Al-Ahram Hebdo : Comment est née l’idée de la revue culturelle Amkéna (lieux), l’unique du genre en Egypte qui s’intéresse à l’anthropologie culturelle des lieux et qui est autofinancée ?
Alaa Khaled: Le début était en 1999. Le concept de la culture était trop élitiste, à mon avis. Il limitait les formes d’expression à la fiction romanesque et à la poésie. Pourtant, il existe d’autres formes culturelles pour s’exprimer. J’ai voulu donc briser cet isolement que l’élite culturelle nous imposait. Avec quelques intellectuels, nous avons pensé à fonder une revue qui ne soit pas une copie des autres, déjà existantes. Nous avons eu l’idée de descendre dans les rues pour découvrir les secrets des lieux, de notre ville natale, Alexandrie. On a cherché à connaître de près les expériences humaines des habitants et leurs idées. C’était le thème du premier numéro de la revue Amkéna.
Nous avons eu recours à la photographie pour appuyer les récits et les entretiens. C’était essentiel pour nous, afin que les lecteurs ressentent l’âme des lieux dont on parlait. Ensuite, au fur et à mesure, le contenu de la revue est devenu plus précis, plus consistant, en s’inspirant davantage de l’anthropologie sociale.
Jusqu’ici, nous avons publié onze numéros, portant sur différents lieux partout en Egypte, notamment dans le Delta et en Haute-Egypte. Amkéna n’a pas de date de publication précise. Quatre ans ont séparé les 10e et 11e numéros. Celui-ci est sorti en 2014, et en ce moment, nous préparons le 12e numéro qui sera sur le marché entre juillet et août 2019. On y abordera les parcours alternatifs ou les nouveaux projets qui bouleversent la vie des individus. Il s’agit pour certains du fait de se déplacer vers un autre endroit, tout en ayant de nouvelles idées. Pour d’autres, il est question de changer de carrières ou de relations.
— Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées, depuis le lancement de la revue ?
— C’est le problème du financement qui entrave notre travail. Et ce, parce que nous aspirons toujours à une bonne qualité d’impression, vu qu’il s’agit également de photos. Il y a aussi les efforts déployés pour l’impression et la distribution. Depuis sa création, Amkéna ne publie que 1000 copies à chaque livraison.
— Quelle aide aspirez-vous à avoir de la part du ministère de la Culture ?
— Je pense que les instances concernées par le livre et les revues culturelles, relevant du ministère de la Culture, peuvent réimprimer les anciens numéros d’Amkéna. Ces numéros pourraient être rassemblés dans un ou deux volumes, pour être vendus à un prix raisonnable. Le ministère a déjà réalisé cette idée, s’agissant d’autres anciennes revues comme Al-Kateb Al-Masri (le scribe égyptien). Il peut aussi acheter dix exemplaires à chaque publication pour l’encourager, comme il faisait dans le temps .
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