Blanc bonnet, bonnet blanc. Parmi les ministres reconduits au sein du nouveau gouvernement figure celui de la Culture, Mohamad Saber Arab. En l’espace de deux ans, il a été nommé 4 fois au ministère de la Culture, un record. Il mérite sans doute le titre de « ministre unique ». En décembre 2011, dans le gouvernement de salut national de Kamal Al-Ganzouri, il était là, puis a continué à exercer ses fonctions sous le Conseil suprême des forces armées. Arab est également maintenu à son poste sous le pouvoir des Frères musulmans dans le gouvernement de Hicham Qandil jusqu’en août 2012. Après la révolte des intellectuels contre son successeur, Alaa Abdel-Fattah, proche des Frères, et le soulèvement du 30 juin 2013, Arab retrouve à nouveau son poste dans le gouvernement de Hazem Al-Beblawy. Et on le retrouve encore sous le gouvernement d’Ibrahim Mehleb après que les intellectuels avaient refusé la nomination d’Ossama Al-Ghazali Harb, politologue et chef du Parti du Front démocratique.
Mais depuis quand on écoute l’avis des intellectuels ? Et pourquoi n’a-t-on pas prêté attention à leurs demandes lorsqu’en 2013, ils avaient demandé la nomination d’Inès Abdel-Dayem à la tête du ministère et qu’on a fini toujours par nommer Arab ? La réponse il faut la chercher dans cette tendance hostile au changement. Car, si on a été obligé de faire appel à un nouveau gouvernement pour faire face à la crise économique et aux troubles sociaux causés par les grèves ouvrières, l’une des missions de « l’ancien-nouveau » gouvernement, dirigé par Ibrahim Mehleb, est de rétablir la stabilité. Ce discours de la stabilité est largement répandu dans les médias, par opposition aux protestations et aux revendications sociales, se reflète sans doute dans le choix de Mohamad Saber Arab 4 fois comme ministre de la Culture dans différents gouvernements libéraux ou islamistes. Rappelons que c’est bien Arab, le partisan de la stabilité, qui a prolongé le mandat de Saad Abdel-Rahman à la présidence de Qossour Al-Saqafa (l’Organisme général des palais de la culture). Bien que ce dernier n’ait laissé aucune empreinte pendant sa présidence de cet organisme étatique chargé de diffuser la culture dans les provinces, et en dépit du fait qu’il avait atteint l’âge de la retraite. Mais le ministre lui a fait une exception.
Rappelons aussi que pendant le 45e Salon du livre du Caire, l’un des plus importants événements culturels à dimension politique, Mohamad Saber Arab avait dit lors d’un colloque avec Amr Moussa, ancien candidat à la présidentielle, que : « Ce n’est pas le moment de la démocratie, car le pays vit dans des conditions très difficiles. Ce n’est le temps, ni des manifestations, ni des protestations, nous devons s’entraider pour construire l’Etat égyptien, et dans les moments de construction, nous ne devons pas parler de démocratie ». Quand on observe l’attachement acharné à Arab, partisan du statu quo comme ministre de la Culture, surtout après ses propos scandaleux sur la démocratie, on se rend compte à quel point la culture ne fait pas partie des priorités du gouvernement.
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