Moustafa Hussein, le dessinateur et caricaturiste du quotidien Al-Akhbar, est décédé cette semaine. Ses personnages se retrouvent orphelins. Son départ a mis fin à ce clin d’oeil quotidien qui a fait rire les Egyptiens pendant plus de 30 ans. Le dessin de Moustapha Hussein publié dans le quotidien Akhbar Al-Youm était le fruit d’une étroite collaboration avec l’écrivain satirique Ahmad Ragab. Les deux ont formé un duo extraordinaire et sui generis dans l’histoire de la presse égyptienne depuis 1974. Cette idée de duo était celle de Moustapha et Ali Amin qui ont créé une école de presse propre au groupe de presse Akhbar Al-Youm.

Moustafa Hussein

Cette école consiste, entre autres, à créer une oeuvre caricaturale basée sur la vision d’un écrivain sarcastique et d’un caricaturiste. Elle a réussi avec des duos comme Galil Al-Bendari et Maamoun Al-Chennawi, ou les écrivains Moustapha et Ali Amin, Mohamad Afifi avec des dessinateurs phare comme Saroukhan et Rakha. Plus moderne et plus acerbe, le duo Ragab- Hussein a créé différents personnages, à travers lesquels il faisait passer ses messages politiques. Parmi les personnages phare qui ont marqué l’Egypte et les Egyptiens, on peut distinguer, Fellah Kafr Al-Hanadwa (le paysan de Kafr Al-Hanadwa), représentant la campagne, Motreb Al-Akhbar (le chanteur du journal Al-Akhbar), un luthiste à la voix insupportable, Aziz bey Al-Alit (Aziz le snob), représentant les affaires et le capitalisme ...

Moustafa Hussein

Ces personnages portaient au quotidien des critiques dirigées au pouvoir politique, aux gouvernements consécutifs, aux ministères et aux ministres, selon l’actualité du jour. Mais le fameux duo a rompu au début du nouveau millénaire, avant de se réconcilier 10 ans après. Cela n’empêche que quelques mauvaises langues n’ont cessé de dire que l’oeuvre de Moustapha Hussein ne valait pas grand-chose sans les idées politiques et sarcastiques de l’écrivain Ahmad Ragab. De plus, dans ses dernières années, Moustapha Hussein avait porté une critique virulente contre les Frères musulmans, et plutôt élogieuse vis-à-vis du régime militaire et de la présidence du maréchal Al-Sissi. Cette dernière tendance lui a coûté de nombreuses critiques, lui qui était connu, avec son jumeau Ragab, pour ne jamais épargner la critique contre les figures du pouvoir. Ainsi, on lui a reproché d’être trop proche du pouvoir en place actuellement. Tandis que les Frères musulmans, eux, ont célébré son décès, sur les réseaux sociaux, et souhaité celui de son partenaire Ahmad Ragab.

Reste qu’on ne peut analyser le rapport Ahmad Ragab-Moustapha Hussein et leurs apports que dans le contexte politique de chaque période de l’histoire égyptienne. Cet artiste au trait de plume, approchant le style du grand peintre figuratif Fernando Botero, nous manquera.