Pour tous ceux qui ont les moyens de s’échapper du tumulte de la capitale et qui cherchent à faire le plein d’oxygène, la station balnéaire de Aïn Sokhna est probablement la destination idéale. Située à 1h30 de route, Aïn Sokhna est devenue une méga-station balnéaire en quelques années, elle représente aujourd’hui l’un des lieux de villégiature les plus prisés de la côte occidentale du Golfe de Suez, en hiver comme en été. Aïn Sokhna signifie littéralement « la source chaude ». Ce site tire son nom de la présence d’une source d’eau chaude sulfureuse qui coule du pied de la montagne et se jette dans la mer. Située à seulement 140 km du Caire et accessible en voiture, en taxi, ou en bus depuis Le Caire ou Suez, Aïn Sokhna propose à sa clientèle tout ce que les mots vacances, détente et plage peuvent évoquer comme images. Ainsi, à Aïn Sokhna, on peut siroter un cocktail de fruits frais les pieds dans l’eau, on peut faire du jet-ski, de la plongée et du pédalo. On peut laisser jouer ses enfants dans la pataugeoire de la piscine en toute sécurité. On peut aller se faire masser au centre de thalasso ultramoderne de Stella di Mare, manger aux buffets à volonté des restaurants de bord de plage ou prendre le téléphérique du village touristique de Porto Sokhna pour aller à quelque 270 mètres de hauteur au-dessus de la station admirer la vue, avant de redescendre un peu plus bas pour terminer la journée par une partie de golf cette fois. Bien entendu toutes ces activités ont un coût et sont strictement réservées à la clientèle, c’est-à-dire aux clients des hôtels, aux propriétaires ou locataires des villas et bungalows regroupés en « villages » et aux vacanciers venus pour la journée, qui forment un microcosme de privilégiés qui va de la classe moyenne à la haute société cairote. Et si vous demandez à jeter un oeil aux installations de bord de mer, on vous répondra très probablement : « Cet espace est réservé à notre clientèle ». Car ici le calme vaut de l’or et l’espace privé se paye au prix fort.
A l’abri des regards indiscrets
Eaux salines et eaux douces se confondent dans les resorts de la côte.
La majorité des villas, ressorts, plages ou piscines d’hôtel sont si bien protégés qu’on ne peut pas avoir d'idée de ce qui s’y passe qu’une fois à l’intérieur. Ce qui nécessite de faire un choix stratégique en amont. Des haies soigneusement entretenues et des parasols bien placés empêchent de voir la vie de ces espaces privés. Cette vigilance octroie, en effet, à ces lieux de détente une atmosphère de sécurité, voire d’intimité, dans laquelle les couples, amis ou familles peuvent se divertir sans trop se préoccuper du regard de l’« Autre » et des « qu’en-dira-t-on ? » qui régissent généralement les us et coutumes de notre société. C’est d’ailleurs pour cette raison que les « villages » et les « ressorts » de maisons privées trouvent un si grand succès. Les personnes les plus aisées, à la recherche de cet espace de liberté, qui n’est pas nécessairement une liberté de déplacement, mais plutôt une liberté d’agir, investissent leurs économies dans des maisons individuels, certes entourées de barrières où elles pourront faire ce que bon leur semble, sans avoir à se protéger des regards indiscrets.
Le beach-volley, activité phare des vacanciers.
L’affluence vers Aïn Sokhna augmente jour après jour, surtout vers la fin de semaine et pendant les congés nationaux. Les hôtels et les villages touristiques, dont le nombre a dépassé la quarantaine, se concurrencent pour offrir aux voyageurs des programmes de vacances exceptionnels aux prix réduits. Pour les personnes les plus modestes, la chambre d’hôtel qui commence à 650 L.E. la nuit et la plage à entrée payante deviennent cet espace de liberté. On accède à une zone privée, où tout le monde est conscient d’être en quelque sorte le privilégié de cette journée, de ne pas faire partie de ceux qui sont restés au Caire ou de l’autre côté de l’enceinte. S’installe alors une légère sensation de cohésion. « Moi, je me sens bien ici. Je suis à l’aise. Ce n’est pas comme quand je marche dans la rue en ville. L’ambiance est assez conviviale », explique Sara Hossam, une étudiante venue pour quelques jours avec sa famille. « Moi, quand je suis ici, je déconnecte. J’ai un peu l’impression d’être ailleurs. Comme si j’étais partie à l’étrange », nous dit Nihal, allongée sur son transat.
