Le Festival littéraire du Caire s’est ouvert dans l’historique maison fatimide Beit Al-Séheimi. Animée par la critique et académicienne Shérine Aboul-Naga, la rencontre de deux grands écrivains et de deux villes, Orhan Pamuk pour Istanbul et Ibrahim Abdel-Méguid pour Alexandrie, a fait salle comble. Le 1er Festival littéraire du Caire se tient en ce moment dans les lieux historiques du Vieux Caire et du centre-ville.
Malgré leurs univers et leurs écritures différentes, le récit de la ville cosmopolite, au carrefour des cultures, les a réunis. En réponse à l’une des questions majeures de la rencontre sur l’écriture de la ville et les excavations qu’il importe à l’écrivain d’explorer en creusant dans la mémoire collective de l’espace de la ville, Pamuk, l’écrivain accusé d’être post-moderne, déclare: « Lorsqu’on parle de mémoire collective et de mémoire personnelle, je me souviens d’une phrase de Faulkner: Il n’existe pas d’histoire. l’histoire c’est le moment présent, c’est la continuité.
C’est ce que j’essaie de faire en écrivant mes romans, mes caractères: une moitié c’est d’inventer l’histoire. Le passé est vu comme le présent à travers un caractère pleinement. Lorsqu’on passe une partie de sa vie dans une ville, que ce soit à Alexandrie ou au Caire, ou même à Istanbul où j’ai vécu 62 ans, on remémore toujours une statue qui nous rappelle que nous étions amoureux, ou un parc ou une place qui nous rappelle que nous étions tristes… Tout le monde connaît ce mécanisme : lorsqu’on regarde le minaret d’une mosquée, on se rappelle une histoire. Lorsque je regarde tel ou tel endroit à Istanbul, je me souviens d’un moment précis de mon enfance. Lorsqu’on s’aperçoit que les arbres sont arrachés, les parcs dévastés, les maisons démolies, pour nous qui sommes attachés à la ville, on se rend compte comment cela influence notre mémoire ».
Ibrahim Abdel-Méguid, auteur d’une trilogie sur Alexandrie, est lui aussi influencé par ces histoires enfouies dans des endroits disparus, mais aussi par l’histoire lointaine d’Alexandrie, capitale du monde, avec sa Bibliotheca et son phare. Il précise que dans son oeuvre, centrée majoritairement sur la ville méditerranéenne, il s’attache à trois grands points de la mutation de l’histoire d’Alexandrie : « La Seconde Guerre mondiale, quand l’histoire populaire a complètement changé, les années 1950, lorsque les étrangers l’ont quittée, ternissant ainsi son côté cosmopolite, et les années 1970 avec l’arrivée des courants wahhabites ».
Programme de la clôture du festival
Mercredi, 18 février
A 13h, à la faculté des langues, Université de Aïn-Chams
La traduction littéraire vers l’arabe, la place de l’Egypte sur la carte
Anouar Mogheith, Soheir Al-Moustapha et Réfaat Sallam. Animé par Leïla Gamaleddine
A 19h, à Kotob Khan à Maadi
La nouvelle écriture en Allemagne aujourd’hui
Ilma Rakusa (Suisse), Christoph Peters (Allemagne) et Ricarda Junge (Allemagne).
A 19h à Beit Al-Sett Wassila (Beit Al-Chéar/Poetry House)
La scène actuelle de la poésie, les voies du monde
Kätlin Kaldmaa (Estonie), Mohamad Eid Ibrahim et Milena Oda (République tchèque)
Animé par Sayed Mahmoud
A 19h à la Fondation culturelle Doum, rue Adli, centre-ville
Plongée dans l’univers des écrivains étrangers
Tariq Imam et Persa Koumoutsi (Grèce).
Animé par Khaled Raouf
Jeudi 19 février
A 19h à Wékalet Al-Ghouri, Vieux Caire
Les voix des jeunes cairotes
Areeg Gamal, Moustapha Soliman, Ahmad Chawqi Ali et Asmaa Al-Cheikh.
Animé par Hamdi Al-Gazzar
A 19h à Wékalet Al-Ghouri, Vieux Caire
La voix du peuple: la poésie dialectale
Sayed Hégab, MohamadIbrahim, Waël Fathi, Mayssara Salaheddine et Walid Abdel-Moneim. Animé par Sabri Fawaz.
Lien court: