Quinze ans séparent la ville de Louqsor de son ambitieux projet de protection et de conservation. Les étapes se succèdent, mais le travail à accomplir reste énorme. Louqsor 2030 a en fait surgi en 2005 : son but principal est de valoriser le patrimoine de cette ville unique en le protégeant de toute violation, qu’elle soit agricole ou urbaine. Louqsor vise à devenir un musée en plein air, variant entre beauté d’antan et modernité.
« Les touristes se promènent librement dans la ville et jouissent de sa splendeur. Les temples font partie de la ville, ce qui la rend unique », se réjouit Abdel-Hakim Karar, directeur du bureau des antiquités à Louqsor.
Mais le plan prévu pour la Thèbes d’autrefois rencontre de nombreux problèmes. Le plus grand demeure la croissance démographique de la ville et l’empiétement des nouvelles constructions sur les sites archéologiques. Il a fallu beaucoup de patience et d’argent pour convaincre les habitants de déménager pour libérer des terrains sous lesquels se cachent encore de nombreux trésors.
L’Allée des sphinx est désormais éclairée sur une distance de 350 mètres.
C’est le cas de Deir Al-Bahari. « Ce n’était pas facile au départ, mais on a pu finalement convaincre les habitants de déménager et on a créé une zone aux abords du temple où l’on a regroupé toutes les échoppes de souvenirs », reprend Abdel-Hakim Karar.
Le réaménagement des sites touristiques est un autre défi. L’Allée des sphinx, reliant le temple de Louqsor à celui de Karnak, en est le coeur. Pour l’instant, seuls 350 mètres d’un total de 3 kilomètres ont été éclairés et réaménagés. Le travail a duré près de 5 ans pour un budget de 66 millions de L.E. « Cela a nécessité d’éliminer tous les empiétements, de restaurer les statues et d’éclairer l’Allée », explique l’ex-directeur du bureau des antiquités de Louqsor, Mansour Boreik.
L’Allée, longue d’environ 3 km, compte plus de 1 200 sculptures. « Certains bâtiments et maisons récemment construits ont été démolis car ils cachaient les sphinx. Cette allée devait voir le jour en février 2011, mais à cause de la révolution, le travail s’est arrêté et de nouveaux empiétements sont apparus. Mais le travail a, depuis, repris son chemin », reprend Mansour Boreik.
1/3 du travail réalisé
D’après le ministère des Antiquités, seul un tiers du travail de Louqsor 2030 a été réalisé. Toujours dans les environs du temple de Karnak, la cour ouest a été inaugurée après son élargissement. De petites boutiques ont été construites et des parkings ont été aménagés plus loin, rendant sa splendeur au temple du dieu Amon. Et les fouilles s’y poursuivent toujours. Le travail des missions égyptiennes et étrangères est indispensable.
« Leurs idées ont beaucoup apporté au travail. Les missions sont à l’origine de la découverte de nouveaux sites et permettent de restaurer les édifices menacés », salue l’actuel directeur du bureau des antiquités.
C’est par exemple une mission espagnole qui est chargée d’éclairer le temple de Louqsor. « Le développement du système d’éclairage et de sécurité provient d’une subvention espagnole pour un total de 150 millions d’euros. Ce système permet à ce que les sites soient accessibles à la visite la nuit, tout en étant mieux protégés », dit Mamdouh Al-Damati, ministre des Antiquités. Aux éclairages des temples sera ajoutée de la musique pour donner une atmosphère particulière à certains sites.
Toujours sur la rive ouest a lieu un projet de développement des sites dans la Vallée des rois et celle des reines, ainsi que dans le fameux temple d’Hatchepsout. Le projet « Louqsor 2030 » nécessite de construire de nouvelles routes, pour éloigner les routes actuelles des sites archéologiques. « On s’est aperçu que certaines routes passent juste au-dessus de monuments de grande valeur », explique Mansour Boreik qui souligne que ce projet, lui aussi arrêté en 2011, reprendra petit à petit.
Louqsor 2030 verra aussi la création d’un centre d'études à proximité de la maison de Carter. De nouveaux centres d’études thébaines seront de même réalisés. A travers ces centres on cherche aussi à éduquer les nouvelles générations et à promouvoir l’artisanat traditionnel avant qu’il ne disparaisse, reprend Mansour Boreik. Seuls quelques projets n’ont pas encore commencé, comme le village de Nag Abou-Osba situé sur l’un des plus importants sites archéologiques près de Karnak. Les habitants doivent déménager avant que ne commence la restauration du temple du dieu guerrier Montou.
Une chose est sûre : Louqsor 2030 devrait enfin permettre de considérer le développement urbain et touristique à travers une vision à long terme.
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