Mercredi, 22 janvier 2025
Al-Ahram Hebdo > Tourisme >

Chambres cachées derrière Toutankhamon

Nasma Réda, Lundi, 21 mars 2016

Les résultats de l'examen des murs de la tombe du pharaon Toutankhamon par un radar japonais ont été annoncés la semaine dernière. Ils soulèvent à leur tour plusieurs hypothèses.

Chambres cachées derrière Toutankhamon

Deux chambres cachées, des matières organiques et métalliques ont été identifiées derrière les murs de la tombe du jeune roi Toutankhamon (XIXe dynastie, Nouvel Empire, 1361- 1352 av. J.-C.). Des résultats obtenus suite aux analyses du radar effectuées par l’expert japonais Hirokatsu Watanabe, en novembre 2015. « Il y a 90 % de chance de découvrir deux chambres : une derrière les murs de la chambre funéraire et une autre derrière la salle des trésors de la tombe du jeune pharaon Toutankhamon », a déclaré Mamdouh Al-Damati, ministre égyptien des Antiquités, lors d’une conférence de presse tenue jeudi 17 mars au Caire.

Ces résultats viennent confirmer une partie de la théorie de l’archéologue britannique Nicholas Reeves, lancée l’année dernière, et qui avait suscité la curiosité des responsables égyptiens. La théorie de Reeves évoque la présence de la tombe de la reine légendaire Néfertiti derrière celle de Toutankhamon. Suite à cette thèse, la tombe a été scannée deux fois. « Les résultats préliminaires avaient indiqué la présence d’une cavité derrière le mur nord », explique le ministre, ajoutant : « Il fallait alors scanner les autres murs de la chambre funéraire de même que quelques murs de la chambre des trésors pour ensuite passer les photos scannées dans des appareils plus sophistiqués au Japon ». Après trois mois et demi d’attente, les résultats ont confirmé la présence d’un vide, des métaux cachés derrière et des matières organiques.

Ce n’est pas tout. Le radar de Watanabe a de même analysé les murs de la tombe. Il existerait différentes épaisseurs dans les murs de cette chambre. Les murs épais sont ceux de la montagne de la vallée, mais les moins épais montrent qu’ils ont été creusés puis fermés avec des planches. « Une autre hypothèse qui prouve qu’il y a des chambres ou des tombes cachées », assure le ministre. L’analyse détaillée de la scène décorative du mur nord de cette chambre funéraire où Reeves assure la présence de Néfertiti, montre le vide du côté droit des inscriptions, tandis qu’à gauche, le radar n’a rien détecté.

Aller plus loin

La décision d’aller plus loin n’est pas facile à prendre. « Avant de prendre des mesures concrètes dans le creusement d’une telle tombe il faut être sûr à 100 % des résultats », affirme le ministre. Ainsi, d’autres partenaires rejoindront l’équipe de travail. En plus du comité du ministère des Antiquités présidé par Al-Damati, on compte l’Université d’Arizona, représentée par Nicolas Reeves, une équipe de la faculté d’ingénierie de l’Université du Caire. Cette équipe examinera à nouveau tous les murs de la tombe le 31 mars prochain avec un radar plus sophistiqué. « C’est seulement suite à ces nouvelles analyses plus détaillées que l’équipe de scientifiques pourra déterminer les manières sûres d’atteindre les salles cachées », déclare le ministre.

Contrairement aux prévisions de Reeves qui estime la présence de la tombe de Néfertiti derrière celle de Toutankhamon, Al-Damati pense plutôt que ces chambres pourraient être la tombe de l’épouse de Toutankhamon, de sa fille ou d’une de ses soeurs. Mais pourquoi la tombe d’une femme dans la Vallée des rois à Louqsor ? Une question que posent nombre de professionnels. Mais selon Al-Damati, la découverte de la tombe en 1922 par le Britannique Howard Carter comptait parmi le trésor du jeune roi des affaires féminines.

Si quelques experts sont convaincus par ces recherches et analyses et sont enthousiasmés par la possibilité de faire la découverte du siècle, d’autres au contraire les refusent catégoriquement. « Je doute très fort des résultats de Watanabe. En 2005, cet expert auquel je ne fais pas confiance nous a donné de faux résultats dans différents projets, avec le même radar », a annoncé l’égyptologue Zahi Hawas. Il préfère se fier à d’autres analyses plus sophistiquées et insiste sur le fait que la décision de continuer les recherches doit être prise par une équipe internationale d’experts : « C’est à eux de prendre le pas suivant », dit-il. En outre, Mamdouh Al-Damati estime que « le projet de la redécouverte de la tombe de Toutankhamon est très important non seulement pour l’Egypte mais aussi pour le monde entier. Et la mise au jour des nouvelles tombes derrière ces murs sera la découverte du siècle ».

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique