La balade en montgolfière est suspendue pour le moment à Louqsor.
Le tourisme égyptien a de nouveau été durement frappé cette semaine avec la mort de dix-neuf personnes dans un accident de montgolfière à Louqsor. Mardi 26 février, un incendie a eu lieu dans un ballon qui volait à une altitude de 300 mètres au-dessus de Gourna, provoquant son explosion.
Vingt et un touristes étaient à bord et parmi eux des Français, des Japonais et des Hongkongais. Seuls un touriste et le pilote du ballon ont survécu. Les enquêtes du ministère de l’Aviation civile, en charge de la supervision de cette activité touristique, se poursuivent.
Le président de la Chambre des agences de voyages à Louqsor accuse le ministère de l’Aviation civile de lâcheté dans la supervision des agences propriétaires de ces montgolfières. « Où est l’inspection sur ces appareils avant leur décollage pour s’assurer du respect des normes de sécurité ? Normalement, ils doivent tous décoller de la rive ouest, ce qui n’est pas respecté actuellement », dénonce Al-Agami.
Selon lui, l’explosion d’une montgolfière n’est pas une première dans cette ville touristique, bien que cet accident soit le plus meurtrier jamais enregistré. En 2009, une montgolfière transportant 24 touristes s’était écrasée dans la région de Gourna en raison du détachement de la nacelle, provoqué par une surcharge de l’appareil. Le ballon avait heurté des lignes électriques avant de se crasher.
Dans les faits, les autorités de l’aviation civile ont interdit cette activité à plusieurs reprises. La dernière fois remonte à 2010 lorsqu’un ballon avait quitté sa trajectoire en raison de vents forts et a atterri tout près de l’aéroport. Les vols avaient repris une semaine après face à l’insistance des agences locales.
Selon Mohamad Chérif, président de l’autorité de l’aviation civile, le feu s’est déclaré dans la montgolfière pour une raison encore indéterminée et a provoqué l’explosion de la montgolfière. Il a par ailleurs assuré que la licence de la compagnie, de l’appareil et de son pilote était valide.
L’impact devrait rester restreint
De façon plus générale, les experts du tourisme divergent sur l’impact qu’aura cet accident sur l’économie du tourisme en Egypte. La Haute-Egypte est la région qui a le plus souffert de la chute des fréquentations touristiques suite à la révolution du 25 janvier 2011.
Selon Amir Fahim, expert du tourisme, cet accident aura sans doute un impact négatif sur la venue des touristes à Louqsor dans un moment déjà critique. « Le grand nombre de victimes et le focus fait par les médias sur cet accident vont sans doute aussi renforcer cet impact. Cet accident de montgolfière est l’un des plus meurtriers du genre survenus depuis une vingtaine d’années. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase », souligne-t-il.
Moetaz Al-Sayed, doyen des guides touristiques, partage la même opinion. Il estime que le climat d’insécurité et d’instabilité actuel va accroître l’impact négatif de cet accident : « Des rumeurs ont couru sur le fait qu’il ne s’agirait pas d’un accident mais d’un attentat terroriste. Les Britanniques ont demandé à assister aux enquêtes du Parquet général dans cette affaire. Ce ne sont pas de bons indices pour le tourisme ».
Les agences de montgolfières à l’arrêt
Cependant, Nagui Eriane, vice-président de la Chambre des hôtels, atténue l’impact de cet accident sur la venue des touristes à Louqsor. « C’est accidentel et cela aurait pu avoir lieu dans n’importe quel pays du monde. Ce n’est pas un seul accident qui va causer l’arrêt des visites dans l’une des plus grandes destinations touristiques au monde ».
Il assure également qu’il travaille avec le marché anglais et qu’il n’y a eu aucune annulation de réservations jusqu’à présent. Si les agences de montgolfières sont fortement touchées en raison de l’interdiction temporaire des vols à Louqsor, le reste des activités touristiques de la ville ne devrait pas souffrir de cet accident.
Un communiqué de presse provenant de l’agence Thomas Cook, l’une des plus grandes agences du marché égyptien, confirme que le drame survenu est d’origine purement accidentelle. L’agence affirme que ses programmes touristiques en Egypte et le choix de l’Egypte comme destination touristique ne seront pas affectés par cet accident. Le ministère devrait se prononcer sur une éventuelle reprise des vols après les résultats de l’enquête.
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