Dernier arrêt avant de pénétrer Wadi Al-Rayan et l’immensité du Désert Occidental, le minuscule village de Tounis, en bordure de l’oasis du Fayoum, surplombe tranquillement l’extrémité sud du lac Qaroun.
Les maisons et les maisonnettes de construction traditionnelle, en terre et en brique crue, se succèdent le long des 4 ou 5 rues de terre battue qui s’enchevêtrent pour faire une place au village au sein des champs cultivés. La complexité des senteurs déroute : un profond parfum d’océan se mêle à celui du vent du désert, la fraîcheur de l’eau qui vient irriguer les cultures s’oppose à l’odeur mate de la terre crue des murs …
A la fin des années 1970, une potière suisse s’est installée ici, et y a enseigné son art. A partir des années 1990, des intellectuels, des passionnés du désert, des Cairotes en mal d’un havre de paix, et petit à petit aussi des expatriés, sont venus s’installer. Qui en permanence, qui en résidence secondaire, qui comme « ami d’ami qui vient souvent le week-end ».
Derrière des murs d’enceinte de hauteur irrégulière, rehaussés de bougainvilliers, les maisons bruissent d’une intense activité artistique et amicale. Il suffit de pousser la porte et d’engager la conversation.
Connu et reconnu aujourd’hui comme le « village des potiers », avec ses nombreux ateliers et un musée, Tounis compte aussi un musée de la caricature, des marionnettistes, des vidéastes, des peintres et des écrivains. C’est aussi une villégiature de petits entrepreneurs. Il n’y a rien ici d’ostentatoire, sauf peut-être les éclats de rire à la veillée. Même les enseignes des hébergements et les restaurants se fondent doucement dans le décor.
Quelques bonnes tables
On dit qu’il n’y a pas vraiment d’infrastructures pour les touristes ici, pourtant il y a plusieurs hôtels, et quelques bonnes tables. Et surtout des chambres d’hôtes, où l’on a plus la sensation de passer un week-end chez des amis que d’être un simple client. Toutes les sorties vers les sites du Wadi Al-Rayan peuvent être organisées à partir d’ici : le désert commence à la fin du champ. A deux heures et demie de route du Caire.
Cela rappelle l’ambiance des villages d’artistes de France, ou de ces villages communautaires brésiliens, où les quelques habitants d’origine et leurs immigrants plus « intellectuels » ont développé une identité commune et particulière, qu’ils défendent conjointement tout en se laissant apprivoiser par les flâneurs de passage, auxquels ils offrent un aperçu de la beauté d’une vie cousue main. A découvrir le temps d’un week-end.
Lien court: