Samanoud, cette ville historique du Delta d’Egypte, était l’une des étapes-clés du circuit de la Sainte Famille en Egypte. « C’est dans cette église de la Vierge Marie et du martyr Abanoub que la Vierge et son enfant Jésus-Christ ont passé 17 jours lors de leur fuite de Palestine en direction de l’Egypte, pour échapper au roi Hérode », souligne le prêtre de l’église, Abanoub Massoud. C’est du puits sacré de 12 m et demi de profondeur que la Vierge Marie a bu. D’ailleurs, le grand bol en granite qu’elle a utilisé est toujours exposé dans l’église. « Avec l’inauguration de ce site saint, c’est un grand jour », souligne Al-Saïd Helmi, directeur du secteur islamo-copte au ministère des Antiquités. « Cette église a non seulement une valeur historique et religieuse, mais également une grande importance archéologique », ajoute-t-il. Selon le père Abanoub, cette église de la Vierge Marie et du saint Abanoub est la plus ancienne église du gouvernorat de Gharbiya. « Le plus récent bâtiment de l’église remonte à l’époque ottomane (1516-1882) », explique-t-il. D’après lui, les Egyptiens, qu’ils soient musulmans ou coptes, sont attachés à ce lieu saint, parce qu’ils croient dans son pouvoir de guérison.
L’inauguration de l’église fait suite à une longue période de restauration. C’est en 2003 que l’église orthodoxe d’Abanoub a demandé au ministère des Antiquités de sauver cet édifice en entreprenant des travaux de restauration avec des fonds octroyés par l’église. Le Conseil Suprême des Antiquités (CSA) a répondu à l’appel, et en 2005, il a décidé d’entamer les travaux dans le but de préserver ce lieu saint et de lui redonner sa splendeur d’antan.
« L’église a subi un long projet de restauration architecturale dont l’étape la plus importante était le renforcement des murs du bâtiment », explique Waad Aboul-Ela, directeur du département des projets. « La phase la plus importante concernait les restaurations des planches de bois vieilles de 2 000 ans », précise-t-il. Il explique que la restauration de l’escalier intérieur était un véritable défi. Et il y a également les 45 icônes, l’une des spécificités de l’église d’Abanoub et dont les plus célèbres sont celles de la Vierge et du martyr Abanoub. Elles ont dû faire l’objet d’une restauration minutieuse qui leur a rendu la beauté et la couleur qu’elles avaient jadis. Située dans la rue principale de Samanoud, rue Saad Zaghloul, l’église est construite sur deux étages. La façade principale est de 15 m et demi de long. Sa partie supérieure est décorée par huit fenêtres avec de nombreuses décorations en plâtre coloriées. Sur le toit, deux longues tours rectangulaires apparaissent, ainsi que des dômes (coupoles) sur l’une des tours, une croix métallique pointue est fixée au milieu de l’entrée nord-ouest. « L’église d’Abanoub prend la forme rectangulaire et elle est bâtie dans le style basilique d’inspiration des Byzantins », explique l’archéologue Abdel-Réhim Rihane. L’accès à l’édifice se fait par une cour qui mène au sanctuaire. Dans cette cour apparaissent des colonnes en marbre. A l’intérieur, l’église se compose de trois ailes rectangulaires dont les plafonds sont bien décorés. Pour accéder au deuxième étage, consacré aux femmes, il faut prendre l’escalier à droite de la porte principale. « L’église renferme des pièces antiques spéciales comme les chapelles historiques en bois, le bassin du baptême, des cloches anciennes et également de différentes icônes magnifiques décrivant de nombreuses scènes du christianisme », affirme Rihane. Le visiteur peut enfin accéder à l’église par deux autres portes.
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