Ces importantes rencontres de la francophonie ont eu lieu du 2 au 5 novembre, dans les locaux de l’Université Senghor à Alexandrie, et ont été retransmises, en direct, sur les réseaux sociaux, avec la possibilité de pouvoir poser des questions aux intervenants. Le webinaire sur le thème « Horizon 2030 : les défis africains de la prochaine décennie. Quelles compétences, quels acteurs pour y répondre ? » a été l’une des rencontres les plus intéressantes. Au cours de ce webinaire, les participants ont mené une réflexion sur la manière d’aider l’université, de vocation à la fois francophone et africaine, à mieux s’adapter aux exigences de développement non seulement économique mais aussi social, dans un contexte mondial où le savoir est devenu l’enjeu majeur du développement et le multilinguisme, une nécessité. « L’Afrique se trouve plus que jamais au carrefour d’opportunités et de risques, absolument majeurs. D’une part, il y a les défis de la situation sanitaire, due à la pandémie. Et d’autre part, il y a les effets du changement climatique, des conflits, du terrorisme, de la migration, de la croissance économique et des ressources considérables », affirme Jean Dominique Assié, directeur des campus et des partenariats de l’Université Senghor. Et d’ajouter : « Il est vrai que l’Union Africaine (UA) possède un agenda stratégique et politique couvrant la période jusqu’à 2063, mais pour atteindre le long terme, il faut passer par le court terme. En fait, les dix prochaines années sont déterminantes pour le continent. Ce webinaire vient donc pour aider l’Afrique à répondre aux défis et enjeux de la prochaine décennie ».
Le webinaire a été animé par un panel d’experts et de professionnels africains et internationaux, dont Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Santé du Sénégal, qui est un alumni ; Victor Harison, commissaire aux affaires économiques de l’UA ; N’dri Thérèse Assié-Lumumba, une professeure de l’Université Cornell aux Etats-Unis ; Didier Acouetey, président fondateur du plus grand cabinet de recrutement africain AfricSearch, et Achille Houssou, un proche conseiller du président du Bénin.
Les panelistes ont clairement exprimé certains besoins du continent : besoin de vision, de planification, de méthode et d’organisation. Besoin de développer l’industrie de transformation et l’agriculture pour assurer des emplois et la sécurité alimentaire. Et bien sûr, pour répondre à ces besoins, il y a une nécessité de développer les compétences des hommes et des femmes du continent, compétences transversales, capacité à évoluer et à s’adapter à un monde complexe, etc. « Les personnes intéressées pourront suivre cette rencontre sur Internet ; elle fut passionnante et très éclairante pour l’Université Senghor, mais aussi pour toutes les universités. Car elle a mis l’accent sur la nécessité de révolutionner les méthodes pédagogiques comme a commencé à le faire l’Université Senghor, en réformant les programmes instaurés avec la présente promotion ».
Penser l’avenir
« En effet, l’objectif général de ce webinaire est d’aider l’université à penser son avenir pendant les dix prochaines années. Il constitue la première étape de la réflexion que l’université va poursuivre en 2021, pour préparer son plan stratégique 2022-2025 », souligne Thierry Verdel, recteur de l’Université Senghor. En fait, cette dernière est définie comme une université internationale de langue française, au service du développement africain. Elle est aussi l’un des opérateurs directs de la francophonie. Ayant dix autres campus en Europe et en Afrique, elle se donne pour mission de relever les défis du développement durable des pays francophones d’Afrique, en proposant surtout des masters spécialisés en culture, environnement, management et santé.
Le webinaire consacré à l’Afrique a donné lieu à rappeler la mission de l’Université Senghor, son histoire et les actions menées pour inscrire la francophonie dans la ligne du plan stratégique de l’université. Depuis plus de 30 ans, l’Université Senghor offre des formations pluridisciplinaires et plurithématiques consacrées au développement durable dans un contexte de mondialisation. Elle a pour vocation de former et de perfectionner, en français, des cadres de haut niveau, des secteurs public et privé, et d’orienter leurs aptitudes vers l’exercice des responsabilités dans certains domaines prioritaires pour le développement. Ces cadres créatifs seront capables par la suite de relever les défis du développement durable de l’Afrique.
Double célébration
En tant que pôle d’échanges et de rencontres dans l’espace francophone, l’université organise souvent des colloques, séminaires et conférences dans les domaines de son champ d’action, en collaborant avec les autres opérateurs et institutions de la francophonie. Son trentenaire coïncide avec le cinquantenaire de la francophonie multilatérale qui est née le 20 mars 1970, date de la signature de l’accord donnant naissance à l’Agence de coopération technique et culturelle, devenue en 2005 l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). De quoi donner plus d’ampleur aux festivités de l’Université Senghor. « Aujourd’hui nous célébrons les 30 ans de l’Université Senghor à Alexandrie, en Egypte. Nous célébrons aussi en 2020 le 50e anniversaire de la francophonie. A l’occasion de ce double anniversaire, nous avons tous une ambition renouvelée pour cette jeune université Senghor qui est l’une des plus belles réalisations du projet francophone qui se définit comme internationale, de langue française et au service du développement africain. Elle représente en tout point la francophonie de l’avenir », estime Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’Organisation de la francophonie, dans un audiovisuel publié, à cet égard, sur la page Facebook de l’université.
Louise Mushikiwabo a également salué la diversité et l’ambition des professeurs et des étudiants, ainsi que la richesse des domaines d’études abordés, et a formulé le voeu d’un développement de cette dynamique universitaire, afin que les étudiants soient sans cesse plus nombreux à accéder aux enseignements « senghoriens ».
Le projet de la création de l’université a été présenté et adopté au Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage, à Dakar, en mai 1989. Reconnue d’utilité publique internationale, elle a été inaugurée officiellement le 4 novembre 1990. Opérateur direct de la francophonie, depuis donc 30 ans, elle propose, à la ville d’Alexandrie et sur ses 10 autres campus en Afrique et en Europe, des masters spécialisés et des formations courtes, répondant à des besoins de renforcement de compétences des cadres pour le développement de l’Afrique. En collaboration avec de grandes institutions et organisations internationales, l’université délivre des formations d’excellence, adaptées au contexte africain.
Plusieurs personnalités de haut niveau et d’acteurs francophones et africains ont participé à l’événement, sous les strictes mesures contre la propagation du Covid-19, notamment le port obligatoire des masques et la distanciation physique. Ce contexte sanitaire a limité les possibilités de festivités. « Aucun événement vraiment ouvert au public n’a été prévu en raison de la situation sanitaire, mais la plupart des événements organisés ont été retransmis en direct sur les réseaux sociaux. Dans le contexte sanitaire actuel, il était également difficile d’accueillir à l’université de nombreux invités, nous avons donc fait le choix d’une cérémonie limitée mais diffusée en direct sur Facebook avec, outre les interventions du recteur et du président de l’université, des interventions pré-enregistrées de la secrétaire générale de la Francophonie, du ministre égyptien des Affaires étrangères et du ministre égyptien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche », précise Thierry Verdel.
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