Une vingtaine d’égyptologues égyptiens dont les travaux ont marqué l’évolution de l’égyptologie ont été honorés par le Centre de documentation du patrimoine culturel et naturel (CultNat). A Beit Al-Sennari, dans le quartier de Sayeda Zeinab au Caire, la célébration de la Fête des archéologues a eu lieu le 10 janvier. Mais la fête elle-même est fixée au 14 janvier de chaque année. « Cette date correspond à la première gérance égyptienne de l’Organisme des antiquités égyptiennes en 1953, soit après plus de 100 ans d’une direction purement étrangère des antiquités égyptiennes », explique Fatma Kechk, organisatrice de la célébration et directrice de la section archéologie et architecture au Cultnat.
Les vingt Egyptiens honorés ont été sélectionnés pour leur rôle archéologique sur le terrain et sur le plan académique, dans une variété de spécialités scientifiques. Cette sélection d’égyptologues couvre presque un siècle de travail sous la direction égyptienne.
L’identification de ces experts a eu lieu grâce aux recherches dans les archives du grand égyptologue Sélim Hassan, comprenant les membres de ses missions, allant de ses collègues, adjoints, élèves aux ouvriers et cuisiniers qui servaient les experts. « Nous avons découvert Ahmad Kamal pacha, premier Egyptien formé par l’égyptologue allemand, Heinrich Karl Brugsch, et reconnu comme égyptologue scientifique », explique l’égyptologue Amira Seddiq, membre de l’équipe scientifique du CultNat. C’est lui qui a fondé la première école d’égyptologie au sein du Musée égyptien, de Boulaq à l’époque.
Spécificité précise
La première génération de cette école a donné des experts comme Sélim Hassan, Mahmoud Hamza et Sami Jabra, alors que la dernière a engendré Ahmad Fakhri et Labib Habachi. « Les premières générations d’égyptologues égyptiens étaient très fortes dans tous les domaines archéologiques : c’est-à-dire aussi bien sur le plan scientifique que dans les travaux de fouilles et la conservation des antiquités. Ils nous ont livré des documents d’une grande importance », commente Ola Al-Aguizi, professeure d’égyptologie à la faculté des antiquités de l’Université du Caire. Pour elle, chacun d’eux se caractérisait par une spécificité précise. Ahmad Fakhri était le roi du désert grâce à ses fouilles dans les différentes oasis égyptiennes comme Siwa et Bahariya. Abdel-Moneim Abou-Bakr avait une solide réputation dans les fouilles archéologiques et la science de l’égyptologie. Diaa Abou-Ghazi, qui était la responsable de la bibliothèque du Musée égyptien, était une excellente chercheuse. Sélim Hassan est reconnu pour ses travaux de fouilles à Saqqara, et Abdel-Aziz Saleh a offert plusieurs références de l’histoire égyptienne en langue arabe, et ce, sans oublier ses fouilles à Aïn-Chams et Matariya, à l’est du Caire.
Le groupe d’experts honorés comprend des égyptologues mais aussi des ingénieurs, architectes et restaurateurs. Selon l’égyptologue Fatma Kechk, ces spécialistes ont servi les antiquités égyptiennes. Parmi ceux-ci apparaissent l’ingénieur Ahmad Loutfi, l’architecte Chawqi Raslan et le restaurateur Zaki Iskandar. L’ingénieur Ahmad Loutfi a participé à la campagne du sauvetage des monuments de Nubie lancée par l’Unesco. L’architecte Chawqi Raslan, inspecteur à Saqqara, a reconstruit la partie détruite du complexe funéraire du roi Ounas (Ve dynastie de l’Ancien Empire, qui a régné de 2375-2345 av. J.-C.). Quant au restaurateur Zaki Iskandar, il a participé aux fouilles de la barque solaire de Chéops et a restauré et consolidé ses planches de bois.
D’après la professeure Ola Al-Aguizi, ce genre de célébration permet de se remémorer les grands pionniers de l’égyptologie, et encourage les jeunes générations à poursuivre un itinéraire dédié à la grandeur de l’histoire antique égyptienne.
Les égyptologues égyptiens honorés en 2016
Ahmad Kamal pacha, Mahmoud Hamza, Sélim Hassan, Ahmad Fakhri, Labib Habachi, Sami Jabra, Abdel-Moneim Abou-Bakr, Saïd Tewfiq, Zaki Iskandar, Zaki Youssef Saad, Zakariya Ghoneim, Chawqi Raslan, Abdel-Salam Hussein, Abdel-Aziz Saleh, Ahmad Moussa, Ahmad Loutfi, Moustapha Amer, Abdel-Mohsen Bakir, Diaa Abou-Ghazi et Nabil Souilam.
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