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Qassem Amin, plus actuel que jamais

Ramy Atta Seddiq, Lundi, 14 mai 2018

A l’occasion du 110e anniversaire de la mort de Qassem Amin (1863-1908), Al-Ahram Hebdo passe en revue les principales oeuvres du grand penseur et réformateur. Audacieux et avant-gardiste, celui-ci s’est notamment beaucoup investi pour l’émancipation de la femme.

Qassem Amin, plus actuel que jamais

Il est vrai que Qassem Amin (1863-1908) n’a pas été le premier dans l’histoire moderne de l’Egypte à revendiquer la libéra­tion de la femme. Il a été précédé par bien d’autres réformateurs. A titre d’exemple, Rifaa Al-Tahtawi, pionnier des Lumières en Egypte et auteur de l’ouvrage de renom Al-Morched Al-Amin Fi Taalim Al-Banate Wal Banine (le guide fiable pour l’apprentis­sage des filles et des garçons), ou encore le grand réformateur copte, le pape Kirollos IV (1854-1861), qui a fondé 5 écoles privées, dont deux pour l’éducation des filles, aux côtés des efforts officiels de Mohamad Ali, le fondateur de l’Egypte moderne (1805-1848). Cependant, Qassem Amin est connu dans les cercles culturels et parmi les intellectuels comme « l’émancipateur des femmes », peut-être parce qu’il était plus audacieux et plus courageux dans ses positions et que ses idées étaient plus amples et plus complexes. On croit entendre aujourd’hui encore son éternelle expression : « La femme, ne sau­ras-tu jamais ce qu’est une femme ! C’est un être humain égal à l’homme ! », qui résume sa position très éclairée vis-à-vis de la femme en tant que composante fonda­mentale de la société. Une position qui lui a valu beaucoup d’attaques et de critiques de certains de ses contemporains, ce qui ne l’a rendu que plus ferme et plus intransigeant face à ses opposants.

De nombreux chercheurs dans l’histoire des idées en Egypte affirment que la produc­tion intellectuelle de Qassem Amin ne s’est pas contentée de la libération de la femme, mais s’est aussi penchée sur d’autres thèmes sociaux cruciaux. Toutefois, la femme figure en tête de liste de nombreux articles et ouvrages de Qassem Amin. Partant de son livre Al-Masréyoune (les Egyptiens), écrit en langue française en 1894 en réponse au duc François-Henri d’Harcourt, aussi écrivain, qui avait publié un ouvrage intitulé L’Egypte et les Egyptiens à Paris en 1893, dans lequel il critique de manière virulente l’islam et les musulmans, ce qui a beaucoup indigné le grand penseur égyptien. Dans son livre, Qassem défend l’Egypte, la culture égyp­tienne et l’islam avec enthousiasme.

Quant à son petit-fils, également appelé Qassem Amin, il a accordé beaucoup d’inté­rêt à traduire le livre de son grand-père en arabe et l’a publié aux éditions Al-Hélal en 1995 dans la collection Le Livre d’Al-Hélal, avec une introduction de l’historien Raouf Abbas. Ce livre Al-Masréyoune a pour second titre : Qassem Amin Wa Mochkélate Al-Roëya Al-Gharbiya Lel Islam (Qassem Amin et le problème de la vision occidentale de l’islam) et est doté d’un commentaire de l’écrivain Ahmad Abbas Saleh.

Des idées toujours au coeur du débat

Tahrir Al-Marä (la libération de la femme), livre de Qassem Amin sorti en 1899, traite de l’éducation de la femme, du port du voile et des dualités femme-nation, famille-mariage, polygamie-divorce. Il a constitué à l’époque un choc intellectuel pour la société égyptienne, puisqu’il renferme des idées jugées trop réfor­mistes. Le livre a suscité de vifs débats et beaucoup d’adversité pour son auteur. Quant à l’ouvrage Asbab Wa Nataëg, Akhlaq Wa Mawaëz (des raisons et des résultats, des moeurs et de la sagesse), il s’agit d’une série d’articles publiés dans le journal Al-Moäyed entre 1895 et 1898 et désignés par l’historien Younan Labib Rezq comme étant 19 contribu­tions importantes sur différents sujets, tels l’argent et les fondements de la pédagogie.

Le dernier ouvrage de Qassem Amin était Kalemat (mots), une anthologie publiée par le journal Al-Garida en 1908. Elle regroupe les citations significatives de Qassem Amin et a été rééditée par le Conseil suprême de la culture en 2009. Si le changement des men­talités et des idées prend de longues années, il importe de souligner que depuis la mort de Qassem Amin, certaines de ses idées restent au coeur du débat, notamment, aujourd’hui, le recul de certains acquis de la femme. A l’occasion du 110e anniversaire de la mort du penseur, nous avons plus que jamais besoin de rééditer son oeuvre dans des éditions accessibles à tous et de rediscuter de ses visions .

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