L’année 2016 marque les 125 ans de l’importante découverte de la fin du XIXe siècle du grand cimetière des prêtres d’Amon. Pour fêter cette occasion, le ministère des Antiquités a organisé cette semaine au Caire une conférence intitulée «
La Découverte oubliée de la tombe des prêtres et divines adoratrices d’Amon ». Objectif : mettre la lumière sur cette importante et grande découverte. Des archéologues et des scientifiques d’Egypte et de plusieurs pays (Pologne, Etats-Unis, France) y étaient conviés. «
Je peux dire que cette tombe représente la découverte du siècle. Je n’exagère pas en disant que ce cimetière est plus important que celui de Toutankhamon », souligne Alain Dautant, de l’Université de Bordeaux. Bien que la tombe regroupe 254 sarcophages joliment décorés, 153 momies et presque 3 000 pièces d’antiquité, elle est peu connue du grand public. L’histoire de sa découverte remonte à 1891, quand des archéologues français ont commencé leur travail sur le chantier de Bab Al-Gasus, presque en face du temple d’Hatchepsout à Al-Deir Al-Bahari, à Louqsor. En fouillant le site, une porte située à huit mètres de profondeur et un long corridor allant vers le bas qui mène à une seconde porte de 11 m de profondeur ont été découverts. C’est une tombe collective intacte des prêtres, ainsi que de leurs familles et des divines adoratrices d’Amon, remontant à la XXIe dynastie av. J.-C. Leurs corps ont été mis à l’abri des pillages et des troubles de l’époque. «
Merci de nous laisser jouir de la seconde vie. Cette phrase apparaît sur plusieurs sarcophages », explique Al-Tayeb Abbas, professeur à l’Université de Minya en Haute-Egypte, qui étudie les inscriptions externes des sarcophages.
Minutieux détails
Les prêtres du Nouvel Empire décoraient leurs sarcophages. « De minutieux détails avec une parfaite homogénéité de couleurs et de nouvelles compositions iconographiques ont été introduits. Ces éléments décoratifs ont remplacé les anciens textes funéraires », poursuit-il. Les papyrus découverts dans ce cimetière illustrent la vie quotidienne des anciens et montrent aussi comment les chanteuses jouaient un rôle important dans les rites spectaculaires. Chaque personne enterrée a au moins deux papyrus. « Presque la moitié de ces papyrus ont été vendus par le gouvernement égyptien en 1893 pour financer la construction du musée égyptien de Boulaq. On les trouve aujourd’hui partout dans le monde », explique Andrzej Niwinski, professeur spécialisé dans les papyrus à l’Université de Varsovie. « Les trouvailles sont nombreuses et l’étude de ces objets fragiles se poursuit, mais il est difficile de savoir à qui appartiennent ces pièces », souligne, pour sa part, Somaya Abdel-Khaleq, conservatrice au Musée national de la civilisation où plusieurs pièces de Bab Al-Gasus sont exposées. En effet, jusqu’à présent, l’identité de certains prêtres enterrés dans la tombe n’est pas connue.
Exposition
En marge de la conférence une exposition, a été organisée, et parmi les pièces intéressantes surgissent les correspondances de l’égyptologue français Georges Daressy qui supervisait les travaux de fouille. « Des caisses de momies étaient déposées dans toutes les parties de ces catacombes. Près de l’entrée, tout était dans le plus grand désordre », dit-il dans ses correspondances, vu l’immensité des coffrets qui contenaient des ouchebtis, des papyrus, des canopes et des vases. Daressy avait prié le chef de l’antiquité, M. Grébaut, d’interdire l’entrée du cimetière sauf aux ouvriers. Parmi les défis auxquels étaient confrontés les archéologues en ce temps, il y avait le transport des pièces de leur emplacement jusqu’au musée de Boulaq. L’exposition montre à travers les photos les pièces exposées dans des musées étrangers, notamment en France. « Plusieurs pièces ont été aussi vendues. Des collectionneurs de France, fascinés par la civilisation égyptienne, conservent des pièces du chantier », dit le scientifique Dautant. Les musées égyptiens ont pris aussi une partie de ce lot de découvertes. Au Musée du textile égyptien au Caire sont exposés des gants en lin, des foulards brodés, de même que le célèbre bandage osirien découverts aussi au cimetière des prêtres d’Amon.
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