Face au port de Wadi Al-Dom, les yachts privés et les bateaux de plaisance se partagent les eaux cristallines.
La plage de sable fin et les eaux turquoises de la mer Rouge semblent, en effet, nous transporter dans un ailleurs où l’on se permet ce que jamais on ne ferait dans la ville. Les hommes enlèvent leur tee-shirts, et les femmes enfilent (pour la plupart) leurs maillots de bain ou même leur bikini, soigneusement sélectionné. On rit, on flâne, on se détend. Après tout, ce sont les vacances.
La vie nocturne de Aïn Sokhna, elle, est assez calme. Nous sommes loin des exubérances de la Côte-Nord où les DJ du monde entier se relaient pour faire danser l’élite de la société égyptienne jusqu’au petit matin. Ici, l’ambiance est plus familiale, bien que quelques événements et concerts soient organisés de temps en temps, comme celui de Nancy Agram le 13 septembre. A Aïn Sokhna, on vit le jour au bord de mer, et le soir, on sort dîner dans l’un des bons restaurants du bord de mer comme Carinos, Abou-Ali ou le Bouillabaisse, restaurant du port Wadi Al-Dom, jusqu’à ce que la fatigue de la journée de plage et les coups de soleil vous ramènent doucement vers votre chambre d’hôtel ou votre chalet privé. La nuit s’étend alors, silencieuse et étoilée.
En famille ou en amis, les jeux d'eau ont la côte.
Comment s’y rendre ?
Pour se rendre à Aïn Sokhna à partir du Caire, la meilleure solution reste la voiture. Des bus partent de la capitale, mais ils vont jusqu’à Hurghada, ce qui implique de payer le trajet entier (70 L.E.) et de demander au chauffeur de s’arrêter à Aïn Sokhna. Des microbus font aussi la navette, mais leurs horaires sont bien plus aléatoires. Vous en trouverez cependant davantage pour effectuer le trajet retour de Aïn Sokhna au Caire. Depuis Suez, les bus et les taxis privés font, eux, des allers-retours plus fréquents tout au long de la journée. Ce qui permet également de visiter la ville de Suez, son port historique situé à 40 km d’Al-Sokhna, fondé en 1869, et ses travaux titanesques ainsi que son centre-ville qui mérite bien une demi-journée sur place.
Un peu plus au sud de Aïn Sokhna cette fois, les amateurs d’histoire et d’architecture pourront visiter les monastères de Saint-Paul et Saint-Antoine dont les visites sont guidées par les moines eux-mêmes. Ces deux sites extraordinaires comme sortis de la roche datent du IVe siècle de notre ère. Si vous prévoyez visiter les deux monastères, mieux vaut partir tôt le matin, car il faut compter une heure de route de Aïn Sokhna jusqu’au monastère de Saint-Paul, puis encore 45 min jusqu’au monastère de Saint-Antoine. Et ces deux lieux de retraite ferment leur porte aux alentours de 17h.
Si vous optez pour des vacances bien-être, vous pourrez aller vous détendre au luxueux centre de thalassothérapie du village touristique. Le centre propose tous les types d’hydrothérapie ainsi que des bains de vapeur, des massages, des saunas, des hammams et une piscine d’hydromassage. A noter que le centre n’est pas accessible aux personnes de moins de 16 ans. A savoir que Aïn Sokhna joue également un rôle majeur dans le tourisme thérapeutique, car elle renferme beaucoup de soufre et de sources minérales qui guérissent diverses maladies. Enfin, pour les amateurs de golf, un terrain dessiné par l’architecte Karl Litten jouxte le centre de thalassothérapie. Le green d’environ 6 580 m2 comporte des parcours pour petits, grands et même pour personnes handicapées. De quoi ravir tout le monde et passer des vacances rafraîchissantes.
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