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Rasha Omran : L’espoir triste

Rasha Hanafy, Mardi, 21 octobre 2014

Syrienne en exil au Caire, la poétesse Rasha Omran nous dévoile les sentiments qui animent son écriture : entre ouverture au voyage et tristesse face à la guerre qui fait rage dans son pays natal. Pour elle, seul l’art pourra vaincre l’obscurantisme et l’extrémisme.

Rasha Omran 
Rasha Omran 

Elle le reconnaît elle-même: « Bien que je ne sois pas une personne heureuse, je suis pleine d’espoir ». C’est à cause de la guerre dans son pays que Rasha Omran, poétesse syrienne, a décidé de partir. Depuis avril 2012, elle vit au Caire, en exil : Omrane s’affirme incapable de se séparer de la Syrie, son pays natal.

Rasha Omran, fille du poète syrien Mohamad Omran, racontait samedi dernier, dans le cadre du festival Ecrire la Méditerranée son développement intérieur. « Le fait de me déplacer d’un endroit à un autre m’a beaucoup influencée en tant que poétesse. Même les invitations pour assister aux conférences m’ont influencée ! Le voyage pour moi est une culture en soi, comme une nouvelle société », confiait celle qui est née en 1964 à Tartous, une ville côtière à 160 kilomètres au nord-ouest de la capitale syrienne. « Vivre au Caire m’a enrichie sur le plan de la poésie. Je pense qu’il ne s’agit plus, dans mes poèmes, de figures, d’intellectualité ou d’idées. Je suis désormais très directe dans mes images poétiques. J’ai beaucoup appris sur la culture afro-égyptienne, mélangée avec le passé pharaonique. Depuis 2012, j’ai observé de près la société égyptienne. La société égyptienne est beaucoup plus cohérente que la société syrienne ».

Rasha Omran 

Le premier recueil de poèmes de Rasha date de 1997, un an après la mort de son père, le poète Mohamad Omran. Il ne savait pas que sa fille écrivait. « Je craignais toujours la comparaison avec mon père. Il était un poète renommé en Syrie, rédacteur en chef de plusieurs magazines et journaux. Je ne voulais ni être son ombre, ni que les éditeurs publient mes ouvrages parce que je suis sa fille », reprend Omran, dont le quatrième et récent recueil, Panorama de la mort et de la solitude, publié en 2014, va être traduit en français. Ce recueil est une expression de son état d’esprit depuis qu’elle est arrivée au Caire. « Il s’agit dans ce recueil des détails de la pièce où je vivais, de la solitude que je sentais et des détails de la mort en Syrie que je suivais sur les écrans. Ecrire est le seul moyen de résister à toutes les difficultés de notre vie », tempère Omran. Elle est convaincue que le sang syrien qui coule est la responsabilité des pays arabes et occidentaux. Comment lui donner tort ?

Rasha Omran habite à Bab Al-Louq et y fréquente les nombreux cafés. Pour elle, il n’est pas encore envisageable de quitter le pays « mère », comme elle le nomme. « Tant que je peux vivre ici, je ne quitte pas l’Egypte. Je déteste vivre en cantonnements. J’aime vivre avec les gens dans une société dont je connais la langue », dit-elle.

Rasha Omran était responsable du « Festival des chênes » (al-sindiane) à Tartous. C’était le premier festival culturel syrien international. Il s’est tenu de 1996 à 2010. Musique, arts plastiques, poésie et écriture s’y mélangeaient. Pour Rasha Omran, la culture est la seule chose qui puisse influencer les gens pour faire face à la guerre, à l’obscurité et aux conflits confessionnels. « Comment peut-on résister? Les chaînes satellitaires sont les porte-parole des régimes et des groupes religieux. Il n’y a aucune idée constructive ni critique! L’extrémisme est partout autour de nous. On doit résister par la culture et par l’art, dans toutes les sociétés arabes ».

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