers : la branche la plus redoutée des ennemis, ils inspiraient une réelle crainte. Et enfin, les instructeurs affectés à la formation des jeunes soldats (combat rapproché, tir à l’arc, etc.).
Quant aux armes employées, elles étaient diverses et avaient évolué au fur et à mesure des conquêtes et de l’influence des différents ennemis.
En effet, les stratèges de l’armée égyptienne se sont inspirés des techniques utilisées par les civilisations conquises (dans le domaine de la métallurgie, par exemple). C’est certainement aux Hittites que l’on doit le passage des armes en bronze aux armes en fer au sein de l’armée égyptienne. Avant cela, ce sont probablement les Hyksos qui avaient répandu l’usage du char qui a été développé plus tard par les Egyptiens. Ce dernier allait devenir par la suite une arme redoutable de l’armée égyptienne. C’est en partie grâce à ces apports que les forces militaires de l’Egypte ont pu dominer toute la région du Proche-Orient pendant des siècles.
En dehors de son rôle de défense, l’armée constituait également un point essentiel pour l’économie royale. « Au cours de l’Histoire, l’armée égyptienne — comme aujourd’hui — avait sa propre industrie militaire ou non militaire. Elle a ainsi toujours joué un rôle particulier dans la vie sociale égyptienne », explique Saleh.
Du fait des conditions très rudes pendant les guerres, les Egyptiens ont fini par se détourner du métier des armes. C’est la raison pour laquelle, à partir de la XVIIIe dynastie, les pharaons ont commencé à faire appel à des soldats étrangers. En définitive, à la fin de l’ère pharaonique, le métier de soldat commençait à devenir de moins en moins populaire.
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