Après la restauration, la beauté de la tombe est mise en relief.
C’est logiquement que, pour le 90e anniversaire de la découverte de la tombe de Toutankhamon, Howard Carter est mis à l’honneur. Si l’archéologue tire sa renommée de la découverte de la tombe du jeune roi Toutankhamon, ses travaux concernent toute la vallée.
Ses descendants, les neveux de Lord Carnavon qui avait financé les travaux de fouille dans la vallée, les ambassadeurs des Etats-Unis, de Singapour et de Grèce, avec à leur tête les ministres des Antiquités et du Tourisme, ont inauguré la semaine dernière la tombe du pharaon Mérenptah, fils et successeur de Ramsès II (vers 1213-1203 av. J.-C.).
C’est « l’une des plus grandes et des plus belles constructions royales de la Vallée des Rois », a souligné Mohamad Ibrahim, ministre des Antiquités, dans son discours.
En 1737, Richard Pocoke découvre les premiers indices de cette tombe. Plusieurs archéologues contribueront ensuite à cette découverte. Mais c’est à Howard Carter que l’on attribue la découverte complète de la tombe en 1903. De 1985 à 1988, Edwin C.Brock poursuivra le travail de dégagement et de restauration, afin que ce chef-d’oeuvre de la XIXe dynastie du Nouvel Empire pharaonique puisse être présenté au public.
Un tombeau grandiose et délicat
Le sarcophage du roi au sein de sa tombe.
La tombe se compose de trois couloirs en pente qui mènent à une petite chambre et à une salle à colonnes comportant une chambre latérale. Au centre, une ouverture débouche sur un couloir, également en pente, qui donne sur une troisième chambre au-delà de laquelle un dernier couloir descend à la chambre funéraire.
« Cette tombe est beaucoup plus simple dans son architecture que celle de son père Ramsès II. Ce qui la caractérise ce sont les décorations qui ornent ses parois », souligne Mansour Boerik, directeur des antiquités de la Vallée des Rois et celle des Reines au Conseil suprême des antiquités.
Plusieurs scènes de toute beauté y sont représentées, telles les prières au dieu Rê qui côtoient des extraits du Livre des morts et la description des rituels funéraires. « Le plafond de la chambre funéraire comporte aussi des symboles astronomiques », ajoute Boerik. Ce plafond, aujourd’hui restauré, avait été gravement endommagé par des inondations successives, comme la plupart des scènes situées au-delà de la salle à colonnes.
Quatre sarcophages avaient été découverts par Carter, dont trois en granit rose, alors que le quatrième, qui renfermait la momie, était en albâtre. « Pour restaurer ce sarcophage, il a fallu le transporter hors de la tombe. Il a fallu aussi en regrouper les morceaux éparpillés. Puis nous l’avons remis à sa place d’origine. Mais la momie se trouve au Musée du Caire dans la salle qui regroupe les momies royales », explique Boerik. Le couvercle du second sarcophage externe représente le roi, gisant et apprêté.
10 ans de restaurations
Les restaurations ont été multiples, menées sur une décennie. En 2002, une mission archéologique française a pris la responsabilité de mener des travaux de reconstitution du décor : la tombe avait, en effet, été dépouillée du moindre mobilier funéraire royal lors de pillages successifs.
Des fouilles se sont poursuivies de 2004 à 2008. La mission de 2010 a, elle, consacré son travail à la restauration des parois des salles fragilisées au fil des millénaires. « On peut enfin ouvrir les portes de cette tombe magnifique aux touristes et la mettre sur la liste des visites », s’enorgueillit Boerik.
Pour parer les effets néfastes d’un flux soutenu de visiteurs sur ces monuments fragiles, l’idée de fabriquer une réplique de ce tombeau a été proposée. « On a commencé par la tombe de Toutankhamon. On attend d’avoir du recul par rapport à cette expérience avant de la reproduire », avancent plusieurs archéologues, qui soulignent la passion des touristes pour les monuments originaux.
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