Notre destin commun était l’éloignement des demeures.
Je vis dans l’impatient désir de nous retrouver
Je porte en moi une certaine tristesse
Pour un temps révolu dans mon coeur.
Mes demeures ne sont plus qu’une empreinte
Que les nuits ont éparpillée
Les vents un jour l’ont emportée
Entre ce coucher du soleil et ce crépuscule làbas
Pour que je vive une si longue nuit
La lune va-t-elle apparaître ?
J’avais tant d’espoirs un jour
Qui ne sont plus que des ruines maintenant
Regrettant ces nuits-là.
Aujourd’hui, je suis encore vivante
Et demain, un souvenir fera naître des larmes
dans les yeux
Et une nostalgie s’en ira arpenter plusieurs
pays.
temps passé,
Pourrais-tu revenir un jour accompagné des
demeures ?
Tu les as tant aimées ?
Reviendras-tu en apportant ces ombres
Qui habitaient mon coeur avec ses passions ?
Ceci est notre voyage dans le temps éphémère,
Et c’est là où se trouvent mes rêves que j’ai
disséminés un jour autour de la lune.
Peintures de Hosn Charq, 1999 et 2000
chamelier de la caravane,
Je ne sais que choisir dans le temps qui passe
Arrête-toi devant ma demeure
Lance un salut
Fais couler des larmes
Sur les ruines où j’ai répandu mon coeur.
Mes jours les voilà
Mes jours sont passés
Entre les larmes de tant d’yeux qui pleurent.
temps passé,
Vas-tu revenir dans la maison du bien-aimé ?
Et dans ces demeures où souffle le vent du sud
entre les murs
Et le recueillement à l’intérieur des parois ?
Ce sont mes jours passés que je pleure.
C’était un coeur amoureux
Qui est parti avec ces nuits.
Ce sont des jours disparus
En laissant des aspirations au coeur.
Tout est perdu
Entre ce coucher du soleil et le crépuscule de
là-bas.
Je retrouve un temps lointain quelque part
Où ma mère tant aimée et mon père apparaissent.
Ils avaient dans le coeur une place à part
Et un coin dans l’âme.
Les jours nous ont séparés et ils sont loin des
yeux.
Ce fut un départ au coucher du soleil
Je pleure la perte de ce coeur et de cette source
qui jaillissait
J’aspire à retrouver ces nuits
Et ce visage amène et chaleureux
Et le chagrin des mots
Mon désir est ardent.
J’habite encore ces jours
Pourtant les ruines et les souvenirs viennent
m’assaillir.
Ces jours n’étaient qu’un mirage
Ces demeures n’étaient que des formes tracées
Je ne suis qu’un spectre flottant dans le temps
Il s’absentera un jour et partira.
Ce sont des jours vécus entre le coeur et la
source qui jaillissait
Je leur ai donné un abri entre les paupières
Car ces yeux cherchaient la paix de l’âme.
Ce sont des jours qui n’existent plus
Ce sont des nuits qui ont pleuré
La lune perdue qui habitait un jour ma demeure
Et un soleil évanescent à l’horizon
Dans l’amour du lieu habité.
C’est un temps passé
Il y a si longtemps.
Où sont mes dessins ?
Où se trouve désormais ce lieu ?
Et ces demeures ?
Un jour ce fut le départ,
Au crépuscule, la nuit allait tomber.
Ce temps est passé
L’aimé est si loin
Et moi, ai-je habité ce temps avec mon coeur
Et des tendres regards ?
Là-bas, il y avait un jour ma maison et ma
demeure.
Papillons rêveurs et havres des passions
Zéphyrs des amours
Je suis une exploratrice. Dans mon parcours,
je suis pleine d’amour. Me voici devenue lune
et soleil. Je pars. Je voyage, pour voir l’amour
et la passion dans ces pays où ils sont faits de
lumière.
