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Repenser le Machreq et le Maghreb arabes

Amira Samir, Lundi, 01 octobre 2018

Ayant pour thème « Les Relations entre le Maghreb et le Machreq arabes à travers le passé, le présent et le futur », la conférence tenue la semaine dernière à la Bibliotheca Alexandrina est revenue sur des moments-clés de l’histoire qui lie les deux régions.

Repenser le Machreq et le Maghreb arabes
Ibn Khaldoun

L’une des découvertes de la conférence de la Bibliothèque d’Alexandrie sur les relations du Machreq et du Maghreb arabes était la séance consacrée au Bureau du Maghreb arabe au Caire. Et ce, parce qu’elle a abordé des moments décisifs de l’histoire des deux entités et s’intégrait bien dans la thématique de la conférence, tenue les 24 et 25 septembre : Visions d’une réécriture de l’histoire. La conférence a été organisée par la Bibliothèque d’Alexandrie en collaboration avec le secrétariat général de la Ligue arabe.

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Elle a regroupé une trentaine de chercheurs, penseurs, écrivains et intellectuels arabes en provenance de la Tunisie, du Maroc, d’Algérie, de Syrie, de l’Iraq, de l’Arabie saoudite, de Oman et, bien sûr, d’Egypte. Les questions abordées tournaient autour de la diversité culturelle dans la région arabe ainsi que l’avenir des relations entre l’est et l’ouest arabes. La conférence a également mis en lumière les différents chemins empruntés par les sociétés culturelles arabes à travers les siècles. Quant au Bureau du Maghreb arabe au Caire, il a été le sujet d’un débat animé par l’ambassadeur tunisien Mohamad Ibrahim Al-Hassaïri, qui l’a présenté en tant que symbole de la lutte de solidarité entre le Maghreb et le Machreq.

Pendant les années 1940, Le Caire devient un véritable point de chute pour les leaders maghrébins et les grandes figures de l’indépendance des trois Etats de la région. C’est depuis Le Caire que l’émir Mohamad ben Abdelkarim Al-Khattabi (1882–1963) crée, en janvier 1948, le « Comité de libération du Maghreb arabe » pour faire front contre la colonisation française des trois pays maghrébins. Al-Khattabi trouve refuge au Caire, où il se réunit avec des leaders et des militants du mouvement national maghrébin, afin de trouver la stratégie la plus efficace pour repousser les occupants de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie.

Ce Bureau du Maghreb arabe au Caire avait pour mission la coordination de l’action politique des différents partis nationalistes maghrébins. Les liens politiques entre les directions des mouvements nationaux indépendantistes du Maghreb sont entretenus en Egypte, notamment après la Deuxième Guerre mondiale. Pour expliquer le rôle de l’Egypte à cette époque, un historien algérien, Daho Djerbal, a qualifié Le Caire de « plaque tournante de l’option radicale pour la libération du Maghreb ». La ligne radicale est celle qui appelle au recours à la lutte armée contre l’occupant. « En effet, dans les années 1940 et notamment après la Deuxième Guerre mondiale, les militants et nationalistes maghrébins (marocains, algériens et tunisiens) se réunissent au Caire. Le 1er congrès du Maghreb arabe, organisé pour déloger les Français de leurs terres, s’est tenu au Caire entre le 15 et le 22 février 1947. La majorité des leaders politiques maghrébins ou leurs représentants étaient présents au Caire », a souligné Al-Hassaïri.

Les voyageurs maghrébins

« Les voyages culturels entre le Maghreb et le Machreq », figurait aussi parmi les thèmes les plus intéressants abordés lors de la conférence. Toute une séance a ainsi été consacrée aux voyageurs maghrébins au Machreq arabe. Les récits de voyages de Abdel-Rahman Ibn Khaldoun (né en 1332 à Tunis et mort au Caire en 1406), qualifiant surtout Le Caire, ont été discutés par deux chercheurs. « Le célèbre juriste maghrébin Abdel-Rahman Ibn Khaldoun entame son séjour au Caire en 1382. Sa femme et ses cinq filles périront dans le naufrage du navire qui les amène à Alexandrie. Il continue sa vie au Caire, où il meurt en 1406. C’est lui qui a célébré la magnificence du Caire à l’époque. Historien, penseur et aussi précurseur des sciences sociales, Ibn Khaldoun a aussi séjourné dans plusieurs pays du Machreq arabe, notamment la Syrie et la Palestine », a expliqué Mohamad Mareï, professeur d’histoire syrien.

Les descriptions de l’agglomération du Caire et des villes du Machreq arabe laissées par des voyageurs maghrébins sont très nombreuses. A l’inverse, les voyages du Machreq au Maghreb ne sont pas célèbres. L’Egyptien Hani Hamza a présenté, lors de la conférence, son étude sur le voyageur Abdel-Basset Ibn Khalil (d’origine mamelouke), qui a visité le Maghreb arabe. Abdel- Basset est arrivé d’abord, en 1462, en Tunisie par la voie maritime depuis Alexandrie.

Il a visité aussi l’Algérie, le Maroc et l’Andalousie, où il est arrivé en 1465. Parmi les autres thèmes abordés dans le cadre de la conférence figuraient les réformes des relations entre l’est et l’ouest arabes. Dans le cadre de la séance intitulée « Commerce et économie entre le Maghreb et le Machreq dans le passé, le présent et le futur », les chercheurs et penseurs ont parlé des dimensions économiques et des relations entre le Machreq et le Maghreb. Ils ont aussi abordé l’intégration économique entre les pays des deux régions. Au terme de la conférence, des intellectuels de différents pays arabes ont appelé à consolider les relations entre le Machreq arabe et le Maghreb au niveau des nations. Ils ont aussi appelé la Bibliothèque d’Alexandrie et le secrétariat général de la Ligue arabe à faire de la conférence le début d’une série de conférences en Egypte et dans le reste des pays arabes pour discuter des situations arabes .

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