Tu es une fleur
Je te parlerai de Dieu
Dieu qui m’a accompagné dans la marche,
Toute ma vie, pour te trouver comme un fleuve
Où les anges se baignent
Tandis qu’une fillette s’est levée car elle a voulu capturer les esprits,
Ames
Peinture de Adli Rizqallah
Qui se détachent des anges chaque fois que leurs mains touchent l’eau.
Je te dirai maintenant :
Tu es l’enfant qui a trouvé mon âme comme un brin de paille et l’a prise jusqu’aux anges pour la purifier.
L’armoire ne contient ni secrets
Ni même des vêtements qu’elle a préparés en vue d’une soirée annulée
Ni draps tissés en compagnie des vieilles
Qui avaient mis beaucoup d’amour
Dans son coeur
Les vieilles femmes ne l’ont pas enviée
Les cheveux blancs de leurs têtes ressemblaient
à la fumée
Son coeur n’avait pas de poumon pour pouvoir voler
Et traverser l’espace des arbres qu’elle avait soigneusement dessinés
Et qui devinrent ensuite le repaire des fantômes
de ses mauvais souvenirs
Ceux qui sont morts dans son coeur n’ont pas connu la pourriture
Ils passent aujourd’hui au-dessus de ses rêves
A travers les crosses seulement on peut voir des mains souillées
Mais elle est comme Marie
Elle se lève et va dessiner un arbre
Qu’elle secoue chaque nuit,
Donnant des fruits qui constellent la solitude,
Et elle donne la vie à des enfants qui s’accrochent
à son épaule comme dans l’un de ces mythes …
Tu laisses entre mes mains
La voix d’Oum Kalsoum
Et des fruits tombés de l’arbre généalogique
Que je remets dans la terre
Et dans mon coeur il y a la patience d’un moine
Qui a conservé sa vie pour le désert.
Je ne suis pas une ombre pour la suivre
Je ne suis pas une conscience pour dévoiler ses intentions
Ni un ange pour l’accompagner dans son sommeil.
Comment retrouves-tu ton lit ?
Sans la présence d’anges pour préparer l’instant
où émergera le sens
Domptant une vie aux aguets à ta porte comme un animal sauvage
Que l’on mène sous le chapiteau d’un cirque,
Il est perturbé par les rires des enfants qui se sont endormis avant d’entendre l’histoire.
L’histoire m’a mené jusqu’ici.
Et en moi il y a la soif des forêts dans la déchéance des feux.
Comme une histoire qui tient compagnie aux enfants
Pour les mettre au lit
Elle s’en va dormir
Elle trompe les anges
Qui lui tenaient tête, menaçants,
Elle s’endort, un chant près de moi :
Son ombre ne me quitte pas.
Je l’aperçois, un train qui enlève l’air,
Mes mains préfèrent les attentes au balcon.
La joie est une balle que nous échangeons
Ton coeur est un ballon qui ne touche plus la terre
Ta poitrine, contrairement à ce que tu crois, n’est pas
Un jardin de tabac que Dieu a laissé aux anges.
C’est un avion qui décolle avec des passagers sur le point de retomber.
Antique
Semblable à un trésor
Tous ceux qui ont croisé ton chemin
Etaient des gens de la caverne.
Tu es un arbre
Dont les feuilles poussent entre mes côtes
Une mère laisse ses enfants jouer dans mon ombre
Et chaque fois qu’ils sourient
Les oiseaux, échappés de mes mains, se mettent
à chanter.
Tu es fleur
Et je suis vase de porcelaine,
Ensemble nous sommes partis d’une boue de jardin.
Je suis le devin de son temple
Je la connais par coeur comme une prière
Je verse sa lumière aux larmes et elles brillent
Je marche dans ses jardins et je me colore de vert
Tel le turban d’un soufi dans la nuit noire.
Son coeur est le sourire d’un enfant
Son sourire est un gâteau
Que Dieu a donné aux oiseaux pour les nourrir.
Et sa main est une passerelle
Pour traverser et obtenir notre droit de prophétie
Si elle parle c’est le début du message.
Sa voix répand de la grâce au monde
Et laisse le soleil : un chat qui miaule à ses pieds,
Le jardin est un lit où verdissent les feuilles du désir.
Ses boucles d’oreille ne formaient pas une pleine lune
Ni un croissant de lune
C’étaient un arc échappé
A la chasse à la gazelle.
Au fond de nos âmes il y a des pleurs
Il te regarde
Il éveille des rires
Rappelant un rêve qui éclaire le sommeil.
Quand elle est absente
Seul l’ennui continue son travail, on le sent.
Il se réveille avant tout le monde
Et range ses papiers sur le lit
Il sort
Dans les rues
Et hante tous les cafés
Avant de boire son thé
Il fait semblant de se disputer avec une chanson.
Elle donne comme une mère
Elle fait pénétrer ses racines comme un arbre
Et comme une fenêtre dont le vantail s’ouvre sur l’espoir
Elle sourit sur mon chemin.
Candide comme un pigeon
Intime comme une chanson
Subtile comme un secret
Proche comme le timbre de la voix
Florissante
Comme un épi
Sa tristesse ressemble à un sanglot
Tirée comme une corde
Tendre comme la rosée d’un sang chaud
Mais elle sait blesser
Comme une bouteille cassée dans une nuit d’amour.
Un ciel
Plénitude où rien ne manque
Etoiles, soleil et lune
Et oiseaux aussi
Tout un ensemble précipité dans mon coeur
Complété de miracles,
Son corps est une canne
Qui fend l’existence
Et emplit la fente d’impatience
Cette avidité
Pousse et rappelle les épis de blé
Aux versets de lumière nourriciers,
Ma bien-aimée n’abandonne jamais d'irrésistible
envie de lumière.
En étant une chanson
Mon coeur a su l’écouter
Et mon âme en devenant théâtre
Je suis devenu et orchestre et public.
Invite-la à la chaleur d’un sommeil
Autant qu’un baiser volé
Autant qu’une caresse qui va vers un adieu infini
Accorde-lui le rêve qui rassure comme la parole de Dieu à la mosquée,
Alangui comme la noria qui prodigue
Des petites poésies populaires, au fleuve.
A l’opéra
La lumière a trahi nos secrets
Et la musique ne les a pas dévoilés.
Les jours sont des amis d’autrefois
Qui viennent te visiter au café
Un morceau de sucre qui ne fond pas dans la bouche
Des fleurs immortelles
Des histoires pleines de nostalgie
Tu les entends comme un gardien de nuit
Qui fait passer le temps en écoutant le silence du jardin.
Sayed Mahmoud
Ecrivain et journaliste, Sayed Mahmoud travaille dans la presse culturelle depuis 15 ans dans nombre de journaux arabes comme Al-Ahram Al-Arabi, Al-Hayat londonien et Al-Akhbara libanais.
Il a publié son premier recueil de poèmes en égyptien dialectal, Tarikh tani (une seconde histoire), aux éditions GEBO en 2000. Puis un ouvrage historique sur Le Pont Abbass, témoin des manifestations estudiantines de 1946, avant de publier cette année son recueil de poèmes en prose Telawet al-zel (réciter l’ombre) aux éditions Al-Aïn 2012.
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