Jeudi, 23 janvier 2025
Al-Ahram Hebdo > Tourisme >

Le cri de détresse des monuments iraqiens

Doaa Elhami, Lundi, 18 mai 2015

Avec la destruction de nombreux musées et sites archéologiques, le patrimoine culturel iraqien semble plus menacé que jamais.

Le cri de détresse des monuments iraqiens
Même les trésors iraqiens préservés dans les musées sont détruits. (Photo : AP)

12 ans sont passés depuis l’invasion américaine de l’Iraq et la chute du régime de Saddam Hussein. Une période durant laquelle les sites archéologiques iraqiens n’ont cessé d’être détruits. Dernières destructions en date : celles du site de Namroud et des chefs-d’oeuvre du Musée de Mossoul en février 2015. « Le patrimoine iraqien est aujourd’hui grandement menacé », explique Adel Ziada, superviseur général au secteur des monuments coptes et islamiques au ministère des Antiquités, qui a passé un long moment en Iraq en quête de monuments endommagés.

D’après lui, les troupes américano-britanniques ont laissé les grands musées et les sites archéologiques se faire dévaliser. Le Musée de Bagdad a été vidé de ses trésors. Martin Sullivan, conseiller du président américain pour les affaires culturelles à l’époque de l’invasion américaine, a reconnu dans sa lettre de démission que « le pillage du musée de Bagdad aurait pu être empêché ». 15 000 pièces d’antiquités y ont été pillées. Mais les militaires de la coalition américano-britannique n’ont rien fait pour préserver le musée.

En effet, le pillage du Musée de Bagdad a été suivi par plusieurs autres attaques de sites archéologiques. Les bombardements ont provoqué la destruction partielle de la Bibliothèque de Bagdad. D’après Adel Ziada, cette bibliothèque, datant de l’époque abbasside, renfermait des manuscrits arabes qui retracent les débuts de la civilisation islamique ainsi que plusieurs oeuvres traduites des anciennes civilisations. « Ces références sont aujourd’hui perdues. Un nombre considérable d’ouvrages a été volé ainsi que des pièces de monnaie. Celles-ci ont une grande importance pour les archéologues », commente Ziada.

De nombreux musées ont également été détruits ainsi que des trésors millénaires. Des hordes de pillards ont dévasté les musées de Bagdad. Le Musée national a été saccagé, des milliers d’objets ont disparu. De même, le Musée de Tikrit (capitale de la province de Salaheddine) a été touché par un missile américain. D’autres musées, comme celui de Mossoul, ont été détruits par les bombardements réduisant en poussière des collections complètes d’antiquités : des tablettes du code d’Hammourabi (l’un des plus anciens textes juridiques de l’humanité) ou des textes de l’épopée de Gilgamesh (la source mythologique du récit biblique du déluge). Outre les bombardements et les pillages, les troupes américaines campaient à l’intérieur des sites archéologiques sumériens, témoins de l’une des plus anciennes civilisations du monde. Quelques années plus tard en 2006 et 2007, la mosquée Al-Dahabi, appelée la Mosquée d’or, a eu le même sort.

L’Etat Islamique (EI) a, lui, diffusé des vidéos montrant certains de ses membres en train de détruire les plus belles collections du Musée de Mossoul, dont les monuments remontent à différentes périodes, aux époques assyrienne et hellénistique. L’EI a aussi pillé la Bibliothèque de Mossoul et brûlé des milliers de livres et de manuscrits rares. Cette bibliothèque comportait des oeuvres datant, pour certaines, de plus de 5 000 ans av. J.-C. Toujours à Mossoul, l’EI a également fait exploser une mosquée du XIIe siècle. L’héritage antique de Mossoul a été détruit en grande partie. La liste des antiquités dérobées et des sites ravagés en Iraq est longue. Pour Adel Ziada, le Conseil de sécurité doit intervenir pour sauver le patrimoine iraqien.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique