La Mosquée bleue, une architecture unique.
Au sein du Caire historique, précisément au milieu de la rue Bab Al-Wazir, l’une des plus fameuses rues du quartier d’Al-Darb Al-Ahmar, se dresse majestueusement la mosquée d’Aq Sonqor, connue parmi les habitants du quartier sous le nom de Mosquée bleue. Une nomination découlant de la céramique bleue qui orne ses murs intérieurs.
Cette mosquée a enfin rouvert ses portes, après sa fermeture suite au séisme de 1992. La première prière a eu lieu le 2 de Ramadan, soit le 18 juin, « une date choisie exprès, puisque la première pierre de la mosquée fut posée à cette même date en l’an 747 de l’hégire, soit 1346 de notre ère », explique Sofia Abdel-Hadi, directrice générale des quartiers d’Al-Darb Al-Ahmar et de Sayeda Aïcha auprès du ministère des Antiquités.
Cette réouverture intervient après un long projet de restauration réalisé grâce à la fondation Agha Khan pour un total de 20 millions de L.E. Le projet avait commencé en 2009 et a regroupé une restauration architecturale et ornementale, sans oublier une consolidation des murs et fondations. Les restaurateurs ont dû poser des étais temporaires afin de maintenir la mosquée, fortement endommagée par le séisme. Le minbar a été nettoyé et restauré ainsi que les panneaux de céramique bleue qui ont repris leur splendeur d’antan.
Pour les spécialistes, cette mosquée est unique dans toute l’Egypte, voire dans le monde. « Elle reflète à la fois le style architectural mamelouk et ottoman », explique Sofia Abdel-Hadi. En effet, cette mosquée a été bâtie sous les ordres de l’émir Chamseddine Aq Sonqor Al-Nasséri qui était le superviseur des édifications royales pendant le règne du sultan Al-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun. Le seuil de la mosquée est marqué par un bloc de pierre en granit sur lequel sont inscrits des signes hiéroglyphiques. Les constructeurs de l’époque se servaient en effet des pierres des temples pharaoniques afin de consolider les bases des édifices.
La mosquée a une forme carrée, son centre est découvert et entouré de 4 iwans dont la plus grande est celle de la qibla (la direction de La Mecque). Alors que cette dernière comprend deux arches, chacune des trois autres iwans n’en possède qu’une. Ces arches étaient couvertes par des voûtes hybrides.
Toujours à l’époque mamelouke, précisément en 815 de l’hégire (1412), l’émir Toughan Dawadar fait ériger dans la cour une fontaine pour les ablutions.
La mosquée a préservé ce style architectural mamelouk plus de 300 ans, jusqu’à l’arrivée de l’émir ottoman, Ibrahim Agha Mostahfizan, général des janissaires, et dont les empreintes architecturales, encore présentes, se trouvent toujours dans toute la rue Bab Al-Wazir. Citons à titre d’exemple la fontaine qui porte son nom, un bassin d’eau pour les animaux, le dôme et surtout la mosquée Aq Sonqor.
Ibrahim Agha a fait remplacer l’une des arches de l’iwan de la qibla et les voûtes latérales d’un plafond en bois. Mais les ajouts les plus remarquables restent les panneaux de céramique bleue et verte qui recouvrent le mur de l’iwan de la qibla et le dôme d’Ibrahim Agha.
Fabriqués selon le style iznik (ville de Turquie), ces panneaux sont composés de dalles de céramique carrées et rectangulaires. Quelques-uns sont ornés d’arbres de kalala et de clous de girofle. Les côtés sont ornés par deux cyprès. A l’ouest du mihrab on peut toujours lire « Ya Allah, Mohamad ». Quant au mausolée d’Ibrahim Agha, il se distingue par la diversité des ornements fleuris et botaniques représentés sur ses panneaux de céramique.
Par ces rajouts, la mosquée Aq Sonqor a acquis un style ottoman. Depuis cette date, la mosquée est ainsi devenue « la Mosquée bleue ». Actuellement, seuls les habitants du quartier connaissent cette mosquée, pièce maîtresse des monuments islamiques.
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