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Georgia Makhlouf : Le chemin de l’écriture est difficile

Samar Zarée, Lundi, 23 mars 2015

La Libanaise Georgia Makhlouf * revient sur son parcours de journaliste et d’écrivain. Invitée par la Bibliotheca Alexandrina, elle cherche à donner aux plus jeunes l’envie d’écrire.

Georgia Makhlouf
(Photo:Ibrahim Mahmoud)

Al-ahram hebdo : Comment est né votre goût pour l’écriture littéraire ?
Georgia Makhlouf : J’ai commencé par le journalisme. Dès l’âge de six ans, je voulais être journaliste. Le journalisme est un métier d’observation du monde. Plus tard, j’ai fondé des ateliers d’écriture qui étaient pour moi un pont vers le monde de la littérature. Cette première association d’ateliers d’écriture libanais, intitulée Kitabat, tente de transmettre l’amour du livre et de l’écriture aussi bien en français qu’en anglais ou en arabe. Mais le chemin de l’écriture est très difficile. J’ai commencé à écrire très tard. Avant, je lisais encore et encore : la lecture est la meilleure école de l’écriture. Ce qui nous pousse à écrire sont les textes que nous aimons et qui nous touchent.

— Votre premier roman, Les Absents, est-il autobiographique ?
— Cette oeuvre est un roman. Ce n’est pas de moi qu’il s’agit, même si la narratrice et moi avons des points en commun. Le roman est une fiction liée à mon pays d’origine, le Liban, que j’ai quitté à l’âge de 20 ans pour aller en France à cause de la guerre. Depuis plusieurs années, je souhaite y retrouver mes racines, je m’y rends de plus en plus souvent, mais je n’aime pas être perçue comme une simple touriste. Mon roman parle des gens que l’on a croisés dans notre vie, puis finalement perdus de vue à cause des départs, des ruptures, mais aussi à cause de la mort.

— Que représente le prix Léopold Senghor qu’a reçu Les Absents ?
— Pour moi, Senghor est un personnage rempli de sens, qui a joué un rôle important dans le paysage littéraire français. Il incarne des valeurs auxquelles je suis très attachée, comme la laïcité, l’égalité de tous les citoyens au Sénégal. C’est pour tout cela que ce prix possède une grande valeur.

— Pour vous, quel est le statut de la femme écrivain arabe ?
— La femme arabe doit toujours lutter. Mais on voit maintenant de grands noms féminins sur la scène littéraire, noms qui ont remporté de grands prix comme les poètes libanaise Noor Haider et syrienne Linda Salman Ibrahim. Idem dans le domaine de la critique.

— Etes-vous une écrivaine féministe ?
— Je me vois toujours rebelle et parfois féministe. La femme est la première victime du conservatisme des sociétés arabes. Pourtant, si la femme est éduquée et cultivée, le rapport social sera complètement modifié.

— Quel est le but de votre visite à Alexandrie ?
— En plus de la rencontre à la Bibliotheca, j’organise pendant deux jours un atelier d’écriture intitulé L’Ecriture, entre la mémoire et l’imagination, afin de transmettre mon expérience d’écrivain aux jeunes qui désirent écrire.

* Membre du comité éditorial de l’Orient Littéraire, le supplément mensuel du quotidien francophone libanais L’Orient le Jour, Georgia Makhlouf est l’auteur de Les Absents, roman couronné par le prix Léopold Sédar Senghor en 2014

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