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Egyptologie: Les palais des pharaons côté vivant

Amira Samir, Mardi, 11 décembre 2012

Souvent oubliée au profit de celle des morts, l’architecture des vivants témoigne d’un goût de luxe certain des notables de l’Egypte Ancienne. Mais peu de traces sont parvenues jusqu’à nous, en raison du caractère provisoire de ces habitations.

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Un certain nombre de maisons d'ouvriers à Deir Al-Médina à Louqsor existent encore.

L’architecture de l’Egypte Ancienne est souvent réduite à tort aux temples et aux tombeaux. Comme si les habitations destinées aux morts avaient fait oublier que d’autres étaient construites pour les vivants.Au cours des dernières décennies, on a mis au jour plusieurs vestiges de maisons dévoilant l’architecture domestique de l’Egypte Ancienne. « Mais seules quelques traces de structures d’habitat subsistent. Contrairement aux temples bâtis en pierre, les maisons de l’Egypte Ancienne étaient construites en briques crues faites de limon du Nil et de paille. Il s’agit d’un matériau fragile qui n’a pas toujours résisté à l’épreuve du temps. En plus, ces maisons étaient périodiquement reconstruites. Aujourd’hui, elles ont disparu. Il nous reste seulement leurs plans et les bases de quelques-uns de leurs murs », explique Layla Saleh, archéologue.

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Un certain nombre de maisons d'ouvriers à Deir Al-Médina à Louqsor existent encore.

Les plans et les objets conservés permettent cependant de distinguer clairement les villas des habitations ouvrières, bâties sur un plan uniforme, le long d’une rue. Malheureusement, les villes et les villages actuels ont presque tous été construits sur des emplacements habités depuis l’antiquité, ce qui rend les fouilles difficiles.Les peintures et les bas-reliefs des tombeaux reflètent aussi cette architecture oubliée. Ils permettent de se faire une idée des différents types d’habitations et du plan de certaines villes.

« Les fouilles urbaines nous livrent des renseignements utiles sur la structure des villes et des maisons, mais n’apportent pas beaucoup de révélation sur leur agencement intérieur et leur mobilier. On doit chercher des compléments d’informations dans les textes, mais aussi dans les représentations qui décorent les parois des temples et des tombes, qui nous montrent des habitations diverses avec leur décor, leur mobilier et leurs occupants en activité », souligne Bernadette Letellier, conservatrice en chef au Musée du Louvre, qui abrite une salle consacrée à la maison et au mobilier de l’Egypte Ancienne.

Développement progressif
Au cours de la période prédynastique, les Egyptiens vivaient dans des huttes. Plus tard, les maisons se sont développées, variant selon la période, la région et la classe sociale des habitants. La maison d’un pauvre était une cabane de terre composée d’une à trois pièces.On a mis au jour à Saqqara une maison datant de l’Ancien Empire. Celle-ci abritait peut-être un chef de chantier de la pyramide de Djoser. Cette maison est fabriquée en briques crues et se compose d’une entrée qui donne sur 3 pièces.

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Les rois et les nobles de l'Egypte Ancienne habitaient de somptueux palais.

On connaît mieux les maisons de la fin de l’Ancien Empire et du Moyen Empire. L’étage apparaît à la Xe dynastie. Le modèle de Méketré, datant de la XIe dynastie, est un véritable domaine. La demeure possédait des annexes : boulangerie, brasserie, abattoir, menuiserie, ateliers de tissage et filature, greniers à provisions et écuries.

En ville, les maisons possédaient parfois plusieurs étages. Les murs étaient peints et ornés de motifs floraux ou géométriques. « Une partie de la maison était destinée à la vie publique, l’autre à la vie privée. Les riches demeures comprenaient des salles de réception, une salle à manger et une salle de repos ainsi qu’une salle de bains donnant sur le jardin », détaille Jean-Michel Thibaux, professeur d’histoire des civilisations à l’Ecole supérieure d’Art et des Communications de Paris.

70 pièces
Les maisons des hauts fonctionnaires et des nobles pouvaient comporter jusqu’à 70 pièces et galeries reflétant un goût certain pour le luxe et la perfection. Un jardin précédait la maison. Celui-ci comprenait un bassin, où poussaient lotus et papyrus. Dattiers, doums, sycomores, acacias, grenadiers et treilles couvertes de vigne servaient de remparts au soleil.

Quelques plans sont parvenus jusqu’à nous. Ces maisons étaient habilement aménagées : les appartements du maître, le harem réservé aux femmes et aux enfants, les communs, les cuisines et les chambres des domestiques étaient isolées, dispactchées autour de cours à préaux, auxquelles on accédait par un jeu de couloirs.

Comme les maisons modestes, les palais étaient construits de briques et de bois. Ils n’ont guère résisté au passage des siècles et les fouilles ont dévoilé peu d’éléments de cette architecture royale.

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Les Egyptiens de l'antiquité cultivaient de magnifiques jardins autour de leurs maisons.

Le Nouvel Empire, mieux connu

Les palais du Nouvel Empire sont mieux connus, grâce à quelques parties de palais construites près des temples funéraires. Ces palais se composaient souvent de plusieurs groupes de bâtiments. Ils étaient articulés en 3 quartiers principaux : les demeures des serviteurs, les salles officielles (galeries, chambres d’apparat, salles hypostyles …) et la résidence privée des souverains, qui comprenait les appartements du roi et le harem, où vivaient la reine, les concubines royales et les enfants du roi.

Plusieurs pièces de mobilier ont aussi traversé les siècles. « Les nobles, le haut clergé et les rois importaient pins, sapins, hêtres et chênes du Liban et l’ébène de l’Afrique. Une grande quantité de mobilier funéraire fut découverte dans les tombes, laissant percevoir ce que pouvait être le mobilier quotidien des notables. Vers 2700 av. J.-C., les baldaquins, les chaises à porteurs, les lits furent rehaussés d’inscriptions d’or », précise Jean-Michel Thibaux.

Mais la majorité des Egyptiens de l’antiquité n’attachaient que peu d’importance à la vie. Ils appelaient les maisons « auberges » parce qu’ils n’y habitaient que peu de temps, et les tombes des morts « demeures éternelles ». Ces «» sont pourtant essentielles pour comprendre le deuxième volet de la vie des Egyptiens de l’époque .

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