Je voyagerai et j’explorerai ces demeures par
amour pour ceux qui les habitent.
Je voyage à travers un itinéraire de lumière.
J’avance dans un périple d’amour et de
passion.
Par amour, par passion, pouvons-nous faire
nos prières, que Dieu écoutera, car nous nous
consumons d’amour ?
Je voyage, à travers ma quête je cherche la
source de la passion après la soif des jours
et des années, comme un papillon qui brûle
d’amour et qui s’élève vers la lumière.
La lumière est le refuge de ceux qui savent et
elle est connaissance de ceux qui ont trouvé la
voie. Chemin d’amour et de passion.
Je porte les passions vers les demeures
d’amour.
Je dissémine des poèmes et des dessins
représentant l’amour et la passion.
Dans mon voyage, l’amour m’a vaincue.
Je passe autour des demeures de l’aimé, puis
je pars et disparais au loin.
L’amour sublime me porte au-dessus des rives
et des villes, des rivages et des fleuves, pour
que j’entende la flûte de la magie et la huppe
parmi les feuilles des arbres. L’être appartient
au Maître. L’amour appartient au Créateur.
Je passe par les demeures à travers un rêve
flottant. J’ai été vaincue par l’amour.
Je voyage, entre extase et consomption,
Je propage mes vers dans le temps du départ
Vagabondant, prise d’amour et de passion,
possédée par les émois du coeur.
Je vais d’ici de là comme les étoiles avec les
arbres
Et la nuit avec la lune, par amour envers le
Créateur de l’amour.
Je suis indécise parmi chaque demeure,
rêveuse quand il s’agit d’amour,
Mes pérégrinations me feront aboutir à ma
destination,
La passion m’a consumée, l’ardeur m’a
envahie par l’éclat de la lumière. Je suis
semblable aux cierges qui brûlent avec
ferveur. J’entends la flûte magique me faire
une confidence sur l’amour. L’amour qui
mène à Dieu. Et j’entends aussi le murmure
des feuilles, puis la chute de la pluie.
Nos yeux pleurent sur les spectres et les ombres
fugaces. Chez nous, la pluie est tombée et nos
fleuves sont en crue. Nous savons alors que
nous avons aimé et créé pour vivre et pour que
vive l’existence d’un temps avançant dans les
terres lointaines, pour arriver jusqu’au maître
des apparitions, le créateur des ombres.
Zéphyr de la passion et de l’amour
Dans le coeur
C’est le souffle et le murmure du vent
Le temps me fait passer comme passent les
nuages
Je ne suis plus qu’un souvenir, tandis que la
passion noie mon coeur d’amour, dans un
tourbillon de la passion entre crépuscule et
coucher du soleil.
Je répands notre histoire au-dessus des sables
Pour que la lune dans la nuit l’apprenne
Et les étoiles
Et les arbres.
La brise de la magie me demande : Tu es
amoureuse ?
L’amour me laisse perplexe comme une lune
L’amour m’entraîne autour des globes célestes,
pareil au tournoiement des arbres et des étoiles.
Et le soleil
Et la lune.
Le couchant attire chaque élément après tant
d’amour qui nous comble et l’épanchement des
passions. Que j’aime ! Que j’adore !
Magda Saadeddine
Née en 1952 dans le gouveronrat Ménoufiya, elle est à la fois peintre, critique artistique et poète. Avec un doctorat en philosophie de la critique artistique obtenu en 1990, elle est professeur assistant à l’Académie des beaux-arts. Elle a publié nombre d’essais et d’études dans le domaine artistique comme Nehad Bahgat et Les Murmures de la folie en 1997 aux éditions Alef, un essai sur le peintre Mahmoud Saïd en 1994, un autre sur la gravure sur cuir en 1992. Son premier recueil de poèmes est intitulé Toloul al-ghassaq en 2008, dont le poète Farouq Choucha a célébré l’écriture soufie.
Lien court: