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Vers un lent naufrage ...

Doaa Elhami , Mardi, 04 février 2014

Le Salon du Livre du Caire traverse des années difficiles. Aux problèmes sécuritaires s'ajoutent une crise des ventes et d'importantes lacunes d'organisation. L'avenir de cet événement s'annonce morose.

Vers un lent naufrage ...
Vue générale des rayons.

« Le lendemain de l’ouverture officielle du Salon du livre, 60 000 billets d’entrée avaient été vendus, sans compter les invitations », assure Naglaa Fathi, attachée de presse du GEBO, l’Organisme général égyptien du livre. Hormis vendredi 24 janvier, jour de l’explosion d’une voiture piégée devant la direction de la police du Caire, « qui fut la journée la moins fréquentée en 45 années du Salon », l’affluence se porte bien, affirment les responsables.

Pourtant, cette vision optimiste est loin de correspondre à l’affluence réelle au sein des rayons, pavillons et terrains d’exposition. « La densité de clientèle a fortement baissé après la révolution du 25 janvier 2011 », note Adel Kamel, responsable de marketing à Dar Al-Kotob wal Wassaëq Al-Qawmiya, la maison du livre égyptienne.

Les conditions économiques et sécuritaires fragiles affectent gravement la tenue du Salon depuis 2011. Même les visiteurs, qui considéraient le Salon comme un lieu de sortie familiale, loin de son aspect littéraire, sont devenus timides.

Le manque de sécurité n’est pourtant pas le seul facteur. L’organisation laisse à désirer. Les visiteurs sont perdus. « Les pavillons des pays arabes et européens sont mal placés, dissimulés derrière d’autres. Il n’y a pas de pancartes, pas de logique dans la disposition de stands ... », regrette Yasser Fathi, représentant du Centre culturel italien.

Vers un lent naufrage ...

Face à ces lacunes, la vente des livres est gravement touchée, quel que soit le secteur d’édition. Pour les responsables de la Bibliotheca Alexandrina, le Salon est une occasion unique pour vendre leurs collections de livres aux maisons d’édition ou aux librairies. Cette année, la Bibliotheca n’a reçu aucune demande.

Ahmad Réda, de la librairie Anglo-égyptienne, fait le même constat : même les livres numériques, pourtant moins chers, ne se vendent pas.

Pour compenser la baisse des ventes des livres, d’autres produits sont proposés à la vente : pour 5 L.E., Al-Ahram propose un imprimé de la une de son quotidien à la date de votre choix : un cadeau apprécié pour les anniversaires.

Le GEBO, lui, a décidé de déstocker en masse : il vend ses anciennes publications et collections incomplètes conservées dans ses dépôts, à moins de 50 %. « Une bonne occasion pour les librairies et les bibliothèques », avance Mohamad Sokkar, directeur de marketing au GEBO. Pour lui, cette nouvelle politique a une double utilité : pour le GEBO, elle permet de libérer ses entrepôts, pour le client, elle permet de trouver des publications introuvables sur le marché depuis plusieurs années. Mais la méthode est loin de faire recette.

Le 45e Salon du livre prouve une fois de plus les lacunes de cet événement qui se répètent au fil des ans. A ces défauts vient s’ajouter une crise des ventes, plombant un peu plus l’avenir du Salon .

Vers un lent naufrage ...

Taha Hussein : deux cultures à l’honneur

Taha Hussein est la vedette du 45e Salon du livre. Dar Al-Kotob a réédité Awraq Taha Hussein wa Morassalatoh (les correspondances de Taha Hussein) : deux volumes qui comprennent les lettres envoyées par Taha Hussein à ses collègues, hommes de lettre, ou à ses étudiants, à l’instar du critique Mohamad Mandour. L’ouvrage comprend aussi les réponses de ses destinataires. D’après Adel Kamel, responsable de marketing à Dar Al-Kotob, ces lettres sont de vrais récits littéraires, rédigés dans un style raffiné. Elles reflètent la personnalité de l’écrivain, sa relation avec ses amis et disciples, et surtout sa passion du questionnement. Elles sont marquées par la recherche et l’épanouissement littéraire.

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