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1948, la première guerre israélo-arabe

Dina Kabil, Lundi, 06 janvier 2014

Faisant suite à la nakba, l’essai de Walid Khalidi, 1948, la première guerre israélo-arabe, retrace brièvement, mais avec cartes et documents inédits à l’appui, l’histoire de la guerre qui a suivi la création de l’Etat d’Israël, le 15 mai 1948, et qui s’est terminée par une cuisante défaite des armées arabes. L’auteur y réfute les deux récits mythiques de cette guerre, admis par chacun des camps comme la pure vérité historique. Extraits du premier chapitre.

La première guerre israélo-arabe

« Il y a exactement 50 ans, les événements se sont précipités pour changer de fond en comble le visage de l’Orient et hypothéquer l’avenir du peuple arabe. En effet, dans la nuit du 14 au 15 mai 1948, le mandat britannique en Palestine prit fin et le comité exécutif du Conseil du peuple, le Minhelet ha‘am, proclama à Tel- Aviv la naissance de l’Etat d’Israël. Le président américain non élu, Harry Truman, ne mit que 11 minutes pour reconnaître le nouvel Etat, et les armées de cinq pays arabes se dirigèrent vers les frontières internationales de la Palestine en brandissant leur droit consacré par la charte de l’Onu de défendre leur sécurité régionale. Ainsi éclata la première guerre régulière israélo-arabe, celle dont les conséquences furent désignées dans le monde arabe par le mot « nakba » (catastrophe), et que les Israéliens et les sionistes nommèrent « guerre d’indépendance ». Comme c’est toujours le cas dans l’histoire des guerres et des révolutions, le récit de chaque protagoniste reflète les mythes qu’il a tissés pour prouver sa supériorité morale sur l’autre camp. Et comme toujours, le récit mythique du vainqueur en 1948 a occulté celui du vaincu et s’est ancré dans la conscience du monde occidental, le confirmant dans sa vision dépréciative des Arabes. Afin de permettre aux lecteurs de suivre aisément le cours des événements, et avant d’aborder les deux versions mythiques de la guerre, il convient d’en rappeler les principales étapes :

• La première période d’opérations militaires, du 15 mai au 11 juin 1948.

• Le premier cessez-le-feu, du 11 juin au 8 juillet 1948.

• La deuxième période d’opérations militaires, du 8 au 18 juillet 1948.

• Le deuxième cessez-le-feu, du 18 juillet 1948 au 5 janvier 1949, durant lequel, contrairement à ce qu’on peut penser, les combats ont fait rage.

• Les négociations en vue d’un armistice permanent, du 5 janvier, date du début des pourparlers entre l’Egypte et Israël, au 20 juillet 1949, date de la signature de l’accord d’armistice syro-israélien.

Selon la version sioniste, l’Etat hébreu qui venait de naître, et dont la population ne dépassait pas les quelque 650 000 habitants, a été envahi par les armées de cinq pays arabes indépendants, comptant ensemble plus de 40 millions d’habitants et jouissant des capacités bien connues des Etats, y compris l’armement le plus sophistiqué. Ces armées étaient fermement soutenues par la Grande-Bretagne, décidée à étouffer le nouveau-né dans son berceau et qui, pour y arriver, leur fournissait des armes à profusion. Mais, malgré tout cela, malgré la supériorité numérique, militaire et économique des Arabes, et en dépit de leur important réseau de relations internationales, le tout jeune Etat est parvenu non seulement à tenir bon, mais aussi à gagner la guerre haut la main. S’il en a été ainsi, c’est qu’Israël avait pour lui le droit et que ses héroïques soldats s’inspiraient des valeurs morales de la société juive établie en Palestine ».

1948, la première guerre israélo-arabe, Walid Khalidi (traduit de l’arabe par Farouk Mardam-Bey. Ed. Actes Sud, 2013).

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