Les instruments de chirurgie datés des époques pharaoniques seront bientôt exposés au musée de médecine.
Après 10 ans d’incertitudes, les travaux visant à transformer le palais Sakakini en musée d’histoire de la médecine ont enfin commencé. « La première étape a été amorcée. Nous sommes en train de réaliser des études géologiques et architecturales approfondies afin de voir si le palais supporterait un tel musée », indique Adel Abdel-Sattar, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA). Les travaux d’analyse ont été confiés à une société privée sous l’étroite surveillance du CSA. « Ils conçoivent des rapports sur l’état du palais. On attend leurs résultats pour commencer sa restauration », explique Adel Abdel-Sattar. L’enjeu est de taille : édifié sur un ancien lac desséché, ce palais est toujours menacé par l’eau souterraine. « Nous mesurerons d’abord le niveau de l’eau souterraine avant de la pomper », déclare-t-il.
En parallèle à cette restauration, « un comité spécial d’archéologues va collecter quelques pièces antiques rares accumulées aux entrepôts du Musée du Caire dans d’autres musées égyptiens, les examiner et les restaurer si besoin est », explique le secrétaire général. Il est à noter que le musée racontera l’histoire de la médecine depuis les époques pharaoniques jusqu’à nos jours. On trouvera parmi les pièces exposées la statue d’Amnehotep, des papyrus expliquant les phases de la momification, des outils chirurgicaux, etc. Mohamad Ibrahim, ministre des Antiquités, apprécie l’idée d’utiliser les palais historiques comme musées : « Cette affaire a un double intérêt. Le premier est de trouver un endroit convenable pour exposer les pièces et le deuxième est de faire connaître aux visiteurs l’historique d’un palais qu’ils n’ont jamais vu ». Mais le ministre avance tout de même des conditions : « L’endroit doit être adéquat aux pièces exposées. Il faut ajuster l’humidité et être certain de la stabilité du sol en plus d’assurer la sécurité du palais de l’intérieur et de l’extérieur ».
Redorer l’Histoire
Fondé en 1897 par des architectes italiens, le palais Sakakini est le témoin typique du style rococo. Situé au centre du quartier aujourd’hui populaire de Sakakini (est du Caire), il a été construit par un fameux homme d’affaires d’origine syrienne nommé Habib pacha Al-Sakakini. Issu d’une famille d’armuriers, Habib Sakakini vient s’établir en Egypte au XIXe siècle. Fortuné et influent, l’homme réussit bientôt à autoriser la construction d’un palais sur des zones marécageuses à l’est du Caire, où se succèdent étangs et lacs. L’unique signe d’urbanisation se trouvait alors dans la mosquée Al-Daher, Al-Zaher Beibars. Le bâtiment vu de l’extérieur présente un mélange de styles différents d’influences turques et arabes. Le palais se trouve au centre d’une place ronde vers lesquelles convergent 8 rues, en forme d’étoile à l’instar de la place de l’Arc de Triomphe à Paris. Composé de 5 étages et d’un rez-de-chaussée, le palais s’étend sur une superficie de 2 698 m2. Il possède 50 chambres et 400 fenêtres. Le palais aborde de grands miroirs, des fresques et d’inmesurables parquets en bois.
Lors de l’actuelle restauration, le jardin extérieur du palais sera entouré de plantes médicinales répandues en Egypte. A l’intérieur d’une grille de fer forgé, des massifs de fleurs, des palmiers, des orangers séparent le palais de bâtiments modernes. Il abrite plus de 300 statues et de fontaines de style italien. Toutes ces richesses ont été laissées à l’abandon pendant de longues décennies. Al’intérieur les fissures au mur reflètent son état sinistre. « Au cours de la restauration, on va injecter les murs lézardés avec des matières quasiment identiques à la matière originale », indiquent les ingénieurs. La restauration du palais ne s’arrêtera pas aux murs et aux portes, mais tous les ornements, les détails architecturaux minutieux subiront une opération de restauration délicate. Selon les responsables du chantier, tout sera mis en oeuvre pour lui redonner sa grandeur d’antan avant l’ouverture du musée .
Lien court: