« L’exposition sur la culture égyptienne organisée à Yinchuan, en Chine, est une illustration des facettes de la vie quotidienne en Egypte », affirme Ahmad Al-Saïd, directeur de la Maison de la sagesse pour la culture et les médias. Il ajoute que le lieu où a lieu l’exposition restera un centre égyptien pour les activités culturelles, touristiques, commerciales et médiatiques. « Il tiendra un rôle d’ambassadeur de la civilisation, de l’histoire et de la culture égyptiennes ». Al-Saïd, qui a reçu un prix du gouvernement chinois pour ses activités culturelles, notamment dans le domaine du livre, explique que le terrain de l’exposition égyptienne s’étend sur 4 500 m2, l’enceinte d’un parc de Yinchuan, alors que la superficie de ses bâtiments atteint quelque 2 200 m2. L’exposition a été baptisée La Belle Egypte ». Evoquant la politique culturelle de la Chine, Al-Saïd estime qu’après avoir atteint la saturation économique, l’Empire du Milieu entendait explorer sa force douce. « La Chine cherche désormais à faire connaître sa culture, à l’instar des Etats-Unis, qui ont inventé la notion du soft power dans les années 1950 et de la France, qui a réussi à avoir une zone d’influence culturelle dans les pays du Maghreb », indique-t-il. Aujourd’hui, c’est au tour de la Chine, et l’Egypte se présente naturellement comme un partenaire idéal dans le domaine culturel, dans la mesure où elle peut constituer une porte d’entrée pour la culture chinoise vers l’Afrique et le monde arabe. « L’Egypte constitue un centre de rayonnement culturel dans tout le Moyen-Orient. Avec ses 100 millions d’habitants, elle représente un potentiel important. Enfin, à l’échelle régionale, l’Egypte compte le plus grand nombre d’étudiants de la langue chinoise », souligne Al-Saïd.
« L’Egypte doit donc accorder beaucoup d’intérêt à cette évolution et construire des ponts de communication culturelle avec la Chine, tant au niveau officiel que de la population », prône-t-il. « Il faut aussi faire en sorte que ce soit un vrai échange, non une invasion culturelle, comme ce fut notre expérience avec les Etats-Unis et l’Europe. En fait, les Chinois cherchent l’échange et y investissent beaucoup. La preuve en est notre exposition culturelle, qu’ils ont financée à hauteur de 100 millions de L.E. », ajoute-t-il encore. « L’Egypte doit en tirer un maximum de soutien pour ses institutions culturelles. Les Chinois s’intéressent beaucoup à l’Egypte et je pense que le meilleur domaine pour profiter de l’échange avec la Chine est celui de la culture. Parallèlement, il faut aider nos intellectuels et journalistes à connaître de plus près la culture et l’expérience chinoises et à faire entendre la voix de l’Egypte dans ce pays », poursuit Al-Saïd.
Maison de la sagesse, lieu d’échange
Concernant la « Maison de la sagesse », créée il y a six ans, Al-Saïd affirme que la jeune institution favorise cet élan. « Un accord conclu entre la Maison de la sagesse et l’Organisme égyptien du livre consiste à profiter de la technologie chinoise pour développer la culture égyptienne, notamment à travers la numérisation des ouvrages édités par la Maison du livre et ceux des archives égyptiennes, de quoi les transformer en produits lucratifs. Sans parler de l’exposition égyptienne en Chine, qui donnera lieu à des accords bilatéraux dans les domaines de la culture et du tourisme. La mission que je me suis donnée est celle de réaliser un rapprochement entre les civilisations égyptienne et chinoise, deux des plus anciennes au monde, à travers la Maison de la sagesse ». Appelé à évaluer la performance des institutions culturelles en Egypte, notamment en ce qui concerne la promotion des livres, Al-Saïd souligne que la séparation de l’édition et de la distribution a été une expérience réussie en Egypte. Il précise : « Les fondations comme Al-Ahram et Al-Akhbar disposent de beaucoup de points de vente, mais il faudra d’importants investissements pour accroître la diffusion à travers tout le monde arabe. La tranche d’âge des 20-30 ans représente les consommateurs les plus importants ; aujourd’hui, il existe une soif de lire et il faut en profiter ». Et de conclure : « L’Etat doit déployer plus d’efforts dans le domaine du livre. Il a une mission de contrôle et d’organisation vis-à-vis des éditeurs, qui ne sont pas tous sérieux. En effet, aujourd’hui, il n’existe pas de moyen de recensement des ouvrages publiés chaque année, parce que l’Union des éditeurs n’est pas le seul organisme qui puisse obtenir un ISBN, ce qui veut dire que tout citoyen peut éditer son livre ».
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