Bokova au Musée national d'Iraq à Bagdad. (Photo : AP)
La directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, a lancé à l’Université de Bagdad la campagne
#Unite4Heritage sur les réseaux sociaux. L’objectif est de contrer la propagande de nettoyage culturel et la destruction du patrimoine culturel, de soutenir la jeunesse iraqienne et de mobiliser les jeunes partout dans le monde.
#Unite4Heritage invite les personnes, notamment les jeunes de la région arabe, à envoyer des photos et à écrire des textes à propos des sites du patrimoine qui leur importent. Ils peuvent aussi envoyer des « selfies » d’eux-mêmes avec le hashtag de la campagne afin d’illustrer le concept d’unité et l’importance du patrimoine culturel dans la vie des personnes.
« Aujourd’hui, nous adressons un message clair, a déclaré la directrice générale. Nous n’acceptons pas le nettoyage culturel et nous formerons un front uni pour faire en sorte d’y mettre fin ».
#Unite4Heritage a été conçue en réponse à la destruction et au pillage du patrimoine culturel dans les zones de conflit, notamment en Iraq. La campagne s’appuie sur une initiative des étudiants de l’Université de Bagdad datant du 5 mars. Les étudiants entendaient protester contre les vidéos et les annonces de destruction et de pillage du musée de Mossoul, de la ville historique de Nimroud et du site du patrimoine mondial d’Hatra.
La campagne s’appuiera sur les réseaux sociaux pour créer un mouvement mondial en faveur de la protection et de la sauvegarde du patrimoine menacé.
« En Iraq et dans toute la région, des extrémistes violents orchestrent une effroyable campagne de nettoyage culturel », a déclaré Irina Bokova. « Ils cherchent à diviser les sociétés, semer la haine, imposer leurs visions sectaires par la violence et l’oppression. Ils diffusent cette vision partout dans le monde en utilisant tous les médias, notamment les réseaux sociaux, pour cibler les jeunes ».
« Nous devons répondre ensemble en montrant que les échanges et le dialogue entre les cultures sont des moteurs de l’Histoire. Nous devons répondre en montrant que la diversité a toujours été et demeure aujourd’hui encore une force pour toutes les sociétés. Nous devons répondre en refusant le clivage entre Nous et Eux. Nous devons répondre en proclamant notre patrimoine culturel comme le bien commun de toute l’humanité », dit-elle.
Au cours de sa visite à Bagdad, la directrice générale s’est également entretenue avec le premier ministre iraqien, Haider Al-Abadi, et le président de la Chambre des représentants, Salim Al-Jabouri, ainsi que d’autres responsables de haut niveau. Irina Bokova, qui s’est engagée lors de sa visite à Bagdad à renforcer les mesures visant à protéger le patrimoine iraqien, systématiquement pris pour cible par les djihadistes, a, par ailleurs, annoncé le lancement d’un projet financé par le gouvernement japonais pour sauvegarder le patrimoine iraqien. Ce projet est axé sur le suivi, la communication, la sensibilisation et l’assistance technique.
« Notre engagement aujourd’hui est de ne jamais baisser la garde dans la protection de la diversité et du patrimoine culturel iraqien », a-t-elle déclaré dans le musée national de Bagdad, qui a rouvert ses portes récemment.
Des spécialistes du patrimoine ont reconnu qu’on ne pouvait pas faire grand-chose pour les sites archéologiques situés dans des zones contrôlées par l’organisation djihadiste de l’Etat Islamique (EI).
En février, des membres de l’EI ont réduit en miettes de nombreuses pièces, dont des objets inestimables exposés au musée de Mossoul, seconde ville du pays, devenue le principal fief de l’EI en Iraq.
L’EI est aussi accusé d’avoir pillé et vandalisé de nombreux sites archéologiques, notamment la cité antique d’Hatra, classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
Mme Bokova a cependant indiqué que son agence renforcerait « les outils de protection, dont les inventaires et le recours à la télédétection et à l’imagerie satellitaire », afin de s’informer du sort du patrimoine iraqien.
Les djihadistes s’en prennent notamment aux sculptures de civilisations préislamiques en les qualifiant d’idolâtres, mais des spécialistes soulignent que l’EI a principalement détruit des pièces trop imposantes pour être revendues en contrebande.
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