Al-Ahram Hebdo : En 2005, votre roman intitulé Aïn Al-Qett (l’oeil du chat) a remporté le prix Sawiris pour la fiction. En 2020, votre troisième recueil de nouvelles Horoub Faténa (guerres fascinantes) a décroché le prix Youssef Idriss de la nouvelle. Comment a évolué votre style d’écriture pendant ces quinze dernières années ?
Hassan Abdel-Mawgoud : Depuis que j’ai commencé à écrire, quand j’étais à l’école secondaire, je n’ai jamais arrêté de perfectionner mon style, qu’il s’agisse de roman ou de nouvelle. Le prix Sawiris, en 2005, a eu un grand impact sur moi, notamment côté style.
A l’époque, j’ai été acclamé par la critique littéraire, mais seul l’écrivain de renom Sonallah Ibrahim m’a fait la remarque que j’avais de quoi faire un roman d’une plus grande importance. Plus tard, j’ai mieux saisi son point de vue. A chaque fois que je relis le roman primé, je découvre des événements, des endroits et des personnages, beaucoup plus riches que je ne le pensais, mais il fallait les rendre dans un style plus profond.
C’est la leçon que j’ai apprise en quinze ans : il faut travailler son sujet avec persévérance, pour en cueillir les fruits et influencer la scène littéraire égyptienne.
Pour écrire ce dernier recueil de nouvelles, j’ai mis beaucoup de temps. Les idées trottaient déjà dans ma tête, depuis des années, mais j’ai opté pour un travail de longue haleine. Je ne cessais de réviser chaque nouvelle, en changeant le tout d’une version à l’autre. Il m’est arrivé de reprendre l’écriture plus de dix fois pour aboutir à un résultat satisfaisant.
— Vous avez commencé par la presse et vous avez même reçu le prix journalistique de Dubaï en 2002, pour une enquête sur la vie des moines dans la vallée de Wadi Al-Natroun. Le travail journalistique a-t-il influencé votre manière d’écrire ?
— Absolument, mais je dois tout d’abord préciser que j’ai commencé à écrire des contes et des nouvelles, alors que j’étais encore étudiant en secondaire, au village de Qinawiya, à Nag Hammadi, dans le gouvernorat de Qéna (Haute- Egypte). A l’époque, j’envoyais tout ce que j’écrivais aux journaux et revues littéraires, comme Akhbar Al-Adab, dont le rédacteur en chef était l’écrivain Gamal Al-Ghitani. Il lisait tout ce que j’envoyais et le publiait, et c’est d’ailleurs lui qui m’a proposé de venir au Caire et de travailler dans le journalisme culturel.
Le style journalistique est assez direct et simple, sans ambigüité, alors que l’écriture littéraire exige de l’imagination, de la rhétorique et des figures de style. Mais la simplicité et la recherche ou la documentation sont des points communs entre eux.
— Est-ce que vous travaillez sur un nouveau livre actuellement ?
— Oui, je suis en train d’écrire un nouvel ouvrage, dans lequel je retourne au village. Il ne sera ni roman ni recueil de nouvelles, mais plutôt un livre de réflexions. Je travaille également sur un autre livre autobiographique évoquant les années que j’ai passées aux côtés de l’écrivain Gamal Al-Ghitani. J’en ai déjà tout ce qu’il faut, je pense, parce que j’ai réalisé plusieurs dossiers commémoratifs, publiés dans la revue Akhbar Al-Adab, depuis sa disparition en 2015.
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