
Le groupe Zatt lors d'un spectacle poésie-marionnettes.
C’EST CONNU : l’édition marginalise la poésie au détriment du roman. Les romans sont mis aux premiers rangs, rivalisant dans les librairies pour atteindre l’étiquette de «
best-seller ». Le groupe «
Zatt pour les poétesses » a été formé il y a juste 8 mois.
Zatt, ou soi-même, est l’oeuvre de quatre jeunes poètes femmes : Abir Abdel-Aziz, Héba Essam, Nahed Al-Sayed et Maha Chéhab. Leur objectif principal est de faire retourner le public et les intellectuels à la poésie, notamment le poème en prose qui s’est libéré des rimes et des syllabes.
Leur idée est de présenter la poésie en parallèle avec d’autres arts comme la danse, les arts plastiques, la caricature, le dessin animé, les marionnettes, la peinture … « Nous devons faire face à la réalité. Les éditeurs n’acceptent que difficilement la publication d’un recueil de poésie. Ils mettent comme condition que le ou la poète achète 100 copies », explique Abir Abdel-Aziz, l’une des fondatrices et écrivaine pour enfants et adolescents. Elle regrette que les intellectuels ne reconnaissent que rarement la poésie en prose. Le public, lui, préfère aussi le roman.
« C’est pour convaincre les intellectuels tout d’abord et ensuite attirer le public que nous avons eu l’idée de mélanger la poésie avec d’autres arts », dit-elle. Abir Abdel- Aziz organise des spectacles en choisissant le thème selon les poésies sélectionnées, souvent d’auteur féminin.
« Zatt n’est pas du tout féministe. Nous avons commencé avec les poètes femmes, parce que l’idée est née entre amies et que les femmes sont beaucoup plus flexibles que les hommes quand il s’agit de sélectionner une telle ou telle partie d’un poème selon le thème choisi pour le spectacle, pour que la poétesse puisse le réciter en accompagnement », tient à préciser Héba Essam, poète et fondatrice du groupe.
Le lancement de ce projet culturel a eu lieu lors du Festival international d’artisanat au village Tunis, situé au Fayoum, en novembre 2013. Le groupe s’est ensuite produit à la fondation culturelle Doum et à la librairie Kotob Khan.
« Un poème dans une peinture »
Un autre projet, en collaboration avec le peintre suédois Mattias Adolfsson, consiste à présenter en des vidéos alliant poèmes et peintures. « Chaque vidéo dure une minute et demie. Nous avons coopérer avec ce peintre parce que ses peintures sont pleines de détails. A chaque vers, on présente un détail pour finir avec la peinture complète », explique Héba Essam, qui affirme que ces vidéos ont bien marché sur Youtube. Incarner le poème en peinture : l’idée n’est pas nouvelle, mais a déjà fait ses preuves.
Quant au financement ? « Nous pouvons accepter un soutien technique mais pas financier. On veut rester autonome », tient à préciser Abir Abdel-Aziz.
Lien court: