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Un parcours périlleux

Doaa Elhami, Mardi, 31 mai 2016

Le trajet de la Sainte Famille en Egypte a été difficile et parsemé d'embûches. Retour sur les principales étapes de ce périple.

Un parcours périlleux
Sur la rive du Nil, la Sainte Famille a trouvé son refuge. (Photo : Musée copte)

« Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et fuis en Egypte. Tu y resteras jusqu’à ce que je te dise de revenir, car Hérode fera rechercher l’enfant pour le tuer » (Mathieu 13). Cet ordre divin est donné à saint Joseph et à la Sainte Famille pour échapper à la colère d’Hérode, souverain de Bethléem, qui craignait pour son pou­voir et avait ordonné de faire tuer tous les enfants mâles de moins de deux ans. Suivant l’ordre divin, la Sainte Famille entre en Egypte le 24 du mois du bachans, soit le 1er juin du calen­drier grégorien, pour un exode qui durera 3 ans et demi. Son périple sera marqué par plusieurs étapes, dont celle de Rafah au nord du Sinaï, de Tell Basta à Charqiya dans le Delta, de Mostorod au Caire, de Sakha à Kafr Al-Cheikh, de Wadi Al-Natroun, de l’arbre de la Vierge à Matariya, de la crypte de Saint-Serge au Vieux Caire, de Deir Djebal Al-Teir à Minya et de Deir Al-Moharraq à Assiout, en Moyenne-Egypte. « Nous avons retracé ce circuit en détail grâce aux mémoires du pape Théophile, le 23e de l’Eglise copte », explique le copto­logue Louay Mahmoud Said, direc­teur du Centre des études coptes à la Bibliothèque d’Alexandrie. Pour écrire ses Mémoires, le pape Théophile a passé de longues années à recueillir les souvenirs des Egyptiens qui avaient connu la Sainte Famille et qui avaient transmis ces récits d’une génération à l’autre. Une nuit, dans un rêve, la Vierge lui appa­raît et lui conte les détails de son exode qu'il retranscrit immédiate­ment. Selon le coptologue, il existe trois exemplaires de ces Mémoires, l’un au Vatican, le second à la Bibliothèque nationale de Paris et le dernier à la Bibliothèque des manus­crits de Deir Al-Moharraq, en Egypte.

Parsemé d’embûches

Pour échapper à la tyrannie d’Hé­rode, la Sainte Famille a dû emprun­ter un chemin difficile et parsemé d’embûches. « Le périple de la Sainte Famille était plein de dangers et de défis. Ils sont passés par des déserts interminables et des montagnes escarpées. Ils étaient exposés à la soif, à la faim, mais aussi aux attaques d’animaux sauvages », commente Hani Zarif, directeur du département d’information du Musée copte.

La Sainte Famille a mis une jour­née pour aller de Bethléem à Rafah, puis est passée par nombreuses villes méditerranéennes avant d’atteindre le delta égyptien à Tell Basta, dans l’ac­tuel gouvernorat de Charqiya. A son arrivée, les statues représentatives des divinités de l’Ancienne Egypte sont tombées à terre. En réaction, les citoyens ont refusé de donner de l’eau à l’enfant qui avait très soif. Devant les larmes de sa mère, l’En­fant Jésus a touché le sol avec son doigt et a fait jaillir une source d’eau « pure, froide et guérissante pour tous les passants », raconte l’abbé Armiya Boulos, dans un documen­taire sur la Sainte Famille, diffusé sur Internet. Guidée par saint Joseph, la Vierge emmène ensuite l’Enfant Jésus à Mostorod, à 10 km au nord de l’actuelle capitale égyptienne où elle séjourne dans une crypte. Là aussi, l’enfant fait jaillir une source d’eau qui, d’après l’abbé Armiya Boulos, attire encore aujourd’hui les dévots dans le monde entier.

La Sainte Famille retourne ensuite au nord du delta à Sakha, dans l’actuel gouvernorat de Kafr Al-Cheikh, en passant par plusieurs villes comme Belbeis, Borollos et Samanoud. Le site là aussi privé d’eau était très fourni en vestiges archéologiques. Debout sur l'une de ces pierres, l’En­fant Jésus avait fait jaillir une source d’eau. Ultérieurement, les dévots ont rempli l’empreinte de ses pieds saints d’huile pour s’en servir comme remède. La Sainte Famille a ensuite traversé la branche ouest du Nil, à Rosette, pour atteindre Wadi Al-Natroun. Cette zone très connue pour ses eaux salées a également été transformée en plan d’eau douce par l’Enfant Jésus. Au centre de ce plan d'eau, une source d'eau miraculeuse a jailli. « Cette source est un véritable miracle. Elle guérit tous les croyants qui viennent en pèlerinage », raconte l’abbé Habil, du monastère de Bichoy.

Le circuit arrive ensuite à Matariya où la Sainte Famille s’est installée sous un arbre, connu aujourd’hui comme l’Arbre de Marie. Puis ce fut au tour de la crypte de Saint-Serge au Vieux Caire d’abriter la Sainte Famille avant qu’elle ne prenne la route de la Haute-Egypte, où elle passe par plusieurs étapes comme Djebal Al-Teir à Minya et Qosqam à Assiout. Djebel Qosqam est la der­nière étape de ce circuit. Plus connue sous le nom de Moharraq, c’est là où la Sainte Famille a vécu pendant plus de 6 mois. L’Enfant Jésus avait trans­formé la crypte en église. Ainsi, d’après les historiens, c’est à Al-Moharraq que se trouve la plus ancienne église d’Egypte, voire du monde.

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